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Le Nigeria replonge dans les heures les plus sombres de Boko Haram après une série d’attentats-suicides

Quatre attaques ont eu lieu dans la ville de Gwoza, dans l’Etat de Borno, dans le nord-est du pays, dont certaines menées par des femmes kamikazes.

Le Monde avec AFP

Publié le 01 juillet 2024 à 09h58, modifié le 01 juillet 2024 à 11h22

Temps de Lecture 2 min.

Un homme blessé lors d’un attentat-suicide attend d’être soigné dans un hôpital de Maiduguri, dans l’Etat de Borno, au Nigeria, le 30 juin 2024.

Abubakar Buba assistait à un mariage dans l’après-midi du samedi 29 juin dans la ville de Gwoza, dans le nord-est du Nigeria proche de la frontière camerounaise, quand une « femme tenant deux enfants par la main est entrée ». Puis il y a eu une explosion. Blessé dans cet attentat-suicide, il a été transporté, comme d’autres victimes, dans un hôpital de Maiduguri, la capitale de l’Etat de Borno.

« J’ai entendu une explosion et puis c’était le chaos, des morts et des blessés partout autour », témoigne, dans le même hôpital, Mohammed Amadu, qui était également présent au mariage et qui a eu une jambe cassée par l’explosion.

Ville de près de 400 000 habitants, Gwoza a été le théâtre samedi de quatre attentats-suicides quasi simultanés, dont au moins trois perpétrés par des femmes kamikazes, qui ont fait au moins dix-huit morts et une quarantaine de blessés.

Ces attaques, qui n’ont pas été encore revendiquées, sont venues rappeler douloureusement aux habitants que le groupe djihadiste nigérian Boko Haram représente toujours une menace réelle.

« Pas un épisode isolé »

Très ancré dans cette région du Nigeria frontalière avec le Cameroun, Boko Haram est connu pour avoir utilisé des femmes kamikazes dans sa lutte armée pour établir un califat dans le Nord-Est nigérian à l’encontre de cibles faciles comme des marchés, des écoles, des mosquées, des églises et de grands rassemblements de civils.

Dernièrement, les attentats-suicides s’étaient faits rares au Nigeria, les combattants djihadistes utilisant d’autres modes d’action : kidnappings, tueries, pillages…

Boko Haram s’était emparé de Gwoza en 2014 et l’avait déclarée califat après s’être emparé d’une partie de l’Etat de Borno. La ville a été reprise par l’armée nigériane avec l’aide des forces tchadiennes en 2015, mais le groupe djihadiste continue de lancer des attaques qu’ils orchestrent des montagnes surplombant la ville, à la frontière avec le Cameroun.

Le président nigérian, Bola Ahmed Tinubu, a « fermement condamné les attentats-suicides » dans un communiqué dimanche, y voyant « une claire manifestation de la pression contre les terroristes et des succès enregistrés à affaiblir leurs capacités d’attaques ». « Ces lâches attaques ne sont qu’un épisode isolé », ajoute le chef de l’Etat, qui assure qu’il « ne permettra pas à la nation d’entrer dans une ère de peur, de larmes, de chagrin et de sang ».

Quatre attaques

Arrivé au pouvoir il y a un an, M. Tinubu avait fait de la lutte contre l’insécurité une priorité de son mandat, mais les résultats se font attendre.

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Une première attaque a eu lieu samedi en pleine cérémonie de mariage, lorsqu’une kamikaze a déclenché des explosifs au milieu des invités. Une seconde attaque, aussi menée par une femme, selon les témoignages, a eu lieu peu après au même endroit.

Quelques minutes plus tard, une explosion « d’un autre engin [déclenchée] par une adolescente » s’est produite dans les environs de l’hôpital général de la ville, a ajouté un responsable des services de secours locaux.

Un membre de la milice antidjihadiste qui assiste l’armée à Gwoza a affirmé à l’AFP qu’un quatrième attentat-suicide avait visé un poste de sécurité, tuant trois personnes dont un soldat. Ce bilan n’a pas encore été confirmé de source officielle.

Plus de 40 000 morts en quinze ans

« Cela me renvoie à 2014, quand Gwoza était occupée par ces groupes terroristes », confie à l’AFP Baba Shehu Saidu à l’hôpital de Maiduguri, après avoir perdu cinq membres de sa famille dans l’une des attaques perpétrées samedi.

« La situation est calme, l’armée est dans la ville », a affirmé, dimanche matin à l’AFP, Fatima Musa, une responsable du gouvernement local de Gwoza, qui craint que « les gens continueront à avoir peur ».

Les violences djihadistes, qui durent depuis quinze ans, ont fait plus de 40 000 morts et ont déplacé quelque 2 millions de personnes dans le nord-est du pays.

L’insécurité demeure très forte même si Boko Haram a perdu du terrain ces dernières années, notamment du fait de sa concurrence avec l’organisation Etat islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap), né d’une scission de Boko Haram.

Les combattants djihadistes continuent d’attaquer régulièrement les communautés rurales du Nigeria, tuant les hommes et enlevant les femmes qui s’aventurent hors de la ville à la recherche de bois de chauffage.

Le Monde avec AFP

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