La nature prend son temps...
comme cette publicité !

Une entreprise américaine gagne des millions en achetant des terrains pour revendre leur accès à l'eau

sécheresse
Evasion vidéo en chargement
Vidéo GEO : Mexico pourrait bientôt être à court d'eau

Après avoir acheté près de 200 hectares de terres dans une petite ville de l'État d'Arizona au bord du fleuve Colorado, la société Greenstone a vendu les droits d'utilisation de l'eau associés aux terrains – pour 24 millions de dollars – à Queen Creek, une banlieue résidentielle de Phoenix (The Guardian).

Partager sur :

La suite sous cette publicité
La nature prend son temps...
comme cette publicité !

Deux millions et demi de mètres cubes d'eau par an : il n'est même pas certain que cette quantité astronomique suffise à étancher la soif de Queen Creek en Arizona. À voir le paysage interminable de vastes villas avec piscine, jacuzzi et gazon vert vif de cette banlieue résidentielle de la tentaculaire capitale Phoenix, on peut effectivement en douter.

Mais ce n'est qu'un début. Cet afflux providentiel, elle le doit à une entreprise qui a eu du flair – et assez peu d'éthique. Une enquête du Guardian (16 avril 2024) révèle que Greenstone Resource Partners LLC a vendu à la municipalité, pour la coquette somme de 24 millions de dollars, les droits d'utilisation de l'eau liés à des terrains situés à Cibola, petite bourgade rurale bordant le fleuve Colorado.

Marge nette : 14 millions de dollars

Depuis juillet dernier, l'eau est propulsée en abondance de Cibola vers Queen Creek, à 320 km, via une canalisation dont la construction est finalement venue concrétiser, après de nombreux recours juridiques, la transaction réalisée entre la société et la ville en 2018.

La suite sous cette publicité
La nature prend son temps...
comme cette publicité !
La nature prend son temps...
comme cette publicité !

Ces quelque 485 acres (196 hectares) de terrains, Greenstone les avait d'abord acquis en 2013 et 2014, soit près de dix ans auparavant, pour un peu moins de 10 millions de dollars. Avec une marge nette s'élevant donc à 14 millions de dollars, cette belle opération cache cependant des dessous bien peu reluisants.

En effet, l'enquête de nos confrères britanniques révèle que la société a "stratégiquement acheté des terres et exercé son influence pour faire avancer l'affaire", et ce, "en exploitant les arcanes des politiques de l'eau qui régissent le fleuve Colorado."

Une influence privée sur les autorités de gestion de l'eau

Il y a d'abord eu la discrétion : l'achat des terrains s'est fait sous le nom de GSC Farm LLC, ce qui n'a donc pas alerté les habitants du coin, pour la plupart fermiers. Si la filiale de Greenstone a certes dans un premier temps loué ces terres à des agriculteurs qui y ont planté des champs de luzerne et de coton, la société attendait en fait de lever certains obstacles administratifs avant de dévoiler ses intentions…

La suite sous cette publicité
La nature prend son temps...
comme cette publicité !

Car chez l'oncle Sam, le processus de vente et de transfert de l'eau peut s'avérer "bureaucratique et compliqué", expliquent nos confrères : "Dans la plupart des cas, une entreprise comme Greenstone doit d'abord convaincre les autres propriétaires fonciers de leur district d'irrigation local d'autoriser la vente. Puis, obtenir l'approbation du département des ressources en eau de l'État et du Bureau of Reclamation des États-Unis, l'agence fédérale qui gère l'eau dans l'ouest du pays."

Mais entretemps, le directeur général et vice-président de Greenstone Mike Malano, ancien agent immobilier basé à Phoenix, s'est fait élire au conseil d'administration du "district d'irrigation et de drainage de la vallée de Cibola" – une organisation quasi-gouvernementale qui supervise la distribution de l'eau pour l'agriculture dans la région, dévoile le Guardian. Le loup était entré dans la bergerie.

La suite sous cette publicité
La nature prend son temps...
comme cette publicité !
La nature prend son temps...
comme cette publicité !

Mieux vaut posséder de l'eau que du pétrole ?

Les responsables qui contestent la transaction de Greenstone devant les tribunaux craignent aujourd'hui que ce précédent n'ouvre littéralement les vannes à de nombreuses autres ventes d'eau, permettant ainsi aux investisseurs de tirer profit de la sécheresse.

"Avec les pénuries actuelles dues au changement climatique, l'eau du fleuve Colorado va devenir très précieuse", explique Rhett Larson, professeur de droit de l'eau à l'université d'État de l'Arizona (The Guardian). "Quiconque comprend cette dynamique se dit : 'Si je pouvais acheter des droits sur l'eau du fleuve Colorado, cela aurait aujourd'hui plus de valeur que de posséder du pétrole dans ce pays'."

Il y a quelques mois, nos confrères britanniques révélaient déjà comment Buckeye, une autre banlieue résidentielle de Phoenix empiétant sur le désert, prévoyait de construire plus de 300 km de canalisations à travers une aire protégée pour acheminer depuis le Mexique de l'eau désalinisée…

Ne manquez aucun article en vous abonnant à GEO sur Google News
Outbrain

THÈMES ASSOCIÉS À L’ARTICLE

Outbrain
La suite sous cette publicité
La nature prend son temps...
comme cette publicité !

À DÉCOUVRIR SUR LE MÊME THÈME

Rebecca Noble/Bloomberg via Getty_Images