«Je reconnais le président-élu de la République du Panama, M. José Raul Mulino», a lancé pour sa part à ses partisans l'ancien consul Ricardo Lombana (centre-droit), arrivé en deuxième position.
José Raul Mulino a lui dit recevoir ces résultats avec «responsabilité et humilité». «Je ne suis la marionnette de personne», a-t-il tenu à souligner lors d'un discours devant ses partisans. Ne pouvant se présenter, l'ex-président Ricardo Martinelli, réfugié depuis le 7 février à l'ambassade du Nicaragua, avait désigné José Raul Mulino, son colistier pour la vice-présidence, comme son successeur.
Le successeur de Martinelli
Trois millions de Panaméens étaient appelés à élire leur président, renouveler les 71 députés du parlement monocaméral et les gouvernements régionaux dans cette élection à un tour et à la majorité simple. La participation a été élevée, à plus de 77%.
L'ombre de l'ex-président Martinelli, un temps candidat à un nouveau mandat mais rattrapé par la justice qui l'a condamné à 11 ans de prison pour blanchiment, a plané sur cette élection. Le milliardaire de 72 ans est également poursuivi pour écoutes téléphoniques illégales et corruption dans le méga-scandale de l'entreprise de construction brésilienne Odebrecht.
José Raul Mulino a lui été ministre de la Sécurité sous le mandat Martinelli, puis ministre des Affaires étrangères et ministre de la Justice. Entre 2015 et 2016, il a été placé en détention provisoire pour corruption, avant d'être libéré pour des erreurs de procédure.
D'ailleurs, après avoir voté, José Raul Mulino s'est rendu à l'ambassade du Nicaragua où il a retrouvé Ricardo Martinelli. Les deux hommes se sont salués d'une accolade chaleureuse, et échangé des «mon frère», «nous allons gagner», selon une vidéo publiée par l'équipe de campagne du parti Realizando Metas (RM), fondé par Ricardo Martinelli.
«Préférer comme président le représentant direct d'un fugitif condamné pour corruption, c'est se prononcer en faveur de la tricherie comme mode de vie et embrasser publiquement la corruption», a déclaré le célèbre chanteur de salsa panaméen Rubén Blades, qui s'est personnellement impliqué dans la campagne.
Un pays en crise économique
Le bilan du président sortant social-démocrate Laurent Cortizo est miné par un déficit de 7,2% et une dette publique de 50 milliards de dollars.
Le futur président et son gouvernement devront faire face à des prévisions économiques en berne avec une croissance chutant de 7,3% en 2023 à 2,5% en 2024, selon le Fonds monétaire international (FMI). Des milliers d'emplois ont été perdus avec la fermeture de la plus grande mine de cuivre à ciel ouvert d'Amérique centrale sur fond de manifestations environnementales et de polémique autour du contrat de concession.
Et le canal de Panama, par lequel transitent environ 6% du commerce maritime mondial, a dû limiter son trafic en raison d'une sécheresse qui a vidé les lacs d'alimentation en eau douce des écluses et remet en question sa pérennité.
Et dans un pays dont le PIB par habitant est l'un des plus élevés d'Amérique latine, le Panama «reste l'un des pays les plus inégalitaires au monde», selon un rapport de la Banque mondiale.