En 1994 c’était le président François Mitterrand et la Reine Elisabeth II qui inauguraient l’ouverture du tunnel sous la Manche. Vingt ans plus tard, c’est seulement le Secrétaire d’Etat au Transport, Frédéric Cuvillier qui se rend, mardi 6 mai au matin au terminal de Coquelles (Pas-de-Calais) pour souffler les bougies d’Eurotunnel. Qu’importe, car les dirigeants de ce qui a longtemps été un gouffre financier ont d’autres raisons de se réjouir. "Pour la première fois de l’histoire d’Eurotunnel, nous estimons que la situation du groupe est tout à fait satisfaisante", s’enthousiasmait d’ailleurs son PDG, Jacques Gounon, dès le 29 avril lors de l’assemblée générale des actionnaires.
Un trafic en hausse
Eurotunnel gestionnaire du tunnel jusqu’en 2086 a été porté par les effets favorables des Jeux olympiques de Londres en 2012 et la reprise de l’économie britannique. Résultat, en 2013, le groupe a franchi le cap du milliard d’euros de chiffre d’affaires. Au total il accumule 330 millions de voyageurs transportés. Une voiture sur deux et un camion sur quatre franchissent désormais la Manche en passant par les navettes de l’opérateur.
La dette n’est plus un souci
Quant à Eurostar, son principal client, il a passé la barre des 10 millions de voyageurs l’an dernier. Dont les deux tiers sont des Britanniques. Certes, c’est loin des 30 millions projetés à l’origine, mais les prévisions de croissance sont encourageantes. Grâce notamment aux nouvelles destinations vers les Pays-Bas (Amsterdam) et l’Allemagne (Francfort et Cologne) que veut ouvrir la filiale à 55% de SNCF à l’horizon 2016-2017.
Le plan de sauvetage mis en place à partir de 2007 par la nouvelle direction a été efficace. Il a permis de ramener la dette de 9 à 4 milliards d’euros, grâce notamment aux fonds apportés par la banque américaine Goldman Sachs, désormais actionnaire principal d’Eurotunnel (16% du capital).
Le retour des profits
Malgré le spectaculaire incendie de 2008 qui a bloqué partiellement le trafic pendant six mois, la direction a réussi à redresser les comptes. Les profits sont certes encore minimes, 20 millions d’euros net en 2013, mais devraient croitre rapidement d’après les prévisions des experts avec la hausse du trafic.
Le titre se négocie actuellement à son plus haut niveau depuis 2008. Le titre a gagné 145% en cinq ans. En bourse, le groupe pèse désormais plus 5 milliards d’euros. De quoi satisfaire les actionnaires d’Eurotunnel qui ont reçu un dividende en hausse de 25% en 2013.
L’arrivée de la concurrence
Bonne nouvelle pour l’exploitant: la Deutsche Bahn a prévu de venir concurrencer Eurostar sous la Manche, en ouvrant des liaisons entre Londres et Bruxelles, Amsterdam et Cologne. Il faudra cependant attendre un peu -vers 2018- ce projet ayant été retardé du fait des retards dans la construction des nouvelles rames Siemens. Pour Eurotunnel ce sera l’assurance de recettes supplémentaires. L’entreprise touchant un péage à chaque passage dans le tunnel. Contesté par Eurostar, le niveau de ces derniers destinés à rentabiliser une partie des investissements pour la construction du tunnel vient d’ailleurs d’être validé par Bruxelles. Confortant ainsi le modèle économique du groupe. Eurotunnel s’est en revanche engagé à faire diminuer de 25% les péages pour les trains de marchandise circulant pendant la nuit. Un geste pour doper le marché du fret.
DIAPORAMA. Découvrez les grandes dates de l'histoire du tunnel sous la Manche.