États-Unis : l’Iowa interdit l’avortement après six semaines de grossesse
Cette loi prévoit des exceptions en cas de viol, d’inceste, de danger pour la vie de la mère et d’anomalies graves de développement du fœtus. Mais la peur des poursuites pourrait conduire des médecins à refuser de pratiquer des IVG.

La liste des États américains restreignant le droit à l’avortement s’allonge. Une loi interdisant la plupart des IVG (interruption volontaire de grossesse) après six semaines de grossesse est entrée en vigueur dans l’Iowa lundi.
Elle proscrit la majorité des avortements une fois qu’un battement de cœur a été détecté, soit généralement vers six semaines de grossesse. À ce stade, énormément de femmes ne savent pas encore qu’elles sont enceintes, rappelle sur X le planning familial américain.
Iowa’s six-week abortion ban goes into effect today. This is before many people even know they are pregnant.
— Planned Parenthood (@PPFA) July 29, 2024
If you or someone you know in Iowa needs to find care, you can find more information at: https://t.co/lR8fbYiicf
Cette législation avait été promulguée par la gouverneure républicaine, Kim Reynolds, l’année dernière, mais bloquée jusqu’à ce que la Cour suprême de l’État n’intervienne cet été. « C’est une victoire pour la vie », s’est félicitée la semaine dernière la dirigeante.
La loi a plus largement été rendue possible par la fin de la protection fédérale de l’avortement aux États-Unis, décidée il y a un peu plus de deux ans par la Cour suprême américaine. Celle-ci avait été profondément remaniée par le président Donald Trump lors de son mandat.
« Des patientes vont être contraintes de parcourir des centaines de kilomètres »
La loi dans l’Iowa prévoit des exceptions en cas de viol, d’inceste, de danger pour la vie de la mère et d’anomalies graves de développement du fœtus. Mais dans les États ayant mis en place des exceptions similaires, la peur de poursuites a parfois conduit des médecins à refuser d’intervenir même en cas de graves complications.
L’Iowa devient le 18e État avec une interdiction de l’avortement quasi-totale ou après six semaines de grossesse, selon le Center for Reproductive Rights, une organisation de défense du droit à l’avortement. Quelques autres États ont également adopté des limites gestationnelles par exemple à 12 ou 15 semaines. Jusqu’ici, les avortements étaient possibles jusqu’à environ 20 semaines dans l’Iowa, un État du Midwest américain remporté par Donald Trump en 2020.
« Des patientes vont être contraintes de parcourir des centaines de kilomètres, si elles en ont les moyens », pour se rendre dans des États où l’avortement est encore autorisé, a déploré Nancy Northup, présidente du Center for Reproductive Rights.
Autre option pour les femmes : des réseaux militants ou services de télémédecines proposant l’envoi de pilules abortives partout dans le pays, notamment via des médecins se situant dans des États démocrates les protégeant de poursuites. Ces pilules sont approuvées jusqu’à 10 semaines de grossesse par l’Agence américaine des médicaments (FDA).
Kamala Harris s’empare du sujet
« Ce matin, plus de 1,5 million de femmes de l’Iowa se sont réveillées avec moins de droits qu’elles n’en avaient la nuit dernière, à cause d’une nouvelle interdiction de l’avortement trumpiste », a écrit lundi Kamala Harris, probable candidate démocrate à l’élection présidentielle de novembre face au milliardaire républicain.
This morning, more than 1.5 million women in Iowa woke up with fewer rights than they had last night because of another Trump Abortion Ban.
— Kamala Harris (@KamalaHarris) July 29, 2024
In November, we will stop Trump’s extreme abortion bans at the ballot box. pic.twitter.com/nE5HOT0avN
La vice-présidente, qui s’est depuis longtemps emparée du sujet, a lancé lundi une semaine de mobilisation, sa campagne promettant « des dizaines » d’événements dans les prochains jours. En mars, elle s’était notamment rendue dans une clinique du Planning familial pratiquant des avortements, une première pour un(e) vice-président(e) en exercice selon la presse américaine. « En novembre, nous ferons barrage dans les urnes aux interdictions extrêmes de Trump en matière d’avortement », a-t-elle ajouté lundi.
Depuis la décision de la Cour suprême, la défense de l’avortement a offert des victoires locales aux démocrates lors de scrutins portant sur cette question, même dans des États plutôt acquis aux conservateurs, comme l’Ohio ou le Kansas. Les démocrates espèrent que le sujet les aidera aussi en novembre pour convaincre des électeurs à se mobiliser contre Donald Trump - qui a récemment adouci sa position sur la question.