Le nombre de décès a bondi chez les femmes enceintes depuis l’interdiction de l’avortement au Texas
La mortalité des femmes enceintes a augmenté de 56 % entre 2019 et 2022 dans cet État américain, contre 11 % à l’échelle nationale.

Le taux de mortalité a grimpé en flèche chez les femmes enceintes entre 2019 et 2022 au Texas, rapportent les Centers for Disease Control and Prevention (CDCP). Il a augmenté de 56 % dans cet État américain très conservateur où l’avortement est interdit, contre 11 % dans le reste du pays à la même période.
« Il y a seulement une explication qui explique cet important écart. Toutes les données indiquent que l’interdiction de l’avortement au Texas est la principale cause de cette hausse alarmante », explique la présidente du Gender Equity Policy Institute (GEPI), Nancy L. Cohen, à NBC News, qui a analysé les données. Elle redoute que la tendance ne se généralise si d’autres États américains venaient à abolir à leur tour ce droit.
Le Texas a d’abord aboli le droit à l’avortement après cinq semaines de grossesse en septembre 2021. Puis, l’a étendu peu importe la durée, sauf pour sauver la vie de la mère.
Des femmes de plus en plus inquiètes
« Si vous empêchez les femmes d’avorter, elles seront plus nombreuses à être enceintes et à être obligées de mener une grossesse à terme », explique Nancy L. Cohen. Dans le même temps, l’accès aux soins prénataux est plus compliqué et certaines doivent parcourir de plus grandes distances pour accoucher, ce qui met en danger leur santé et celle de leur bébé en cas de complications.
Les femmes sont plus nombreuses à exprimer leurs craintes d’être enceintes face aux médecins. « Cette peur est quelque chose que je n’avais jamais vu dans ma pratique avant le projet de loi 8 du Sénat », confie le Dr Leah Tatum, gynécologue obstétricienne exerçant dans un cabinet privé à Austin, au Texas. « Que se passe-t-il si je me retrouve avec un fœtus génétiquement anormal ? », l’interrogent ses patientes.
Fin 2023, la Cour suprême du Texas a empêché une femme à la grossesse très risquée de bénéficier d’un avortement d’urgence. La trentenaire avait pourtant eu la confirmation que son fœtus était atteint de trisomie 18, une anomalie chromosomique associée à des malformations graves et sa fertilité était menacée. Elle a préféré quitter l’État pour obtenir un avortement en urgence.