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Entreprise

Comment Elise Lucet a surchauffé l'ambiance à l'AG de Sanofi

L’entrée de Patrick Kron au Conseil d'administration et la rémunération du DG Chris Viehbacher ont créé des remous parmi les petits actionnaires.
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Christophe Viehbacher, le PDG de Sanofi
Christophe Viehbacher, le PDG de Sanofi, lors de l'assemblée générale des actionnaires ce lundi 5 mai 2014.
ROMUALD MEIGNEUX/SIPA

L’ambiance était plutôt sérieuse, presque soporifique, ce lundi 5 mai lors de l’assemblée générale du groupe Sanofi lorsque tout à coup, les interventions de plusieurs participants ont eu pour effet de réveiller l’assistance et même de créer une ambiance survoltée.

Dès le début de la session de questions-réponses, plusieurs petits actionnaires se sont émus qu’on leur propose de nommer Patrick Kron, le PDG d’Alstom comme nouveau membre du conseil d’administration de Sanofi.

"Vous proposez la nomination de M. Kron, on peut se demander s’il est à la fois qualifié et disponible, M. le Président?" Réponse de Serge Weinberg, le président non exécutif de Sanofi: "Quand on s’interroge sur la composition du Conseil, on se demande quels sont les meilleurs membres possibles à l’instant T mais aussi sur la durée. Pendant quatre ans en l’occurrence car c’est la durée du mandat. Nous avons pressenti M. Kron il y a plusieurs mois déjà. Il se trouve que l’actualité lui prend beaucoup de temps mais je suis certain que dans quelques mois il sera beaucoup plus disponible pour être un excellent administrateur…"

Un salarié en colère conduit vers la sortie

Quelques minutes plus tard, une intervention a suscité à la fois une grande attention de l’assistance avant de se terminer dans un brouhaha général. Ce fut celle d’un salarié de Sanofi en colère, interpellant, les dirigeants de l’entreprise à la tribune : le DG Chris Viehbacher, et Serge Weinberg. "Je suis salarié, je suis désespéré (…), j’ai trois enfants (…) nous perdons nos emplois et vous qui pourriez changer quelque chose vous n’êtes intéressés que par l’argent."

Son intervention jugée inopportune a été interrompue, son micro coupé et le salarié emmené vers la sortie par le service d’ordre. Les actionnaires qui suivaient l’événement via internet, ont eu la surprise de voir la transmission s’interrompre et laisser place quelques minutes à une mire comme au bon vieux temps de l’ORTF. Les spécialistes de l’e-réputation des grandes entreprises jugeront de l’utilisation de ces méthodes.

Le clash de Cash Investigation

Le calme n’est pas revenu très longtemps, puisque un autre intrus s’est engouffré immédiatement dans la brèche en la personne de la journaliste de France2, Elise Lucet, qui est en train de préparer une nouvelle saison de son émission "Cash Investigation". Comme elle en a l’habitude, la présentatrice télé a pris la parole, filmée par ses propres caméras pour  interpeller le DG de Sanofi sur le montant du salaire que cette assemblée générale s’apprêtait à lui voter.

"Vous allez toucher un salaire de plus de 8 millions d’euros, soit 508 fois le SMIC, est-ce qu’un telle somme ne vous parait pas indécente dans le climat actuel ? Avec des salariés qui comme on vient de l’entendre, sont en train de perdre leur emploi ?" a questionné la journaliste. Serge Weinberg a répondu lui-même à cette question en expliquant que le DG ne décide pas lui-même de son salaire ; que lors de son recrutement M. Viehbacher était en poste aux Etats-Unis où il a bien fallu lui proposer une rémunération correspondant à ses compétences et que la somme de 8 millions d'euros n’est qu’une estimation.

Le plus beau lapsus de la journée

La température était enfin retombée et l’assemblée générale avait repris un cours normal quand un lapsus de Philippe Peyre, le vice-président du groupe, en grand maître de cérémonie, a eu le don de réjouir, les orateurs et une partie du public. Au lieu d’annoncer : "le vote est ouvert" au moment où les actionnaires devaient se prononcer sur le salaire du directeur général, Philippe Peyre a annoncé "le vol est ouvert!". Comme cela peut arriver parfois dans les situations tendues, les responsables de Sanofi ont été pris d’un fou rire salutaire.

Enfin, plus sérieux, Chris Viehbacher a fait part de son analyse du contexte du secteur de la pharmacie au moment où plusieurs groupes mondiaux sont en train de procéder à des fusions ou acquisitions de grande ampleur: "Concernant des acquisitions, nous ne sommes pas restés inactifs puisque nous avons procédé à plus de 24 milliards d’euros de transactions au cours des 5 dernières années, a rappelé le DG de Sanofi. Certes il y a une actualité forte en ce moment avec les échanges d’activités entre Merck, Novartis, GSK et Lilly. Ce que l’on observe c’est que la plupart d’entre eux sont en train de se diversifier. C’est bien le sens pris par le secteur de la pharmacie en ce moment : une plus grande diversification, or nous sommes déjà parmi les plus diversifiés. Nous n’avons pas d’urgence à procéder à une acquisition'.

La participation de l’Oréal

Au moment de la tentative d’OPA de l’américain Pfizer sur le britannique Astra-Zeneca, les questions sont nombreuses concernant le français Sanofi. D’autant que son premier actionnaire avec 9% du capital est le groupe L’Oréal, qui après avoir été contraint lui-même de racheter une partie de ses propres actions au groupe Nestlé, pourrait être tenté à son tour de se retirer de Sanofi.

Le DG du groupe y a répondu en soulignant "qu’évidemment Sanofi regarde toujours toutes les opportunités de fusions ou acquisitions, c’est dans notre ADN. Mais notre métier ne consiste pas à enrichir les actionnaires d’un autre groupe. Nous devons plutôt regarder comment nous pouvons enrichir nos propres actionnaires en regardant les opportunités et en sachant nous abstenir".  Selon Chris Viehbacher, les montants des transactions récentes montrent qu’elles se font aujourd’hui à un prix trop élevé (30 fois le bénéfice).

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