La fillette avait dénoncé l’inceste de son grand-père dans la boîte aux lettres "Papillons" de son école
Un grand-père de 73 ans est jugé pour viols et agressions sexuelles sur sa petite-fille, ce vendredi 20 septembre, à Bourg-en-Bresse. L’enfant avait donné l’alerte en glissant un mot dans la boîte aux lettres de son école élémentaire.
Le petit mot glissé dans une boîte aux lettres à l’école lui a permis de briser le silence. La cour criminelle de Bourg-en-Bresse (Ain) le grand-père d’une fillette pour l’avoir violée et agressée sexuellement, juge à partir de ce vendredi. "Il me toucher la parti du bas et la parti du haut et aussi il métait sa partie du bas dans ma parti du bas et moi j’ai essayé de menlever mais il voulait pas (sic)", avait écrit l’enfant sur ce papier.
La particularité de cette affaire repose sur le canal que la victime a utilisé pour dénoncer en juin 2022 ce que l’homme, de soixante ans son aîné, lui faisait subir depuis deux ans. Elle a alors 10 ans lorsqu’une boîte aux lettres de l’association Les Papillons, visant à libérer la parole des enfants victimes de violences, est installée dans son école primaire à Vonnas (Ain).
Le jour même, la fillette décide de se décharger de son secret. "C’était trop lourd à porter, elle souffrait beaucoup", explique l’avocate de sa famille, Me Stéphanie Garcia. "Elle s’est sentie libre à ce moment-là".
Lily, à la veille du procès de ton grand-père, ton agresseur, j'aimerais te dire tellement de choses. Et puis je relis le mot que tu as déposé en juin 2022 dans la boîte aux lettres Papillons de ton école. Alors je sais ta force et ton courage.
— Laurent Boyet (@assopapillons) September 19, 2024
Tout ira bien. Tu es une héroïne pic.twitter.com/YdFoBIVzUo
La lettre de la fillette signalée à la justice
Rapidement, les psychologues de l’association, chargés de consulter les mots déposés par les enfants, font un signalement au procureur. L’enquête révèle que les faits se produisaient au domicile des grands-parents de l’enfant lorsque ceux-ci la gardaient et que la grand-mère était absente. "Sa parole était verrouillée, elle ne voulait pas parler dans le cadre familial", précise Me Garcia.
En garde à vue, le grand-père, aujourd’hui âgé de 73 ans, a reconnu les attouchements sur sa petite-fille mais nié l’avoir violée. L’enquête a en outre permis d’identifier deux autres victimes, des cousines de la fillette, pour des faits d’agressions sexuelles incestueuses. Le cas de celles-ci, l’une désormais majeure, l’autre toujours mineure, constituent la seconde partie civile du dossier.
Un enfant victime de violence sexuelle toutes les 3 mn
Selon le dernier rapport de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), 160 000 enfants sont victimes de violences sexuelles chaque année en France, soit un toutes les 3 mn.
Créée en 2018, Les Papillons recense à ce jour 350 boîtes aux lettres dans des établissements publics ou privés, allant du primaire au lycée. Ce procès, le premier en cour criminelle issu de cette initiative, est une grande victoire pour l’association. "Il est la preuve que les enfants attendent qu’on leur tende la main", argumente son président Laurent Boyet. Selon lui, près de 10 % des messages récoltés dénoncent des faits de violences sexuelles intrafamiliales, 20 % des violences physiques, 50 % du harcèlement scolaire.