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Santé

La précarité menstruelle, une réalité aussi au Luxembourg

 
Le manque d’accès à l’information, la précarité menstruelle et les tabous persistants autour des menstruations demeurent des réalités préoccupantes. Malgré leur statut de première nécessité, les règles représentent un coût élevé, pouvant atteindre 23.500 euros au cours d’une vie. 

Les étudiants, souvent en première ligne de la précarité.
Les étudiants, souvent en première ligne de la précarité. © PHOTO: Shutterstock

Les règles demeurent un sujet tabou dans nos sociétés, tout comme la précarité menstruelle, souvent reléguée au second plan. Selon le Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP), la précarité menstruelle désigne « les difficultés de nombreuses femmes et filles à se payer des protections hygiéniques à cause de leurs faibles revenus ». 

Le Luxembourg n’échappe pas à cette réalité. « Nous rencontrons de nombreuses femmes souffrant de précarité menstruelle. Les populations qui vont au planning familial sont souvent en situation de précarité », témoigne Ainhoa Achutegui, présidente du Planning familial.  

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D’après le site lapause.jho.fr, une personne menstruée peut utiliser jusqu’à 15.000 protections hygiéniques au cours de sa vie, représentant un coût annuel moyen de 675 euros, et un total de 23.500 euros au cours d’une vie. 

Se nourrir ou acheter des protections hygiéniques ?

Choisir entre manger ou acheter des tampons. Pour les personnes vivant dans la précarité, ces questions se posent, bien que les protections périodiques soient considérées comme des produits de première nécessité.

«Quand on n’a pas assez d’argent, et qu’on est en situation de précarité, on a souvent recours au papier toilette comme protection hygiénique, mais le papier hygiénique n’est pas du tout hygiénique », pointe du doigt Ainhoa Achutegui. 

Pour lutter contre cette précarité persistante, le Planning familial a fabriqué et distribué en 2023 8.000 kits de protection contenant 88.000 serviettes, 80 cups menstruelles et 5.088 tampons. Ces kits ont été directement distribués à la Croix-Rouge, Caritas, Médecins du Monde, ainsi qu’à des femmes sans domicile fixe. 

Les étudiants sont souvent en première ligne de la précarité. Pour lutter contre ce fléau, l’Université du Luxembourg met à disposition des produits menstruels depuis décembre 2021.

Et depuis début 2022, le Luxembourg met aussi des protections périodiques gratuitement à disposition dans certaines toilettes publiques. Walferdange avait été la première commune du pays à prendre cette initiative. 

Des tabous et des préjugés

Malgré des avancées, les tabous et les préjugés persistent autour des menstruations. « Bien sûr qu’il y a un tabou autour des règles, cela se voit notamment dans les publicités télévisées où les règles sont représentées par du liquide bleu », affirme la présidente du Planning familial.

« Des hommes expriment et propagent des préjugés, affirmant que c’est sale, ainsi que des préjugés sur les relations sexuelles pendant les menstruations », ajoute-t-elle. Les règles sont massivement perçues comme une source de stress, voire de honte, notamment pour les jeunes filles. 

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Nous constatons un grand manque d’informations sur les règles. Il faut savoir que 72% des filles ont leurs premières règles avant 13 ans, et que 50% des moins de 13 ans n’ont pas eu d’informations sur les règles.

Ainhoa Achutegui
Présidente du Planning familial

Le manque d’accès à « l’éducation menstruelle » est une autre forme de précarité. « Nous constatons un grand manque d’informations sur les règles. Il faut savoir que 72% des filles ont leurs premières règles avant 13 ans, et que 50% des moins de 13 ans n’ont pas eu d’informations sur les règles », témoigne Ainhoa Achutegui. 

Un manque d’informations

Le Planning familial réclame en priorité des campagnes d’information. « Ce dont nous avons vraiment besoin, ce sont de véritables campagnes d’information : comment utiliser, quand utiliser, quand changer les protections périodiques. Parfois, des femmes gardent un tampon pendant 4 à 5 jours, sans être conscientes des dangers des chocs toxiques ».  

Le problème actuel au Luxembourg est que tous les enfants n’ont pas accès à l’éducation sexuelle et affective, alors que c’est un droit pour tous.

Ainhoa Achutegui
Présidente du Planning familial

« Le problème actuel au Luxembourg est que tous les enfants n’ont pas accès à l’éducation sexuelle et affective, alors que c’est un droit pour tous », dénonce Ainhoa Achutehui.

«Les niveaux d’accès sont très disparates. Certaines écoles font intervenir des associations comme le Planning familial, d’autres assurent elles-mêmes l’éducation, tandis que d’autres encore demandent à être formées par des associations comme la nôtre», précise-t-elle. 

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Selon elle, l’idéal serait de prendre exemple sur le Québec : avoir une éducation sexuelle affective chaque année, en abordant des sujets différents, selon l’âge des enfants. « Il est évident qu’on ne va pas parler des menstruations avec des filles de 14 ans, c’est trop tard. Il faut en parler dès l’âge de 9 ans », ajoute encore la présidente du Planning familial. 

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