Le patron d'Alstom, Patrick Kron, a répondu au cours du week-end aux deux courriers de Siemens proposant une alliance entre les deux groupes, a rapporté, lundi 5 mai, la presse allemande, évoquant une lettre aux accents « revêches ».
Dans sa lettre adressée au patron de Siemens, Joe Kaeser, M. Kron prend note de l'offre du conglomérat allemand, qui a proposé de reprendre les actifs d'Alstom dans l'énergie convoités également par l'américain General Electric et de céder au français son activité trains et métros. Mais « avant de répondre à ces lettres je voudrais m'inscrire résolument en faux contre des propos injustes proférés par vos collègues », écrit le patron français, cité par le quotidien allemand Frankfurter Allgmeine Zeitung (FAZ).
Dans un entretien au Monde, le 30 avril, M. Kron avait rechigné durant plus d'une heure à prononcer le nom du groupe allemand, comme si l'industriel allemand n'existait pas, comme si la vente des activités énergie d'Alstom à General Electric (GE) était bouclée.
« UN ÉCHANGE ÉPISTOLAIRE GLACIAL »
Le FAZ précise que le courrier de M. Kron avait des accents « revêches » tandis que le quotidien des affaires Handelsblatt, qui en a également pris connaissance, évoque « un échange épistolaire glacial ».
La direction de Siemens s'était adressée à deux reprises, les 26 et 29 avril, directement à M. Kron pour lui soumettre ses propositions. Dans le second courrier, les responsables de Siemens déploraient l'absence de réaction au premier, et dénonçaient une inégalité de traitement avec le prétendant américain.
Dans sa réponse, M. Kron a précisé s'être entretenu au téléphone avec M. Kaeser, et avoir affirmé que les propositions de celui-ci valaient la peine d'être étudiées plus avant, selon le Handelsblatt. Des conseillers des deux côtés se sont rencontrés, ajoute le courrier, et les conseillers d'Alstom reprendront contact avec Siemens « dès que cela sera possible » pour discuter des prochaines étapes.
Le conseil d'administration d'Alstom s'est prononcé la semaine dernière en faveur de l'offre de GE, alors que le ministre de l'économie, Arnaud Montebourg, ne cache pas sa préférence pour Siemens.
« Le conseil d'administration d'Alstom, reconnaissant à l'unanimité les mérites stratégiques et industriels de cette offre [...], a décidé de mettre en place un comité d'administrateurs indépendants [...] pour procéder, d'ici à la fin du mois de mai, à un examen approfondi de l'offre. »
General Electric s'était félicité que le conseil d'administration d'Alstom ait accueilli « positivement » son offre, ajoutant que le paiement se ferait uniquement « en numéraire » et non par un achat d'actions.
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