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En brefClimat

Inaction climatique : 260 scientifiques blâment le gouvernement

Parmi les signataires, le climatologue Jean Jouzel, ici à Paris le 20 septembre 2023.

« La défiance grandissante qui s’installe dans notre communauté vis-à-vis du pouvoir politique ne devrait étonner personne. [...] Comme scientifiques, nous pensons que ne pas participer à la légitimation de discours déconnectés du réel est une responsabilité éthique. » Le ton de la tribune est d’une virulence rare, de la part de scientifiques. Signée par 260 chercheurs, dont le climatologue Jean Jouzel, et publiée dans Le Monde le 18 avril, celle-ci dresse une liste implacable de l’inaction écologique délétère du gouvernement français.

La Convention citoyenne pour le climat ? Prometteuse, mais « ces espoirs ont finalement été douchés ». La planification écologique ? Sans cesse repoussée, « dans une nouvelle course de lenteur, à rebours du volontarisme des annonces initiales ». L’annonce de 30 % d’aires marines protégées ? « De fait, il est aujourd’hui démontré que la proportion des eaux nationales réellement protégées, avec un impact effectif sur la biodiversité, ne s’élève qu’à 1,6 % (et seulement 0,04 % dans les eaux métropolitaines, d’après des données de 2021). »

Les chercheurs soulignent que l’enchaînement des « désillusions » et le contraste entre les annonces et l’inaction n’ont fait qu’accentuer la défiance. À l’instar, encore, des « exemptions sans fin » et de la faiblesse des mesures contre la pollution plastique.

Soulignant que « pratiquement tous les signaux sur l’océan et le climat sont au rouge », les auteurs appellent à engager trois mesures fortes pour redresser la barre : renouer avec l’esprit de la Convention citoyenne pour le climat dans une loi Climat et Résilience 2 ; assurer aux aires marines protégées françaises un niveau élevé de protection ; intégrer les plastiques à la liste des entités dangereuses et œuvrer à un traité plastique ayant un réel impact.

« Toujours confiants dans l’élan qu’une nation comme la France pourrait insuffler à la transformation écologique, il nous paraît un devoir professionnel et citoyen de promouvoir des actions comme celles énumérées ci-dessus, concluent-ils. Ne pas en tenir compte continuerait, pour nos dirigeants politiques, de faire monter les risques d’un échec collectif face à l’un des plus grands défis planétaires que l’humanité ait connus. »

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