Des armes devraient commencer à affluer vers l’Ukraine “d’ici quelques heures”, a promis, mercredi 24 avril, le président américain Joe Biden. Le démocrate a signé le programme d’aide de 95,3 milliards de dollars à Kiev, Israël et Taïwan, validé mardi par le Sénat, réaffirmant le soutien de Washington à l’Ukraine, après des mois d’impasse au Congrès.

La loi, qui prévoit 61 milliards de dollars d’aide militaire et économique pour l’Ukraine, “va renforcer la sécurité de l’Amérique et la sécurité du monde”, a estimé le président américain, en reconnaissant que le processus législatif avait été “difficile”.

Le premier milliard de dollars d’aide à Kiev comprendra notamment des missiles de défense aérienne, des obus, des armes antichar ainsi que des bombes à sous-munitions, rapporte le New York Times.

Le transfert de missiles longue portée, “un changement politique majeur”

Les États-Unis ont également l’intention de livrer aux Ukrainiens des missiles longue portée de type ATACMS, comme ils l’ont d’ailleurs déjà fait, très discrètement, ces dernières semaines, a révélé mercredi le département d’État. D’après un responsable ayant requis l’anonymat, ces missiles ont été utilisés pour la première fois aux premières heures de la journée du 17 avril. Ils ont été tirés contre un aérodrome russe en Crimée situé à 165 kilomètres de la ligne de front ukrainienne.

Ce transfert secret marque un “changement politique majeur au sein de l’administration Biden, qui avait jusqu’à présent hésité à livrer à l’Ukraine des missiles longue portée par crainte d’une escalade”, souligne Axios.

Biden aurait notamment pris cette décision après que la Russie a eu recours, en décembre et en janvier dernier, à des missiles balistiques de longue portée fournis par la Corée du Nord, souligne le Wall Street Journal.

“Réduire les chances d’une grande percée russe”

“La production” de ces armes “puissantes” nécessite aussi “du temps et des composants complexes”, remarque CNN. Or, selon la chaîne américaine, l’administration Biden redoutait d’épuiser ses propres réserves d’armes. “Les États-Unis ont travaillé en coulisses pour répondre” à ce problème, “notamment en achetant davantage de missiles ATACMS et en réapprovisionnant les stocks militaires américains”.

Les observateurs et les responsables occidentaux estiment toutefois que l’envoi de nouvelles armes validé mercredi par le président américain “ne permettra probablement à l’Ukraine que de maintenir le statu quo et non de reprendre son territoire”, analyse le Wall Street Journal. Pour le chercheur américain Mike Kofman, interrogé par le quotidien, le plan d’aide américain “réduit” surtout “les chances d’une grande percée russe”.

“Il va falloir du temps pour sortir du fossé creusé par les six mois d’attente” au Congrès, a lui-même estimé mercredi le conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, Jake Sullivan, tout en avertissant qu’il était “possible que la Russie réalise des avancées tactiques supplémentaires dans les semaines à venir”.