Russie : un prêtre sanctionné après avoir prononcé une oraison funèbre pour Alexeï Navalny
Le prêtre orthodoxe russe Dmitri Safronov ne pourra plus conduire d’office religieux pendant trois ans, conformément à un décret signé par le patriarche Kirill, alors qu’il avait prononcé fin mars une oraison funèbre pour Alexeï Navalny, selon un communiqué publié mardi 23 avril par l’équipe de l’opposant.
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Un prêtre ayant prononcé une oraison funèbre pour l’opposant Alexeï Navalny le mois dernier ne pourra plus conduire d’office religieux pendant trois ans, aux termes d’un décret signé par le primat de l’Église orthodoxe russe, publié récemment sur le site du Patriarcat de Moscou.
Outre cette interdiction, le prêtre, Dmitri Safronov, ne peut plus « porter la soutane et la croix », peut-on lire dans ce décret signé par le patriarche Kirill le 15 avril.
Dmitri Safronov, qui officiait jusque-là dans une église du centre de Moscou, exercera désormais les fonctions de sacristain dans une autre église de la capitale russe, selon ce décret, qui ne précise pas les raisons de cette sanction.
« Les raisons de l’interdiction ne sont pas indiquées dans le document (mais nous comprenons bien pourquoi) », a écrit l’équipe d’Alexeï Navalny dans un communiqué partagé mardi 23 avril sur Telegram.
Répression des voix dissidentes
Selon les partisans d’Alexeï Navalny, Dmitri Safronov avait prononcé cette oraison funèbre le 26 mars, soit quarante jours après la mort de l’opposant, conformément à la tradition orthodoxe. Le service s’était déroulé en présence de la famille et de sympathisants de l’opposant, au cimetière moscovite de Borissovo, où Alexeï Navalny est enterré.
Principal ennemi politique du Kremlin, Alexeï Navalny est mort le 16 février dans des circonstances restées troubles, dans une prison de l’Arctique où il était soumis à des conditions de détention particulièrement sévères. Les autorités russes ont affirmé qu’il était mort de causes naturelles, mais les proches de l’opposant les accusent de meurtre.
La répression des voix dissidentes en Russie s’est considérablement accrue depuis le début de l’offensive russe en Ukraine. Des milliers de Russes ont été arrêtés pour avoir manifesté leur désaccord avec l’offensive et des centaines d’entre eux ont été condamnés à des peines de prison. La quasi-totalité des opposants d’envergure sont derrière les barreaux ou en exil à l’étranger.
En janvier, le père Alexeï Ouminski, figure connue pour son opposition au Kremlin et à l’invasion russe de l’Ukraine, a été démis de ses fonctions et convoqué devant le tribunal diocésain de Moscou. Il avait refusé de lire dans sa paroisse une prière du patriarche orthodoxe Kirill « pour la victoire de la Sainte Russie ».
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