Le journaliste Thomas Sotto, coprésentateur avec Marie Portolano de l'émission "Télématin" sur France 2, est épinglé dans une enquête de Télérama publiée ce mercredi.
En cause, la "pression constante" et le "management vécu comme toxique", écrit le média, qui a contacté une trentaine de personnes.
"Ils sont tétanisés devant lui"
"Thomas, c'est la parole divine. Ils sont tétanisés devant lui", raconte un témoin de premier plan. "Ce ne sont pas ses choix qui sont remis en question, mais ses manières."
Cette "méthode Sotto" est critiquée en interne, notamment pour le choix des invités de l'émission, dont il est le directeur éditorial depuis août.
"On cale un invité, que le rédacteur en chef valide, mais derrière, on annule à la demande de Thomas Sotto. Il y a de sa part de l'irrespect, des colères froides, il dénigre le travail", déplore un ancien.
"Je n'ai jamais vu un animateur dont tout le monde avait aussi peur. J'ai passé des dimanches d'horreur où il annulait l'invité en disant: "Je veux autre chose", sans préciser quoi. J'ai très peu pleuré dans mes boulots mais chez eux, oui, plusieurs fois", ajoute une ex-salariée.
Les réunions de débriefing, après chaque émission, sont également pointées du doigt. "Il n'est jamais satisfait. J'appelle ça le "débrief déglingue"", rapporte un salarié, tandis qu'un cadre assure: "On écoute l'empereur donner ses avis et tirer à boulets rouges, il humilie, c'est dégradant".
Télérama évoque un contexte conflictuel plus global, le syndicat s'étant fendu d'un communiqué dénonçant une "course aux économies", une "organisation qui crée désordre et stress", des "crises de pleurs dans les toilettes, démissions, arrêts maladie".
En octobre, la journaliste Stéphanie Khayat a fait une tentative de suicide, depuis qualifiée d'accident du travail par la justice. "Je bossais six jours sur sept. On me demandait l'impossible. J'ai pourtant prévenu très vite que je ne tiendrais pas. Pour moi, il y a un avant et un après. Ils m'ont bousillée."
"Oui, je peux être exigeant"
Interrogé par Télérama, Thomas Sotto se défend. "Je n'ai jamais entretenu une ambiance de peur, ce n'est pas ma nature. (...) Est-ce que je mets de la pression sur les équipes? Oui, sans doute, parce que cela fait partie de mon boulot."
Le coprésentateur avoue des "débriefs trop durs" à son arrivée en 2021 mais assure avoir "corrigé le tir depuis deux ans". "Oui, je peux être exigeant, de bonne ou de mauvaise humeur. Je suis très franc, je dis les choses les yeux dans les yeux" mais sa porte est "toujours ouverte".
""Télématin", c'est une très grosse machine qui a vécu un choc culturel, fait valoir le directeur éditorial. C'est beaucoup de pression, de fatigue et peut-être chez certains un sentiment d'injustice car personne ne démérite."
Marie Portolano, coprésentatrice de l'émission de France 2 depuis août, décrit un journaliste ultra rigoureux, "sans qui l'émission n'est pas la même: quand il est là, y'a pas d'accroc".
"Télématin" reste le premier programme matinal de France avec 714.000 téléspectateurs en moyenne.
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