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«Je ne pensais jamais vivre vieille comme ça»: en vie depuis 50 ans grâce au rein que son frère lui a donné

Sa greffe dépasse toutes les attentes, près de trois fois plus que la durée de vie moyenne

Monique Beaupré, âgée de 70 ans, vit avec le rein de son frère aîné Jean-Claude depuis 50 ans. Ce dernier est décédé en 2018, mais l’organe qu’il a donné à sa sœur a 92 ans.

Photo Pierre-Paul Poulin

Monique Beaupré, âgée de 70 ans, vit avec le rein de son frère aîné Jean-Claude depuis 50 ans. Ce dernier est décédé en 2018, mais l’organe qu’il a donné à sa sœur a 92 ans.

Une femme de Lanaudière vit depuis maintenant 50 ans avec le rein de son frère, un don d’organe qui dépasse ses plus folles attentes et surprend ses médecins.

«Je ne pensais jamais vivre vieille comme ça, je remercie le ciel», lance Monique Beaupré de Lavaltrie. Si elle n’a que 70 ans, le rein qui lui a sauvé la vie a quant à lui 92 ans.

Pourtant, une greffe de rein a une durée de vie moyenne de 15 à 20 ans.

Cadette de 10 enfants, Mme Beaupré est née avec un seul rein fonctionnel. Puis, après des infections à répétition, la greffe devenait sa seule chance. Elle n’avait alors que 20 ans.

Sur six frères et trois sœurs, quatre étaient compatibles, se souvient-elle. Et c’est l’aîné, Jean-Paul, qui s’est porté volontaire à 41 ans.

«C’était compliqué à l’époque, on t’ouvrait presque la moitié du corps», rigole-t-elle aujourd’hui. Mais l’opération a clairement été couronnée de succès puisque 50 ans plus tard, elle vit avec le même rein donné par son frère.

Ce dernier est décédé il y a six ans, d’un cancer du poumon, mais Mme Beaupré garde l’impression qu’il vit encore en elle.

  • Écoutez la revue de presse commentée par Alexandre Dubé via QUB :
«Extraordinaire»

«C’est extraordinaire [...] C’est la première fois que je vois quelqu’un faire 50 ans avec une greffe de rein. Ça veut dire que le match avec son frère était presque parfait», remarque l’infirmière clinicienne pour le don d’organes et de tissus au Centre universitaire de santé McGill (CUSM), Wendy Sherry.

«Mon médecin m’a dit que j’étais la plus vieille présentement [au Québec]. Je me croise les doigts, mais je vis sur du temps emprunté», reconnaît Monique Beaupré. Elle espère néanmoins pouvoir soutirer un autre 10 ans à son rein.

Lors de la greffe, ses médecins visaient qu’elle ferait 25 ans avec son rein, se rappelle-t-elle. Mais année après année, lors de ses suivis, les résultats de ses tests défiaient les pronostics.

Monique Beaupré

Photo Pierre-Paul Poulin

Elle garde une bonne hygiène de vie et écoute son corps. «Quand je suis fatiguée, je me repose un peu dans mon La-Z-Boy», souligne la septuagénaire.

Le don d’organe lui a permis d’avoir une carrière de préposée aux bénéficiaires, de voyager en VR aux États-Unis et de s’occuper de ses frères et sœurs, puisqu’elle est la dernière de sa fratrie à être encore en vie.

Don vivant

«Ça démontre à quel point le don vivant, ça peut changer la vie de quelqu’un», fait valoir Wendy Sherry, à l’occasion de la Semaine nationale du don d'organes et de tissus.

Cependant, les Québécois restent frileux à donner un rein pendant qu'ils sont encore en vie. «Le don après décès est très accepté, mais le don vivant, les gens sont plus réfractaires», poursuit l’infirmière.

«Les examens sont tellement poussés pour donner un rein vivant, pour s’assurer que la personne qui donne ne met pas en danger sa santé. C’est primordial, ça», dit-elle.

La transplantation du rein

  • 72% des Québécois en attente d’un don d’organes attendent un rein (610 personnes sur 853) au 31 décembre 2023;
  • 317 personnes ont reçu un don de rein en 2023 (49% des personnes en attente), dont seulement 69 en provenance de donneurs vivants;
  • Il y a 485 jours d’attente en moyenne pour les personnes transplantées en 2023;
  • La greffe provenant d’un donneur vivant représente généralement le meilleur traitement: le taux de survie du greffé après 5 ans est de près de 90% et la durée moyenne de fonctionnement de 15 à 20 ans.
  • Le rein est le seul organe qui peut être donné vivant au complet, ainsi qu'une partie du foie.

«On a deux reins, donc on peut en donner un et faire toute la différence», plaide la directrice générale de la Fondation canadienne du rein au Québec, Elsa Desjardins.

Source: la Fondation canadienne du rein

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