Il faudra doubler voire tripler les financements dédiés à la transition écologique en France d'ici à 2030
L’étude sur le financement public de la transition écologique réalisée par l’Institut I4CE estime qu'il faudra doubler voire tripler les sommes consacrées à la transition écologique d'ici à 2030.
Alors que les dépenses publiques en faveur du climat doivent atteindre 32 milliards d’euros en France en 2024, I4CE chiffre à 103 milliards les besoins en 2030, dont un peu plus de la moitié pour l’Etat, sur la base de la SNBC (Stratégie nationale bas carbone) en cours de révision. L’Institut de l’économie pour le climat (I4CE) a chiffré les besoins dans une étude intitulée «Financement de la transition : quelles marges de manœuvre autour du besoin de financement public ?» publiée vendredi 12 juillet 2024.
Est-ce que l’Institut sera entendu, alors que ses estimations sont assez proches du rapport de Jean Pisani-Ferry et Selma Mahfouz, en comparant les mêmes périmètres ? La situation politique n’est pas très porteuse. «Je retiens une campagne pour les élections législatives difficile pour le climat et pour l’écologie, regrette Benoit Leguet, directeur général d’I4CE. Le sujet a été quasiment absent des débats.» Il s’inquiète des risques de blocage. Et de se demander : quelle place pour le climat dans un futur gouvernement ? Le premier crash-test sera le prochain projet de loi de finances, et un accord sur le financement pluriannuel de la transition écologique.
Capitaliser sur la planification écologique
«Il faut capitaliser sur les acquis des deux dernières années, en termes de planification. Avec des outils comme un secrétariat à la planification écologique, une stratégie bas carbone qui reste à adopter formellement, un plan pour l’adaptation qui reste aussi à adopter. Aujourd’hui, les ménages et les entreprises ne perçoivent pas de modèle économique viable pour ces investissements d’où le besoin de soutien public», analyse Benoit Leguet.
Les leviers ne sont pas que budgétaires : il faut aussi renforcer la réglementation, recentrer les aides sur les bénéficiaires les plus modestes, éliminer certaines dispositions fiscales fossiles aux alternatives fossiles, s’appuyer sur les Certificats d’économie d’énergie ou les tarifs des services rendus pour les usagers. En combinant toutes ces mesures, qui reportent les efforts de financement vers les ménages, les entreprises et dans une moindre mesure les collectivités, l’addition serait moins lourde : 39 milliards d’euros dont 18 milliards pour l’Etat.
Deux scénarios pour doubler ou tripler les financements publics
Ces deux scénarios apparaissent dans cette étude menée par Hadrien Hainaut, responsable d'unité panorama des financements climat et transition énergétique et prospective. «Le besoin de financement public est une variable et nous avons voulu insister sur les marges de manœuvre. Qu’est-ce qui se passe si on continue avec les politiques actuelles et qu’est ce qui se passe si on cherche à la modérer.»
Dans cette fourchette de 39 à 71 milliards supplémentaires en 2030, on note une forte progression des dépenses de rénovation énergétique des bâtiments qui passeraient de 7 à 16 ou 40 milliards et le soutien aux ménages qui passerait de 9 milliards à 18 ou 45 milliards. I4CE préconise certaines mesures innovantes. Par exemple, pour les véhicules électriques, limiter les subventions à l’achat en privilégiant la location via les sociétés de leasing et en instaurant des quotas de verdissement. «Il faut que la France s’adapte, prévient Benoit Leguet. Il y a déjà eu assez de consultations. Il faut avancer sur une loi programmatique.»