Mais « sur le long terme, et malgré des soubresauts conjoncturels, le vote de gauche a sensiblement diminué au profit du centre et de la droite » et le vote d’extrême droite « n’a cessé de s’affirmer », insiste-t-il. En témoigne le résultat « historique » du RN au second tour des élections législatives avec 36 % des votes chez les fonctionnaires d’État, 39 % chez les agents des collectivités et même 41 % dans les hôpitaux.
Aux élections européennes du 9 juin, les partis de gauche avaient recueilli 37 % des suffrages des agents publics, contre 40 % pour les droites (dont 33 % pour la seule extrême droite), constate le chercheur en exploitant les enquêtes électorales du Cevipof, le centre de recherche politique de Sciences Po Paris. Enfin, au premier tour des législatives, de 30 % (fonctionnaires hospitaliers) à 34 % (fonctionnaires territoriaux) des agents publics ont privilégié un parti de gauche.
L’alignement des gauches pour responsable
Alors que la liste PS-Place publique de Raphaël Glucksmann avait aspiré les suffrages d’ex-électeurs macronistes ou de la gauche radicale aux européennes, aux législatives, « l’alignement des gauches sur le leadership de La France insoumise au sein du Nouveau Front populaire a pu rebuter un électorat social-démocrate préférant voter pour des candidats macronistes », analyse Luc Rouban.
« On remarque notamment que les enseignants, qui avaient voté aux européennes à 51 % pour des listes de gauche ou écologistes, ne votent plus au premier tour des législatives qu’à 44 % pour des candidats de gauche alors que la proportion de ceux qui préfèrent le macronisme est passée dans le même temps de 17 % à 26 % », détaille le chercheur.