Les forages pétroliers de Total dans le Parc national des Murchison Falls, en Ouganda, menacent la biodiversité et les écosystèmes locaux. Selon un rapport d’AFIEGO publié par les Amis de la Terre jeudi 19 septembre, il est urgent de stopper l’activité pétrolière dans ce parc naturel et de réaliser d’avantage de recherches.

© Patrick Onen/XINHUA-REA
TotalEnergies, en partenariat avec le gouvernement Ougandais et une société chinoise, a entrepris l’exploitation des réserves pétrolières du pays de l’Afrique des grands lacs, à travers les projets « Tilanga », « Kingfisher » et EACOP (East African Crude Oil Pipeline).
En plus du scandale humain découlant de la violente répression des opposants aux projets, les forages pétroliers menacent la biodiversité du Parc national des Murchison Falls, en Ouganda, alerte un rapport d’AFIEGO (Africa Institute for Energy Governance, Institut Africain pour la gouvernance énergétique en français).
L’étude, publiée par les Amis de la Terre – partenaire de l’association locale -, met notamment en garde contre l’impact sur de nombreuses espèces animales (éléphants, antilopes et certaines espèces nocturnes), mais aussi sur des zones humides nécessaires à la pêche des habitants.
« Le parc national de Murchison Falls est en train de mourir »
Malgré les inquiétudes des communautés vivant sur les territoires ciblés par les compagnies pétrolières, des écologistes, des experts, des acteurs du secteur du tourisme et de la société civile, les forages pétroliers ont débuté en juin 2023 dans le parc national ougandais.
À peine 15 mois plus tard, les auteurs du rapport constatent « un développement rapide des dix plateformes de forage et du défrichage en vue de la construction de routes, ainsi que du réseau d’oléoducs » traversant la zone appelée localement parc national de Kabalega. L’étude, enrichie de nombreux témoignages de personnes travaillant, vivant ou étudiant sur place, pointe l’impact négatif sur la faune locale.
Les vibrations des appareils de forage sont par exemple « ressenties par les éléphants, qui s’éloignent de plus en plus du parc pour aller vers les communautés environnantes », dévastant les cultures et mettant en danger les habitants. D’autre part, les personnes interrogées expliquent que « la tour de forage du projet pétrolier Tilenga est responsable de l’augmentation de la pollution lumineuse », perturbant le mode de vie des espèces nocturnes. Les routes construites pour développer les infrastructures ont également conduit à l’intensification du trafic motorisé, exposant la faune au braconnage, aux accidents routiers et à la pollution sonore et atmosphérique.
Enfin, deux plateformes pétrolières sont situées à seulement quelques centaines de mètres du delta du Lac Albert et d’un site appelé « Ramsar ». Ces deux zones sont primordiales dans la préservation de l’écosystème aquatique. Leur mise en danger mettrait également en péril les habitants vivants de la pêche.
« Le parc national de Murchison Falls est en train de mourir et la combinaison des effets du changement climatique, du braconnage et des activités pétrolières en est directement la cause », s’inquiète une des personnes interrogées.
Pour protéger le parc et conserver la biodiversité, le rapport recommande l’arrêt des activités pétrolières sur le territoire du parc, la réalisation d’évaluations par l’UWA (« Uganda Wildlife Authority », autorité nationale de la vie sauvage) et la formulation de recommandations « pour relever d’autres défis tels que le braconnage et le changement climatique ». Si la santé économique du pays est un enjeu majeur, l’AFIEGO préconise d’investir dans les énergies propres, l’agroforesterie, le tourisme et l’agriculture biologique.
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