Des militantes rejointes par des associations féministes appellent à manifester ce samedi 14 septembre, en soutien à Gisèle Pelicot, droguée par son mari avant de subir des viols commis par des inconnus. Absent pendant deux jours pour raisons médicales, Dominique Pelicot, principal accusé au procès des viols de Mazan, a été de nouveau dispensé d'audience ce mercredi 11 septembre. La veille, les propos d’un avocat de la défense estimant qu’ « il y a viol et viol » ont provoqué l’indignation.

© Laurent Coust/ABACAPRESS.COM
Des rassemblements sont organisés samedi 14 septembre en soutien à Gisèle Pelicot et à l’ensemble des victimes de viols. Désormais septuagénaire, elle a subi des viols pendant dix ans sous soumission chimique, droguée par son mari Dominique Pélicot, 71 ans aujourd’hui. Au total, 51 hommes âgés de 30 à 74 ans sont sur le banc des accusés au procès des viols de Mazan.
Les associations féministes Noustoutes et La Fondation des Femmes ont indiqué au quotidien Libération se joindre à l’appel à rassemblements dans toute la France lancé par des militantes. « 91 % des viols surviennent dans l’entourage. Les victimes sont vos amies, vos femmes, vos sœurs, vos mères, vos grands-mères. Les auteurs sont vos amis, vos maris, vos frères, vos grands-pères », écrit l’une des co-instigatrices du rassemblement (aux côtés de Mathilde Caillard et Blanche Sabbah), la féministe Anna Toumazoff, dans un message posté sur X (ex-Twitter). « Ne soyez pas comme ceux qui n’ont rien dit, choisissez votre camp, rejoignez-nous ».
Sous l’une de ses publications Instagram, des rassemblements partout en France sont notés, comme à 14 heures à Marseille (Bouches-du-Rhône) devant Palais de Justice, mais également à Rennes (Ille-et-Vilaine), Place de la République, mais aussi à Montpellier (Hérault) sur la Place de la Comédie, ou encore à 18 heures à la Fête de l’humanité, au Plessis-Pâté (Essonne).
« Les faits sont perpétrés sur une personne inconsciente »
Alors que le principal accusé au procès s’était absenté deux jours pour raisons médicales, « l’un des plus grands prédateurs sexuels » comme l’avait qualifié Caroline Darian, la fille de Dominique et Gisèle Pélicot, a été de nouveau dispensé d’audience, ce mercredi 11 septembre.
La veille, face aux soucis médicaux de Dominique Pélicot, qui souffrait de douleurs intestinales, le président de la cour Roger Arata avait ordonné une expertise médico-légale, envisageant même de suspendre ce procès entamé le 2 septembre et prévu pour durer quatre mois, « le temps que son état s’améliore ».
Ce même jour, mardi 10 septembre, les propos d’un avocat de la défense Guillaume De Palma à la fin de l’audition de l’un des directeurs d’enquête de la police judiciaire d’Avignon Stéphan Gal, qui a mené les investigations sur Dominique Pelicot et l’ensemble des coaccusés, ont suscité un tollé.
« Vous avez déclaré qu’il s’agissait avec certitude d’une scène de viol », a pointé l’avocat, selon franceinfo, concernant les vidéos de deux des accusés qu’il représente. « Cette certitude n’était-elle pas un peu hâtive ? », a-t-il demandé au policier. « Pour préparer ce procès, j’ai revisionné les vidéos, à froid. C’est toujours le même ressenti : il n’y a pas de consentement, les faits sont perpétrés sur une personne inconsciente », a répondu le policier, prenant en exemple pour appuyer son argumentation, les affaires de règlements de comptes.
« Dans ce cas, le suspect est poursuivi pour meurtre. Il y aura un procès, mais le terme ”meurtre” est employé », avant même que l’affaire soit jugée « et ce n’est pas choquant pour autant », estime-t-il. L’avocat acquiesce, mais il glisse : « Il y a viol et viol et, sans intention de le commettre, il n’y a pas viol. »
Des mots « insupportables »
La crispation est palpables du côté des parties civiles, rapporte encore franceinfo tandis que la défense déplore ensuite que des clichés intimes (et consentis) de Gisèle Pelicot n’aient pas été versés au dossier. Un sous-entendu fallacieux selon lequel, en acceptant d’être prise en photo par son mari, elle aurait donné un accord tacite. Certains des accusés prétendant avoir cru que la victime se prêtait volontairement à un « jeu libertin ».
C’en est trop. Les avocats des parties civiles, Stéphane Babonneau et Antoine Camus, essaient en vain de s’exprimer. Le président refuse. « C’est une honte ! », lance Caroline Darian, la fille de Dominique et Gisèle Pelicot qui sort, furieuse.
Suite à ses propos, l’avocat de la défense Guillaume De Palma a tenté de se justifier à la sortie de l’audience. « À partir du moment où, effectivement, il y a une intention coupable, à partir du moment où on arrive à apporter la preuve du fait que la personne qui a commis les actes avait conscience de commettre des actes de viol, il y a viol. Si non, il n’y a pas viol », déclare-t-il.
De son côté, si Antoine Camus a insisté sur le fait qu’il n’y avait pas « à transiger avec les droits de la défense » et que la « présomption d’innocence devait être exercée jusqu’au bout », l’avocat a critiqué « une forme de gratuité dans la violence infligée » à sa cliente par les mots « insupportables » employés par l’avocat de la défense.
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