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Santé

Découverte de nouvelles bactéries transmises à l'humain par les tiques

Surtout connues pour transmettre la maladie de Lyme, les tiques sont aussi porteuses de multiples parasites. De nouvelles bactéries, transmissibles à l'humain, viennent d'être découvertes.

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Une tique sur un brin d'herbe, attendant de se poser sur un hôte qui passerait par là.

Une tique sur un brin d'herbe, attendant de se poser sur un hôte qui passerait par là.

Joël Bricout / Biosphoto / Biosphoto via AFP
Une tique sur un brin d'herbe, attendant de se poser sur un hôte qui passerait par là.
Découverte de nouvelles bactéries transmises à l'humain par les tiques
Coralie Lemke
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On les connaît surtout pour la transmission de la maladie de Lyme. Les tiques, en se nourrissant du sang de divers animaux, peuvent transmettre des agents pathogènes aux humains. Ces acariens peuvent porter de nombreuses bactéries et virus. De nouvelles bactéries transmises par les tiques viennent d’être décrites dans une étude publiée dans la revue Nature Communications. Inconnues jusque-là, elles peuvent être transmises à l’Homme et mettre en danger sa santé.

"Il existe plus de 900 espèces de tiques dans le monde"

"Il existe plus de 900 espèces de tiques dans le monde mais seules quelques dizaines piquent l’Homme et elles sont encore moins à le piquer très régulièrement", explique Olivier Duron, chercheur CNRS spécialisé dans l'écologie des maladies infectieuses et auteur principal de l'étude. Pour suivre la trace des tiques, la recherche a longtemps étudié les animaux hôtes dont elles se nourrissent.

"On a beaucoup étudié les chiens, les vaches, les poules ou les cochons mais la faune sauvage est peu regardée pour mieux comprendre les tiques", ajoute-t-il. Dans l’hémisphère nord, l’animal est très suivi via les animaux domestiques qui nous entourent. "Mais les tiques spécialisées dans les reptiles, les oiseaux marins, les animaux arboricoles comme les singes ou encore les rhinocéros, sont négligées."

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10% d'échantillons positifs

Pour mieux observer l’espèce dans toute sa diversité, l’équipe est partie en Guyane, où elle a collecté des tiques sur plus de 20 espèces d'animaux différentes, du fourmilier au paresseux, grâce à la collaboration de spécialistes de la faune sauvage sur place. Mais de nombreuses tiques attendent aussi dans la nature de trouver un hôte intéressant qui passerait par là. "Pour les récolter, on avance dans la végétation avec de grands morceaux de draps blancs imprégnés de notre odeur corporelle et de notre transpiration. Accrochées à leurs feuilles, les tiques détectent l’odeur et le mouvement puis se laissent tomber dans le drap", décrit Olivier Duron. Il ne reste plus qu’à les ramasser.

Enfin, une collaboration avec l’Institut Pasteur de Guyane a permis de récupérer des organes d’animaux ainsi que des prélèvements sanguins humains à analyser pour trouver de potentiels microbes. Ces prélèvements sanguins issus de l’hôpital de Cayenne proviennent d’une population d’orpailleurs brésiliens. "Ils filtrent l’eau, déforestent et vivent dans la forêt. Or leurs points d’eau sont des gites larvaires à moustiques où circulent le paludisme, la fièvre jaune", explique le chercheur.

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Pour garantir une approche "sans a priori" dans la recherche, l’équipe a évité d’utiliser des outils moléculaires trop spécialisés. "Dans les laboratoires médicaux, il existe des tests très efficaces mais très spécifiques. Ils reconnaissent très bien les maladies que l’on connait mais passent à côté de celles que l’on ne connait pas", précise Olivier Duron. En passant leurs échantillons au séquençage à haut débit, l’ADN a révélé la présence de nombreuses bactéries.

"Mais 99,9% d’entre elles ne nous intéressaient pas car ce sont des bactéries environnementales ou vivant en symbiose avec la tique." En partant plus spécifiquement à la recherche de maladies à tiques, 10% des échantillons sont revenus positifs. Un taux "énorme", qui a surpris les chercheurs. Ces bactéries font partie des branches Anaplasma et Ehrlichia, connues pour affecter soit les globules rouges, soit les globules blancs selon les espèces. En allant encore un cran plus loin dans le séquençage ADN, "nous avons eu la surprise de trouver des espèces inconnues jusque-là", annonce le chercheur.

Trois nouvelles bactéries identifiées

Ces nouvelles bactéries, difficiles à séquencer, ont nécessité un gros travail de bio-informatique. Un véritable défi technique qui a permis de mettre le doigt sur trois nouvelles bactéries. L’une issue d’un paresseux, la deuxième d’une tique et la troisième d’un humain. Celui d’un chercheur d’or tombé malade. D’abord pris en charge dans un dispensaire, il a été hospitalisé à Cayenne durant trois semaines où malgré une batterie de tests, l’hôpital n’a pas réussi à trouver de quoi il souffrait. "Heureusement, un traitement antibiotique l’a traité en l’espace de 15 jours, avant qu’il ne retourne au Brésil", raconte Olivier Duron.

Les maladies à tiques ne sont pas les mêmes dans l’hémisphère nord et dans l’hémisphère sud. Ce ne sont pas non plus les mêmes espèces de tiques qui y évoluent. Mais les zoonoses, les maladies infectieuses qui passent de l’animal à l’Homme, peuvent se produire n’importe où. Qu’il s’agisse de touristes, de forestiers ou de chercheurs d’or, tous sont exposés à ces nouvelles bactéries pour lesquelles le risque de transmission est avéré. "Plus on ira dans ces habitats et plus cela va créer de nouvelles opportunités." Le chercheur insiste sur l’immensité des pathogènes transmissibles qui restent à découvrir. La Guyane, où les travaux ont été menés, ne représente qu’1% de la surface de la forêt amazonienne.

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