POLITIQUE - Le président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone a estimé que "la dissolution est une fausse piste" dans un entretien au Figaro paraissant lundi, tout comme l'avait fait Bruno Le Roux. Jean-Luc Mélenchon, de son côté, a estimé que cela reviendrait à "donner le pouvoir à la droite et l'extrême droite". Au contraire, François Bayrou l'a jugée "envisageable" tandis que Marine Le Pen l'appelle de ses vœux.
"La dissolution est une fausse piste" a affirmé Claude Bartolone, interrogé sur l'éventualité d'une dissolution en cas de "désaccords trop profonds au sein de la majorité". "C'est une idée qui n'existe pas dans le cadre du quinquennat. Nous avons été élus pour cinq ans", a-t-il précisé.
A propos de l'abstention de 41 députés socialistes sur le programme de stabilité, Claude Bartolone a par ailleurs estimé que "depuis ces calamiteuses élections municipales, quelque chose a changé : c'est le retour du Parlement, et les amoureux de la démocratie parlementaire ne vont pas s'en plaindre !" "Nous assistons à la naissance d'un nouvel équilibre entre le gouvernement et le Parlement, avec un PS qui retrouve de la force", s'est réjoui le patron de l'Assemblée.
Le Roux évoque un report des régionales de 2015
Dimanche, le chef de chef de file des députés socialistes, Bruno Le Roux, a lui aussi exclu une dissolution de l'Assemblée nationale mais n'a pas écarté un report des élections régionales de 2015, en cas "d'accélération" des réformes territoriales. Invité de BFM Politique (BFMTV/Le Point/RMC), il a par ailleurs jugé "prématuré" un débat sur une éventuelle primaire socialiste pour la présidentielle de 2017.
"Je ne me pose pas la question, je pense qu'il est complètement prématuré de se la poser, mais si quelqu'un voulait un jour la poser, j'essaierais peut-être de la combattre à ce moment-là, mais je ne fais pas partie de ceux qui disent aujourd'hui qu'il n'y a pas de possibilité de discuter de cela", a-t-il dit. Bruno Le Roux a dit "non" à une dissolution. "Il n'y aura pas de dissolution, il y a une majorité de gauche à l'Assemblée nationale, et cette majorité, pour trois ans, elle est encore installée pour mener les réformes et pour en voir le fruit", a-t-il déclaré.
Interrogé sur un éventuel report d'un an des élections régionales, il a répondu "n'avoir pas entendu parler de ce cas de figure" mais qu'il pouvait "l'envisager si cela correspond à une accélération, et pas à un recul" de la réforme territoriale et de la réduction de moitié du nombre de régions. "S'il devait y avoir une accélération, visant à faire que les départements puissent peut-être plus voir fondre leurs missions à l'intérieur des régions", a-t-il poursuivi, "pourquoi pas ?".
Bayrou juge une dissolution "envisageable"
François Bayrou, président du MoDem, a jugé de son côté qu'une dissolution de l'Assemblée nationale était "envisageable", mais n'aurait guère de sens sans modification préalable des règles institutionnelles. Lors du Grand Jury (RTL/Le Figaro/LCI), le maire de Pau a considéré qu'une "majorité de rechange n'est ni possible, ni souhaitable, ni vivable", alors que 17 députés UDI se sont abstenus face au plan d'économies présenté par Manuel Valls le 29 avril.
Pour l'ex-candidat à l'Elysée, "en effet le gouvernement s'est mis dans une situation dont il ne sortira pas aisément". Mais les centristes "n'ont pas vocation à être la force supplétive" d'un "gouvernement en péril". Une dissolution ? "Ça me paraît quelque chose qui est envisageable", a répondu M. Bayrou, "mais je trouverais que ce serait une décision qui n'aurait pas grand sens si on ne change pas, avant, les règles institutionnelles qui font qu'en France, on se trouve dans l'incapacité d'avoir une majorité réformiste". Cela passe par la proportionnelle. "Pas seulement, mais ça compte", a noté le responsable centriste.
Le Pen demande la dissolution en cas de victoire du FN aux européennes
A l'occasion du traditionnel défilé du 1er mai du FN, Marine Le Pen a pour sa part appelé une dissolution de ses vœux. Cognant contre l'UE et l'"UMPS", elle a donné aux élections européennes un enjeu tout aussi national qu'européen: "Si le peuple français nous place en tête, le président de la République ne pourra pas ignorer le rejet de la construction européenne qui se sera exprimé".
"Les instances de l'Union européenne seront obligées d'interrompre leur course folle. La seule solution sera la dissolution de l'Assemblée nationale, de nouvelles élections législatives, et donc le moyen de changer radicalement la politique nationale", a-t-elle espéré.
"Donner le pouvoir à la droite et l'extrême droite"
Une dissolution reviendrait "à donner le pouvoir à la droite et l'extrême droite, qui sont ascendantes", mais "la base politique de ce pouvoir s'est rétrécie de manière considérable" et "le moment est venu pour les socialistes qui ont décidé de repousser cette politique de constituer un groupe autonome", a déclaré de son côté Jean-Luc Mélenchon lundi sur RTL.
"Constituer une nouvelle majorité, c'est nécessaire, c'est possible, c'est rassembleur pour toute la gauche", sinon, ce sera "une lente agonie qui va durer pendant trois ans" a-t-il ajouté en jugeant que la politique économique menée par le gouvernement était une politique "de droite".