L’éducation à la sexualité, une obligation largement oubliée par l’État, alerte le Cese

Le Conseil économique, social et environnemental alerte dans un avis récent sur le non-respect par l’État de ses obligations envers les jeunes dans ce domaine.

Il y a quelques semaines déjà, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) alertait sur la baisse de l’utilisation des préservatifs chez les adolescents, avec un risque accru d’infections sexuellement transmissibles et de grossesses non désirées.

Cette fois, c’est le Conseil économique, social et environnemental (Cese) – la troisième assemblée constitutionnelle de la République – qui pointe l’importance du droit à l’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle (Evars) face au manque criant du respect de cette obligation et à ses graves conséquences sociales, sanitaires et financières.

Seuls 15 % des élèves bénéficient des trois séances annuelles obligatoires

Le 10 septembre, le Cese adoptait en séance plénière son avis baptisé « Éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle » avec 119 voix pour (sur 175). « Ce sujet questionne profondément notre rapport à l’enfant dans nos sociétés et aux différents systèmes de domination auxquels il est soumis », observe le Cese, qui estime que la culture de l’infantisme, qui désigne un ensemble de discriminations et de préjugés dirigés contre les enfants et les adolescents, « imprègne la société tout entière et doit faire l’objet d’un examen critique pour être mise à distance face à ses conséquences importantes ».

Le constat est sans appel. Malgré une loi de 2001 imposant trois séances annuelles d’éducation sexuelle tout au long de la scolarité, on estime que moins de 15 % des élèves en bénéficient et que 25 % des établissements scolaires ne les ont jamais mises en place. Afin de dégager une vingtaine de préconisations prioritaires, le Cese a consulté des citoyens, des associations, des jeunes et des acteurs de la jeunesse.

Pour combattre l’infantisme, il suggère, entre autres, d’organiser un débat de société en demandant au gouvernement de présenter au Parlement un rapport d’évaluation sur les violences subies par les enfants. De même, il propose de mener une grande enquête nationale auprès des jeunes en situation de handicap pour recueillir leurs attentes concernant l’Evars.

Une multitude de propositions pour améliorer la situation

Le Conseil recommande aussi de financer les producteurs de contenu dédié à l’Evars et de mieux promouvoir ces contenus. Renforcer le soutien à la parentalité en dépassant le cadre médico-social et en proposant systématiquement des rendez-vous individuels autour des besoins et des droits de l’enfant fait aussi partie des préconisations, tout comme créer un plan de formation ou une incrimination pénale sanctionnant l’entrave au droit des enfants à bénéficier d’une Evars.

Enfin, le Cese recommande que du temps soit impérativement dédié à l’enseignement de l’Evars dans les établissements scolaires. Il propose la mise en place d’une « éducation aux compétences psychosociales et à l’égalité », où un enseignant dédié favorisera des interventions extérieures de professionnels et d’associations agissant en lien avec les aspects de l’Evars. « Cette formation devrait correspondre à un volume horaire d’au moins 30 heures dès le collège », estime-t-il.

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