Vladimir Kara-Murza, libéré de prison en Russie l'été dernier, est en France pour plusieurs jours. À l'occasion d'une conférence à Paris, il a confié sa parole, rare, celle de l'un des plus importants prisonniers politiques russes de ces dernières années.
Condamné en Russie en avril 2023 à 25 ans de prison pour s’être exprimé librement sur la guerre en Ukraine, Vladimir Kara-Mourza, 43 ans, a fait partie, cet été, du plus grand échange de prisonniers entre la Russie et les pays occidentaux depuis la Guerre Froide. Au total, 16 personnes détenues en Russie et au Bélarus ont ainsi été libérées, en échange de 8 prisonniers russes, parmi lesquels des espions. En liberté depuis un mois, Vladimir Kara-Mourza, est à Paris depuis quelques jours. Il s'est exprimé devant d'autres Russes en exil lors d'une rencontre organisée par Free Russia Foundation, Russie-Libertés, Espace Libertés et Reforum Space Paris.
Lui, qui a survécu à deux tentatives d'empoisonnement puis aux pires geôles de Vladimir Poutine, dit entamer une troisième vie. Mais l'opposant, resté à l'isolement pendant deux ans et demi, n'a rien perdu de sa liberté d'expression : "Il ne faut pas oublier ceux qui sont en prison en Russie et au Bélarus. Il est inacceptable qu'en Europe, au XXIe siècle, des gens soient en prison avec des peines plus lourdes que des meurtriers, pour avoir simplement dit ce qu’ils pensent !", dit-il.
Pousser l'opposition russe à s'unir
Le journaliste et historien en est persuadé : tôt ou tard, le régime actuel va s’effondrer. "Nous savons très bien et notre histoire en atteste, qu’en Russie, les changements politiques peuvent se produire en un claquement de doigts. Quand personne n’attend, quand personne n’est prêt et qu’on pense que c’est impossible. Et c’est ce qui va se passer avec le régime de Poutine", prédit-il.
Ce polyglotte, qui a appris l’espagnol dans sa cellule - pour ne pas devenir fou, dit-il - poursuit, dans un français parfait, cette fois : "Qu'est-ce qui peut être pire qu'un dictateur, un assassin, avec une bombe nucléaire, qui détruit un pays paisible au milieu de l'Europe, en tuant des civils et des enfants ? Qu'est-ce qui peut être pire que ça ?". Sous les applaudissements, Vladimir Kara-Mourza appelle l’opposition russe à s’unir. Il vient de rencontrer l’ancien prisonnier et oligarque Mikhaïl Khodorkovski, ou encore, la veuve d’Alexei Navalny, Ioulia Navalnaia. C’est tous ensemble, dit-il, qu’un jour peut-être, nous pourrons faire renaître la Russie de ses cendres.
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