Ségolène Royal veut conserver les barrages hydrauliques sous contrôle public
La nouvelle ministre de l’Ecologie et de l’Energie souhaite que les barrages français restent sous contrôle public dans le cadre de sociétés d’économie mixte. Un choix qui va à l’encontre de Bruxelles, qui exige une mise en concurrence dans le cadre d’un appel d’offres européen de 25 % des capacités hydrauliques du pays.
La nouvelle ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie, Ségolène Royal, a pris ses fonctions avec de nombreux dossiers chauds sur son bureau : Fessenheim, transition énergétique, écotaxe... L’un d’entre eux passe de ministre en ministre depuis 7 ans… Et il n’a toujours pas trouvé d’issue : le renouvellement de la concession des barrages hydrauliques. La concession de 25 % des barrages français (5 300 MW) arrivera à échéance d’ici à 2023. La commission de Bruxelles souhaite que le renouvellement donne lieu à un appel d’offres européen, ce qui a aiguisé l’appétit de nombreux énergéticiens. Mais cette hypothèse a inquiété de nombreux acteurs français qui craignaient de voir ces actifs hyper rentables - détenus aujourd’hui par EDF et GDF Suez - partir dans les mains d’acteurs étrangers.
Le mardi 30 avril dernier, par le biais d’un communiqué de presse, Ségolène Royal a donné sa position sur le sujet : elle "considère que la mise en concurrence pure et simple présente des risques pour l'intérêt général de la gestion de la ressource en eau, de l'équilibre écologique des vallées et des conditions de distribution de l'électricité. Il faut donc garder un contrôle public. C'est pourquoi, Ségolène Royal propose de créer des sociétés d'économie mixte (SEM), à majorité publique, s'inspirant du modèle de la Compagnie nationale du Rhône".
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sourceUne solution qui ne satisfait pas les syndicats
La nouvelle ministre reprend donc à son compte la solution qui était en cours d’élaboration par son prédécesseur, Philippe Martin. Les services de ce dernier étaient en train de bâtir un système où les édifices hydrauliques seraient contrôlés par une société publique détenue à 51% par l’État et à 49% par des entreprises privées françaises ou étrangères. Une position censée ménager l’Europe et les intérêts industriels hexagonaux.
Tout le monde ne se satisfait pourtant pas de cette option. Ainsi, FO Energie et Mines parle d’une décision qui vise à démanteler EDF et à "casser le modèle du service public national et républicain". Le Parti de Gauche évoque pour sa part une privatisation des barrages français. L’ex-ministre de l’Ecologie Delphine Batho parle, quant à elle, dans une tribune aux Echos, d’une "privatisation qui ne dit pas son nom" et qui est "contraire aux intérêts de la France".
De tous les ministres en charge de l’énergie ces dernières années, Delphine Batho est sans doute celle qui a pris le sujet le plus à cœur. Elle s’était prononcée ouvertement contre un appel d’offres européen et avait demandé à la commission des Affaires économiques de réfléchir à des solutions alternatives à la mise en concurrence. Un rapport avait été rédigé sous la houlette de Marie-Noëlle Battistel (PS, Isère) et Eric Strauman (UMP, Haut Rhin) et remis en septembre 2013. A la clé : trois propositions qui vsaient toutes à conserver ces édifices dans le giron national.
Ludovic Dupin
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