Des migrants dans les Alpes françaises, près de Briançon, en mars 2021. Crédit : Mehdi Chebil pour InfoMigrants
Des migrants dans les Alpes françaises, près de Briançon, en mars 2021. Crédit : Mehdi Chebil pour InfoMigrants

Mardi 7 mai, les secours italiens ont pris en charge plusieurs migrants victimes d’hypothermie au niveau du col de Gimont, dans les Hautes-Alpes, à la frontière entre la France et l’Italie. Dans une région frontalière de plus en plus militarisée, de nombreux exilés tentent de contourner la surveillance policière en empruntant des chemins de montagnes très périlleux.

Un nouvel exemple du danger que représente le passage de cette frontière. Mardi, la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) des Alpes a été contactée par les équipes de secours italiens pour les informer qu’entre "cinq et sept migrants" en état d’hypothermie nécessitaient une aide urgente au col de Gimont, situé à l’est de Briançon dans les Hautes-Alpes, selon les informations de BFM DICI.

"Une caravane terrestre a été mise en place pour leur porter secours mais n'a pas trouvé les personnes", a rapporté la préfecture au média. Car comme l’indique le média local Torino Today, ce sont les pompiers italiens qui sont finalement intervenus pour sauver un groupe de "quatre migrants" bloqués dans cette zone, à 2 400 mètres d’altitude, sur le territoire de la commune de Claviere, en Italie. Le journal italien précise que ces exilés tentaient de rallier l'Hexagone mais ont été arrêtés par le froid et la neige tombée dans la journée.

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Une fois l'alerte donnée, les opérations de sauvetage ont été menées conjointement par l’équipe de secours en montagne de la police douanière italienne, les pompiers, la Croix-Rouge, et les carabiniers italiens.

D’après Torino Today, trois hommes victimes d'hypothermie ont dû être transportés à l'hôpital de Suse, côté italien. Le quatrième est retourné à pied au dortoir d'Oulx, à quelques kilomètres.

Une route extrêmement risquée

Depuis 2016, plus de 25 000 exilés auraient rejoint la France à pied, notamment par le col de Montgenèvre (1850 m) ou de l'Échelle (1762 m). En empruntant les chemins sinueux des Hautes-Alpes, les exilés espèrent contourner plus facilement les patrouilles de police et les garde-frontières.


La frontière franco-italienne dans les Alpes.
La frontière franco-italienne dans les Alpes.


Mais ce passage est extrêmement dangereux, surtout sans matériel adapté. Fin octobre 2023, un migrant avait été retrouvé mort dans la rivière Durance après une chute "accidentelle" alors qu'il venait de traverser la frontière.

Selon l'association Tous Migrants, un autre exilé avait perdu la vie dans un cours d'eau proche, 15 jours avant. Un autre encore est mort le 7 août 2023 "d'épuisement et de froid" par 2 200 mètres d'altitude, sur le territoire de la commune de Briançon. 

Fin mars, les services municipaux de la ville ont de leur côté retiré une stèle de pierre qui avait été érigée par Tous Migrants, en hommage à 12 exilés décédés dans les Alpes. Indignés, les bénévoles de l'ONG avaient dénoncé une mesure visant à invisibiliser les morts à cette frontière.

Surveillance accrue de la zone frontalière

Depuis juin 2023, la France a déployé un important dispositif à la frontière franco-italienne – appelé "border force" – constitué de renforts policiers, de l'appui des militaires de l'opération Sentinelle, de douaniers sur les routes, dans les trains et les gares, ainsi que de drones à caméras thermiques.

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En septembre dernier, le ministère de l'Intérieur a annoncé sa décision de "renforcer" une fois encore les contrôles à la frontière, en augmentant de 500 à 700 des effectifs policiers et gendarmes.

 

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