Une hygiène respectée dans un cabinet de tatouage ne garantit pas une absence de contamination bactérienne ! Celle-ci peut se trouver directement dans de l’encre de tatouage et maquillage permanent non ouverts, alerte une étude de la Société américaine pour la microbiologie publiée dans la revue Applied and Environmental Microbiology.
Ces bactéries peuvent à la fois être aérobiques (se développent en présence d’oxygène), anaérobiques (se développent en son absence) et anaérobiques facultatives (peuvent vivre en présence et en absence d’oxygène). Ces trois types de bactéries peuvent prospérer sous l’épiderme.
Ces bactéries prospèrent sous l'épiderme
Pour parvenir à ce constat, les chercheurs ont favorisé la croissance de ces trois types de bactérie sur des milieux de cultures nutritifs puis ont incubé ces milieux selon trois groupes : sous oxygène, sous peu d’oxygène et sous quantité d’oxygène atmosphérique.
L’identification des bactéries a été réalisée en récoltant l’ADN bactérien puis en procédant à une multiplication des brins d’ADN par la technique PCR( qui consiste, après extraction de l’ADN, à multiplier ses brins grâce à une enzyme capable de copier le matériel génétique pour obtenir de nombreuses copies d'ADN).
Une fois un nombre suffisant d’échantillons d’ADN atteint, les chercheurs ont procédé au séquençage du gène codant l’ARN de la petite sous-unité du ribosome 16S, un ARN fortement conservé au fil du temps et présent chez tous les êtres vivants possédant des ribosomes (lire l'encadré ci-dessous). Des logiciels informatiques ont ensuite pu identifier les différents taxons (genre, famille, espèce, sous-espèce, etc.).
Le ribosome est une particule permettant la formation de protéines à partir d'ARN messager.
Lire aussiTatouage : des effets bénéfiques ou néfastes sur le système immunitaire ?
Parmi les encres contaminées, 5 sont françaises
Sur 75 échantillons d’encre issus de 14 fabricants américains, 26 étaient contaminés par 22 espèces bactériennes différentes et huit d’entre elles ont été identifiées comme potentiellement pathogènes. Ces infections peuvent aller d’une simple réaction nécessitant un traitement à un choc septique (infection généralisée provoquant une défaillance d'organe et une pression artérielle dangereusement basse) dû à la présence des bactéries dans les vaisseaux sanguins.
La France n'est pas épargnée : cinq encres contaminées testées et vendues aux Etats-Unis sont originaires de l'Hexagone, et l'une d'entre elles contient un taux de contamination parmi les plus élevés !
Lire aussiTatouages : des risques non évalués
"En Europe, 80% de l'encre est contaminée par des bactéries"
Sur l’ensemble des taxons, le plus présent est le Staphylocoque (Staphylococcus spp.), responsable d’infections de degré divers (comme l'abcès ou le choc toxique). Il est suivi par Cultibacterium acnes (qui perturbe le microbiome de la peau et est responsable d’infections comme l’acné) puis Sphingomonas paucimobilis (pathogène responsable de nombreuses infections comme la péritonite).
Cette étude soulève la question de l’efficacité de la stérilisation dans les usines de fabrication d’encre. La présence de contamination bactérienne dans les encres n’est pas rare : "en Europe, 80% de l’encre est contaminée par des bactéries" et "l’encre de maquillage permanent contient plus de contamination bactérienne que l’encre de tatouage", écrivent les chercheurs, qui se veulent tout de même rassurants : "seul 0,5 % à 6 % des personnes tatouées font l’expérience d’une infection microbienne".