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Il y a 827.000 millionnaires en France: leur nombre a augmenté plus vite que partout ailleurs en Europe

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Le nombre de foyers français disposant d'un patrimoine de plus de 1 million de dollars a bondi de 50.000 en 2023. Avec 827.000 millionnaires, la France se classe au cinquième rang mondial.

2023 a été un excellent millésime pour les millionnaires dans le monde. Selon l’étude annuelle de CapGemini, le monde comptait en 2023 près de 23 millions de foyers disposant d’un patrimoine de plus de 1 million de dollars (920.000 euros hors résidence principale). C’est 5% de plus qu'en 2022 et même une progression de 70% de plus sur 10 ans.

Ensemble ces millionnaires cumulent un patrimoine record de près de 87.000 milliards de dollars, soit plus de 3 fois le PIB des Etats-Unis.

Près de 23 millions de foyers millionnaires dans le monde, un record.
Près de 23 millions de foyers millionnaires dans le monde, un record. © BFMTV

Une progression qui s’explique principalement par l’envolée des places boursières un peu partout sur la planète dans une frénésie des investisseurs pour l’intelligence artificielle. En France, le CAC 40 a par exemple pris 17% en un an.

Ce qui a contribué à gonfler le nombre de millionnaires français. C’est en France que les riches ont connu la plus belle année en Europe. On dénombre 6,4% de millionnaires de plus sur un an et un patrimoine global qui a cru dans les mêmes proportions.

La France, grande gagnante du Brexit

Selon CapGemini, le nombre de ménages français millionnaires en dollars s'est établi à un niveau record en 2023 à 827.000 soit 50.000 de plus en un an. Une progression plus importante qu'en Allemagne (+34.000), qu'en Italie (+26.000), qu'en Suisse (+26.000), qu'aux Pays-Bas (+18.000), qu'au Royaume-Uni (+16.000) ou qu'en Espagne (+14.000).

La France se situe au cinquième rang mondial pour son nombre de millionnaires selon CapGemini.
La France se situe au cinquième rang mondial pour son nombre de millionnaires selon CapGemini. © BFMTV

La France est le cinquième pays du monde en nombre de foyers millionnaires, loin derrière l'Allemagne ou la Chine, mais désormais largement devant le Royaume-Uni qui en dénombre 200.000 de moins.

Le Brexit n'est d'ailleurs pas étranger à cette envolée française et ce recul britannique. Paris est devenu la solution de repli pour l’élite mondiale bancaire qui souhaite quitter Londres.

"Les institutions financières mondiales déplacent leur direction de haut niveau à Paris pour démontrer aux régulateurs qu'ils les prennent au sérieux, explique Florence Carr, associée basée à Paris au Bureau des services financiers d’EY. C'est l'accumulation de plein de petites choses qui sont attrayantes comme un cadre haut de gamme qui ont donné à Paris un buzz plus grand que les autres endroits, comme le niveau fantastique des écoles internationales ou le fait que vous puissiez monter à bord d'un train et être sur la Côte d'Azur en environ cinq heures."

À cet environnement, il faut évidemment ajouter une évolution favorable du cadre fiscal ces dernières années (suppression de l'ISF, création de la flat-tax...) et un redécollage industriel symbolisé par une attractivité qui ne faiblit. La France est depuis cinq ans en tête des projets d'investissements en Europe.

Vers un transfert historique de patrimoine

Cette accumulation de richesse au niveau mondial ne manquera pas de relancer le débat sur un impôt mondial. Au G20 par exemple, le Brésil et la France poussent pour un impôt minimum de 2% sur les 3.000 milliardaires de la planète qui pourrait rapporter 250 milliards de dollars. Un projet qui n'aboutira peut-être pas, les États-Unis n'y étant pas favorables.

Ce qui adviendra en revanche de façon certaine, c'est la transmission de ce patrimoine colossal avec le vieillissement et la disparition de la génération du baby boom.

En France, les retraités détiennent ainsi 40% du patrimoine total des ménages alors qu’ils ne représentent que 25% de la population.

Cette transmission à venir de patrimoine est appelé "grand transfert" tant le flux financier qui va changer de main est historique. Selon CapGemini, ce sont 80.000 milliards de dollars qui vont être transmis au niveau mondial dans les 20 prochaines années.

Ce qui ne manquera pas d’alimenter le débat dans les années à venir sur le rôle que devra jouer l'État dans ce transfert. Ne pas intervenir davantage qu'aujourd'hui ou canaliser une partie de cette manne pour des transferts sociaux?

Les Français sont en tout cas majoritairement défavorables à une intervention de l'Etat puisque selon un sondage OpinionWay pour Les Echos, près de trois quarts d’entre eux (74%) jugent les droits de succession déjà trop élevés en France et 66% sont favorables à une baisse. Ils ne sont que 11% à souhaiter les augmenter.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco