Alors que les Jeux paralympiques de Paris 2024 se sont clôturés avec succès il y a deux semaines, l’annonce du nouveau gouvernement de Michel Barnier ce samedi 21 septembre 2024 a révélé la disparition du ministère du Handicap.
Les sujets et affaires traités par ce dernier dépendent à présent du ministère des Solidarités, de l’Autonomie et de l’Égalité entre les femmes et les hommes, dirigé par Paul Christophe, député Horizons. Il n’y a donc plus de ministre délégué ni même de secrétariat d’État dédié au handicap.
Une suppression qui indigne
Cette disparition a suscité de vives réactions, de la part par exemple de Florian Deygas, ancien vice-président du Conseil national consultatif des personnes handicapées. Sur X, il s’indigne: "Jamais je n’aurais imaginé qu’un gouvernement irait jusqu’à supprimer entièrement un ministère dédié aux personnes en situation de handicap pour les invisibiliser dans le portefeuille de l’autonomie. J’espère que vous réalisez la gravité de ce qui est en train de se passer. Je n’ai pas de mots assez forts pour exprimer ma colère."
Il n’est d’ailleurs pas le seul. Scandalisée, Elisa Rojas, avocate et militante pour les droits des femmes et des personnes en situation de handicap, partage sur X : "On voulait juste un peu d'espoir, un peu de répit. De quoi reprendre notre souffle et respirer autre chose que de l'air vicié par les idées fascistes (et le Covid). Mais non. On va continuer à étouffer, vivre dans l'angoisse et voir nos droits disparaître un à un."
"Un mépris, un vrai pas en arrière"
Herveline Fabre, mère d’un enfant en situation de handicap et administratrice en charge des questions d’inclusion depuis trois ans à la Fédération des Conseils de Parents d'Elève (FCPE) de Paris, a aussi été choquée à l'annonce du gouvernement Barnier. Interview.
Marie Claire : Quelle a été votre réaction à l’annonce de la disparition du ministère du Handicap ?
Herveline Fabre : À l'annonce du gouvernement, ça a été une forme de stupeur. On s'est demandé si on avait bien entendu. Il n'y a plus du tout, ne serait-ce qu’une mention du mot "handicaps" dans ce gouvernement. Ce n’est quand même pas un détail qu’il n’y ait pas de ministre. Parce qu’un ministère, c'est là où l’on impulse la politique, où l’on va donner les moyens, les budgets pour la mise en œuvre d'une politique gouvernementale sur un thème comme le handicap. Et puis, dans ce gouvernement, il n'y a évidemment aucun ministre en situation de handicap.
C'est pour moi une sorte de rendez-vous manqué au lendemain des Jeux paralympiques de Paris 2024, où on a parlé d'inclusion, d'un monde merveilleux où les athlètes médaillés ont défilé ensemble sur les Champs-Élysées.
Deux semaines après, le gouvernement est nommé, on aurait pu attendre un ministère de plein exercice, mais ce n’est pas le cas. Pour ces 20% de Français.es (en situation de handicap, ndlr), c'est un peu un coup de poignard dans le dos.
Ça fait presque 20 millions de personnes qui ne méritent pas une priorité gouvernementale.
Quels sont, selon vous, les impacts immédiats et à long terme de la disparition du ministère du Handicap ?
Déjà, le handicap en France c'est 12 millions de personnes. C'est presque 20 % des Français.es. À cela, on ajoute les aidants.
Je pense qu'on a toujours tablé sur le fait que ce sont des personnes qui sont tellement en train de se battre pour des droits essentiels que, finalement, ce ne sont pas ceux qui descendent dans la rue pour manifester. Mais c'est quand même un mépris pour un pourcentage important de la population.
Dans une situation politique qui s'annonce marquée par l’austérité budgétaire, qui va défendre les budgets pour cette politique du handicap ? Je suis pour ma part au fait des problématiques liées à l’école. Je m'investis pour la sauvegarde et la poursuite de cette école inclusive pour permettre aux enfants en situation de handicap d'aller à l'école. Mais qui va défendre ces sujets désormais ?
Les conséquences craintes
Pensez-vous que la disparition de ce ministère soit le premier pas vers un recul de la prise en charge et de l’accompagnement des personnes en situation de handicap ?
C'est un pas en arrière. Un vrai pas en arrière. Il n'y aura pas de budget spécifique dédié, et pas forcément de visibilité sur toutes les problématiques sociales qui sont spécifiques.
Il n'y aura pas de politiques soutenues sur l'emploi, l'accès à l'éducation, le logement, le soin, la santé. En fait, le handicap, ça traverse toute la société. Donc, s'il n'y a pas de véritable interlocuteur, de ministre qui soit là pour faire avancer les choses, ça va être compliqué. C'est déjà difficile quand il y a des ministres mobilisés. Je ne crois pas qu'on va continuer à avancer. Pour moi, on peut s’attendre à un recul. Et je pense que beaucoup de personnes se sont dit la même chose.
Quel rôle les associations comme la FCPE peuvent-elles jouer maintenant qu'un ministère dédié n’existe plus ? Avez-vous déjà prévu des actions pour pallier ce manque institutionnel ?
À l'échelle de la FCPE Paris, nous menons des actions concrètes en soutien aux familles. Nous dialoguons avec l’académie de Paris, ainsi qu’avec la ville de Paris puisque nous sommes une ville-département. Nous siégeons dans les instances au niveau académique. Nous allons continuer à soutenir ces familles.
Au niveau national, la FCPE engage des actions afin de soutenir la possibilité d'avoir une école pour tous, mixte, qui soit inclusive, avec des moyens, des enseignants formés en charge des différents dispositifs, pour demander que les enseignants disposent d’un minimum de formation sur ces sujets dans leur formation initiale, et pour avoir des AESH (accompagnants des élèves en situation de handicap) en nombre suffisant.
La FCPE a des référents inclusion/handicap dans toutes les académies de France.
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