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« Nous sommes si près de la frontière russe » : l’Estonie se prépare aux pires scénarios

Ce petit État balte, grand soutien de l’Ukraine, multiplie les préparatifs en cas d’élargissement à long terme du conflit en Europe.

Un homme et une femme qui portent un treillis militaire et une arme en bandoulière marchent côte à côte.

Des civils estoniens participent à des entraînements au sein d'une organisation paramilitaire.

Photo : Radio-Canada / Raphaël Bouvier-Auclair

« C’est comme ça que je me repose de ma vie civile », lance à la blague Monica Riivald, arme à la main.

Normalement esthéticienne, cette résidente de Pärnu, une petite ville côtière, a revêtu un treillis militaire pour participer à une grande semaine d’exercices qui a réuni des civils, des membres des forces estoniennes et des représentants de pays alliés de l’Estonie, dont le Canada.

Monica Riivald n’est pas membre de l’armée régulière, mais, comme environ 30 000 de ses concitoyens, elle fait partie d’une organisation paramilitaire, dans son cas la Ligue de défense estonienne.

Nous sommes un petit pays avec une petite population. Tout le monde doit connaître certaines bases, assure-t-elle.

Si ces organisations de défense existent depuis des décennies, elles gagnent de nouveaux membres depuis le début de la guerre en Ukraine, en février 2022.

Kaido Lüll en treillis militaire.

Kaido Lüll, commandant de la Ligue de défense estonienne de Pärnu, explique que les membres de son organisation suivent de près ce qui se passe en Ukraine.

Photo : Radio-Canada / Raphaël Bouvier-Auclair

Guerre en Ukraine

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Un véhicule blindé est en feu, un corps gît dans la rue.

D’habitude, il n’y en a pas autant que ce qu’on voit depuis deux ans, constate Kaido Lüll, un responsable.

Nous apprenons beaucoup de ce qui se passe en Ukraine. Comment se battre dans des villes, quelles sont les techniques mises au point par l’ennemi.

Une citation de Kaido Lüll, commandant de la Ligue de défense estonienne de Pärnu

L’invasion russe de l’Ukraine a aussi poussé les paramilitaires estoniens à apprendre à maîtriser les drones, très répandus en Ukraine.

Entre Tallinn et Moscou, la tension monte

Les renseignements estoniens n’envisagent pas d'affrontement direct imminent avec la Russie compte tenu des effectifs que Moscou doit déployer sur le terrain ukrainien, mais ils estiment que le risque existe à long terme.

Le ton monte d’ailleurs depuis un moment entre Moscou et Tallinn. Ce ton a été qualifié d’hostile par des représentants russes, qui accusent par ailleurs l’Estonie de maltraiter sa minorité russophone, qui représente un peu moins du quart de la population de ce pays.

La première ministre estonienne Kaja Kallas a elle-même été placée sur une liste de personnes recherchées par la Russie en raison de sa décision de déplacer des monuments soviétiques des espaces publics.

Un drapeau ukrainien couvre une grande partie de la façade d'un édifice de cinq étages au centre de Tallinn.

En Estonie, les signes d'appui à l'Ukraine sont nombreux.

Photo : Radio-Canada / Mathieu Hagnery

Cette politicienne, dont le pays a dépensé près de 1,5 % de son PIB en aide militaire à l’Ukraine, appelle régulièrement les autres Européens à en faire davantage en matière de défense.

Les États baltes sont des pays qui nous ont mis en garde contre cette Russie qu’ils connaissent bien, qu’ils ont à leur porte, qui les a occupés pendant un demi-siècle, constate le député français Benjamin Haddad, de passage à Tallinn pour une conférence sur la sécurité.

Entre 1944 et leur indépendance, en 1991, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie ont fait partie de l’Union soviétique.

Apprendre à se mettre à l’abri

Les autorités estoniennes ne font pas qu’avertir leurs voisins européens du danger qu’elles perçoivent : elles s’y préparent concrètement sur le terrain.

La semaine dernière, par exemple, des tests ont été menés sur un système de sirènes destiné à avertir la population en cas d’attaque aérienne.

Avec cette guerre en Europe, nous sentons que la situation est plus dangereuse pour nous.

Une citation de Sten-Patrick Kreek, expert en matière d’évacuation

Sten-Patrick Kreek, un représentant de la Sécurité civile, assure qu’en cas de conflit, il ne faudrait que deux à trois minutes à un missile pour atteindre Tallinn, la capitale estonienne.

Il nous donne donc rendez-vous devant un immeuble de logements de Tallinn hérité de l’époque soviétique, qui vient de profiter d’une aide publique pour aménager un abri dans son sous-sol.

Brett Lemsalu dans un abri sous-terrain qui comporte des tables et des chaises dans une pièce de béton.

Brett Lemsalu est rassurée d'avoir accès à un abri dans son immeuble.

Photo : Radio-Canada / Raphaël Bouvier-Auclair

J’espère que ça n’arrivera jamais, mais si cela devait se produire, nous aurions au moins un endroit pour nous réfugier pendant quelques heures, témoigne Brett Lemsalu, qui demeure dans l’édifice.

Nous sommes si près de la frontière russe, nous serions les premiers touchés s’il arrivait quelque chose.

Une citation de Brett Lemsalu, résidente de Tallinn

Pour l’instant, seuls les propriétaires de 26 immeubles de Tallinn ont profité de l’enveloppe publique pour se doter d’un abri, mais le nombre d'immeubles où on effectue des travaux pourrait bientôt s’accroître considérablement.

Une loi qui pourrait être adoptée dès l'automne prochain exigerait que tous les édifices résidentiels de plus de 1200 mètres carrés soient équipés d’un abri.

Les abris sont critiques pour la sécurité civile si l’ennemi n’attaque pas que des cibles militaires, comme les Russes le font en Ukraine, a déclaré le ministre estonien de l’Intérieur, Lauri Läänemets, au moment de présenter ce projet de loi.

Contrairement à l’Ukraine, l’Estonie est membre à la fois de l’OTAN et de l’Union européenne, ce qui lui confère une protection considérable. Toutefois, cette garantie de sécurité n’empêche pas les autorités estoniennes, comme une partie de la population, de se préparer au pire.

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