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Nouveau congé parental: faudra-t-il davantage de places dans les crèches et chez les assistantes maternelles?

La refonte du congé parental, dont les contours ont été dévoilés par Emmanuel Macron, suscite quelques interrogations du côté des acteurs de la petite enfance.

La refonte du congé parental suscite quelques interrogations. Emmanuel Macron a dessiné les contours du nouveau "congé de naissance" sur lequel planche le gouvernement, mieux rémunéré mais largement raccourci (trois mois pour chaque parent, ensemble ou séparément) par rapport au dispositif actuel, qui peut être poussé jusqu'à trois ans.

Or, pour l'heure, ce dernier est appelé à disparaître. De quoi accentuer davantage la pression sur les crèches et les assistantes maternelles, où l'offre peine déjà à satisfaire la demande.

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"Les parents devront obligatoirement retourner travailler" au bout de quelques mois après la naissance de l'enfant, si l'on se rapporte aux premières esquisses de la réforme dressées par l'exécutif, note Véronique Escames, co-secrétaire générale du Syndicat national de la petite enfance (SNPPE).

"On a déjà un problème" de places dans les structures d'accueil des jeunes enfants et "on va encore l'accentuer", souligne Véronique Escames.

Que l'on parle des crèches publiques, privées et associatives, comme des assistantes maternelles à domicile, on manque partout, et largement, de professionnels pour s'occuper des jeunes enfants. Salaires trop bas, conditions de travail… Le secteur de la petite enfance souffre en effet d'une faible attractivité et peine à recruter de nouveaux encadrants. En juin 2023, le gouvernement estimait que pas moins de 49% des crèches manquaient de professionnels.

Déclin des assistantes maternelles

Du côté des assistantes maternelles, premier mode d'accueil en France, la situation est aussi compliquée. La profession décline d'année en année: on dénombre environ 260.000 assistantes maternelles aujourd'hui et 50.000 professionnelles ont quitté la profession en cinq ans. Par ailleurs, "100.000 assistantes maternelles vont partir à la retraite d'ici 2030" et les nouvelles candidates ne sont pas aussi nombreuses, alerte Sandra Onyszko, directrice de la communication de l'Union fédérative nationale des associations de familles d'accueil et assistants maternels (Ufnafaam).

Le pari du gouvernement de relancer les naissances en réformant le congé parental "ne pourra pas marcher sans offre d'accueil", souligne Sandra Onyszko.

Le gouvernement, lui, assure que la réforme du congé parental sera menée en parallèle d'un renforcement de l'ensemble des modes d'accueil, crèches et assistantes maternelles. L'exécutif avait déjà précédemment promis la création de 200.000 places supplémentaires dans les crèches d'ici 2030, dont 100.000 places à l'horizon 2027.

"On est actuellement loin du compte", estime Véronique Escames, rappelant que l'on n'a "pas encore réglé le problème de l'attractivité et de la formation".

D'autant que la réforme est appelée à entrer en vigueur dès la fin de l'année 2025. Mais son contenu pourra encore évoluer dans les prochaines semaines, alors qu'ouvre ce mercredi la concertation avec les différents acteurs de la petite enfance.

Jérémy Bruno Journaliste BFMTV