Poutine affirme, dans un sourire, « soutenir » Harris à la présidentielle américaine

Vladimir Poutine a déclaré jeudi que le président américain Joe Biden « avait recommandé à ses électeurs de soutenir Mme Harris, donc nous la soutiendrons aussi », lors d'un forum économique à Vladivostok, le 5 septembre 2024.
Photo : Reuters / Vyacheslav Prokofyev
Le président russe Vladimir Poutine a assuré jeudi, non sans sarcasme, « soutenir » la candidate démocrate Kamala Harris pour la présidentielle américaine de novembre, au lendemain d'accusations d'ingérences électorales formulées par Washington et rejetées par Moscou.
La Maison-Blanche a réagi en intimant à Vladimir Poutine d'arrêter de se mêler
de cette présidentielle, alors que Moscou est déjà accusé d'ingérence lors de précédents scrutins aux États-Unis et en Europe.
Les autorités américaines ont pris mercredi des mesures, dont des poursuites pénales et des sanctions, pour ces tentatives d'influer
sur le résultat de l'élection présidentielle du 5 novembre qui oppose Mme Harris à l'ex-président Donald Trump.
Le renseignement américain avait déjà conclu à des ingérences russes lors des scrutins présidentiels en 2016 et en 2020 pour favoriser le candidat républicain Donald Trump, ce que l'intéressé conteste catégoriquement et que la diplomatie russe a démenti.
Sans répondre directement à ces accusations, Vladimir Poutine a déclaré jeudi que le président américain Joe Biden avait recommandé à ses électeurs de soutenir Mme Harris, donc nous la soutiendrons aussi
, lors d'un forum économique à Vladivostok.
Deuxièmement, elle a un rire si expressif et contagieux que cela montre qu'elle se porte bien
, a-t-il ajouté. Le rire de Kamala Harris est très souvent moqué par les conservateurs américains, Donald Trump en tête.

Vladimir Poutine et Donald Trump lors du sommet du G20 à Osaka, au Japon, en 2019. (Photo d'archives)
Photo : Reuters / Kevin Lamarque
Le président russe a estimé que le candidat républicain Donald Trump, ancien locataire de la Maison-Blanche de 2017 à 2021, avait imposé plus de sanctions à la Russie qu'aucun président
avant lui, et que Kamala Harris s'abstiendrait peut-être de faire ce genre de choses
.
Mais au bout du compte, le choix revient au peuple américain
, a indiqué Vladimir Poutine.
Les seules personnes qui devraient déterminer qui sera la ou le prochain président des États-Unis sont les Américains et nous apprécierons grandement que M. Poutine, petit a, arrête de parler de notre élection, et, petit b, arrête de s'en mêler
, a répliqué le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche, John Kirby, à des journalistes.
Le dirigeant russe commente régulièrement, et d'un ton volontiers moqueur, la politique et la société américaines.
En février, il avait jugé que Joe Biden, alors pressenti pour devenir le candidat démocrate, était plus prévisible
et plus expérimenté
que Donald Trump.
Poutine accusé de brouiller les pistes
Ces déclarations avaient toutefois été accueillies avec scepticisme par des observateurs américains, selon lesquels Moscou aurait une préférence pour le milliardaire américain, car ce dernier pourrait notamment réduire l'aide à l'Ukraine. M. Poutine est ainsi suspecté de vouloir brouiller les réelles intentions russes en feignant un soutien aux démocrates.

Kamala Harris, qui remplaçait Joe Biden lors du Sommet pour la paix en Ukraine, a discuté avec le président Zelensky dans le cadre de rencontres bilatérales. (Photo d'archives)
Photo : Reuters / ALESSANDRO DELLA VALLE
Donald Trump a par le passé exprimé son admiration pour le président russe et a maintes fois prétendu qu'il réglerait en 24 heures
le conflit entre la Russie et l'Ukraine.
Il s'est au cours des derniers mois montré très critique des milliards de dollars dépensés par les États-Unis pour soutenir Kiev face à l'offensive de Moscou.
Kamala Harris, au contraire, a promis fin août qu'elle se tiendrait fermement aux côtés de l'Ukraine
.
Washington accuse la Russie d’ingérence
Mercredi, les autorités américaines ont pris une série de mesures, entre autres contre des responsables du média russe RT, répondant selon elles à des tentatives d'ingérence dans les élections de novembre qu'elles imputent à la Russie.
Vladimir Poutine était au courant
de ces opérations d'ingérence électorale, a affirmé la Maison-Blanche.
La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a jugé jeudi que les mesures prises contre des responsables de RT faisaient partie d'une campagne d'information […] qui a été préparée de longue date et qui est nécessaire à l'approche de la dernière phase du cycle électoral
.

Le secrétaire à la Justice Merrick Garland (au centre) a accusé la Russie de vouloir s'ingérer dans les élections de novembre prochain.
Photo : Getty Images / Andrew Harnik
Elle a assuré que Moscou préparait bien évidemment
une réponse à ces nouvelles sanctions à même de faire frémir tout le monde
, dans un entretien à l'agence de presse d'État Ria Novosti.
Les autorités américaines n'ont pas clairement indiqué à quel camp, démocrate ou républicain, ces ingérences supposées dans la campagne auraient profité.
Le secrétaire américain à la Justice, Merrick Garland, s'est borné à dire que, selon l'analyse des services de renseignements, les préférences de la Russie n'avaient pas changé par rapport à la dernière élection
, semblant insinuer que Moscou poussait le candidat Trump.
Consultez notre guide des élections américaines pour tout savoir sur le scrutin historique à venir cet automne.
Ces annonces se produisent à un moment où les relations entre la Russie et les États-Unis sont glaciales et ne font qu'empirer depuis l'offensive russe en Ukraine en février 2022.
La diffusion de RT, lancé en 2005, a été largement restreinte ou interdite par les pays occidentaux, qui l'accusent de tenter de déstabiliser leurs démocraties en diffusant de fausses informations.
La chaîne RT a tourné en dérision les dernières accusations américaines, évoquant le retour des clichés éculés de 2016
.
La présidentielle américaine de 2016 avait porté Donald Trump à la Maison-Blanche, qu'il a quittée après avoir perdu face au démocrate Joe Biden en 2020.
Les relations avec la Russie sont devenues un point de clivage partisan aux États-Unis, une évolution impensable il y a plusieurs décennies lorsque l'Union soviétique était considérée comme représentant la principale menace pour la plupart des Américains.
Certains conservateurs américains voient le président russe comme le gardien de valeurs chrétiennes traditionnelles, notamment sur la question des droits des personnes LGBTQ+.