
En images, le "D-Day" ou le Débarquement en Normandie du 6 juin 1944
Il y a tout juste 80 ans, au début du mois de juin 1944, les alliés mettent un point final aux préparatifs du Débarquement, tournant décisif dans la Seconde Guerre mondiale. Autour de Portsmouth et dans tout le sud de l'Angleterre, l’armée britannique attend le signal.
Mais en coulisses, une autre guerre se joue. Entre Winston Churchill et le général de Gaulle, le torchon brûle. Une lettre récemment découverte dans les Archives Nationales de Kew révèle l’inimitié entre les deux hommes. Le contenu de cette missive rédigée de la main du premier ministre britannique, dont le Guardian révèle le contenu, témoigne d’un climat de grande tension.
Churchill dénonce le "caractère odieux" de l'action du général de Gaulle
Invité par Winston Churchill à quelques jours du Débarquement, le général de Gaulle prend l’avion à Alger pour se rendre en Grande-Bretagne. Il est alors informé dans les détails de l’opération à venir. Mais Churchill a des demandes à formuler. Il souhaite notamment que de Gaulle se joigne aux allocations d’Eisenhower, de la reine Wilhelmine et du roi Haakon, prévues au moment du départ de la flotte. Il attend aussi que de Gaulle envoie des officiers de liaison français pour accompagner les troupes alliées en France. Mais le président du Comité français de libération nationale s’y refuse.
Furieux, Churchill lui écrit une lettre sans équivoque. Condamnant "le caractère odieux de l'action [de De Gaulle]", il menace de "faire comprendre au monde que la personnalité du général de Gaulle est le seul et principal obstacle entre les grandes démocraties occidentales et le peuple français, au secours duquel elles viennent, quel qu'en soit le prix".
"J'ai essayé à maintes reprises, pendant quatre ans, d'établir une base raisonnable pour une camaraderie amicale avec vous. Votre action à ce stade me convainc que cet espoir n'a plus lieu d'être", écrit-il encore, reprochant à de Gaulle d’avoir donné ordre aux 120 officiers de liaison français de "déserter l'effort de libération en cours".
"Je ne vois aucune utilité à ce que vous restiez plus longtemps et les avions seront à votre disposition demain soir, si le temps le permet", conclut Churchill.
"NE PAS ENVOYER"
De Gaulle finit par accéder, en partie, aux demandes de Winston Churchill. Il prononce un discours sur le service francophone de la BBC, mais plus tard qu’espéré, et permet à 20 des 120 officiers de liaison français de rejoindre les forces alliées lors de l'assaut des plages de Normandie.
La missive reste donc dans les tiroirs. En haut du brouillon de lettre de Churchill, en lettres capitales et au crayon bleu, il est indiqué "NE PAS ENVOYER". Si elle l’avait été, elle aurait pu avoir un impact désastreux sur la carrière politique du général de Gaulle et son ambition de voir le Comité français de libération nationale devenir le gouvernement provisoire de la France libre.