Marine Le Pen, au Parlement européen à Strasbourg, le 26 octobre 2016. ©AFP - Frederick Florin
Marine Le Pen, au Parlement européen à Strasbourg, le 26 octobre 2016. ©AFP - Frederick Florin
Marine Le Pen, au Parlement européen à Strasbourg, le 26 octobre 2016. ©AFP - Frederick Florin
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Un procès particulièrement scruté s’ouvre lundi au tribunal de Paris, celui des assistants parlementaires du RN au Parlement européen. L’audience va durer deux mois : il y a et 25 prévenus, dont la députée Marine Le Pen.

Y a-t-il eu "système", pendant des années au Rassemblement national, pour payer les salariés du parti avec l'argent de l'Europe ? La cheffe de file du RN Marine Le Pen est jugée à partir de lundi et jusqu'au 27 novembre au côté de 24 autres personnes et de son parti. Cadres historiques, garde du corps, secrétaire, comptables, ils sont soupçonnés de détournement de fond public, de complicité et recel de fonds public. Concrètement, la justice leur reproche d'avoir utilisé les fonds européens pour payer des cadres et petites mains du parti entre 2004 et 2016. Des faits que contestent le RN et Marine Le Pen. C’est un procès aux lourds enjeux politiques pour la cheffe de file de l'extrême droite.

Qui sont les prévenus ?

Neuf anciens eurodéputés du Front national (rebaptisé RN) devront s'expliquer à la barre, dont Marine Le Pen - qui devrait être présente à la plupart des audiences -, Louis Aliot, aujourd'hui vice-président du RN, l'ex-numéro 2 du parti Bruno Gollnisch, ou encore le député et porte-parole du RN Julien Odoul. À leurs côtés, 12 personnes ayant été leurs assistants parlementaires et quatre collaborateurs du parti.

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Quelles sont les accusations ?

Parmi les éléments les plus marquants, il y a le cas du garde du corps de Jean-Marie puis Marine Le Pen qui a multiplié les contrats d’assistant parlementaire. Il y a aussi cette réunion du 4 juin 2014, à Bruxelles au cours de laquelle, selon plusieurs témoignages, Marine Le Pen prévient les eurodéputés fraîchement élus qu’ils devront laisser leurs assistants parlementaires travailler pour le parti.

Il y a également des mails édifiants. "Ce que Marine nous demande équivaut qu’on signe pour des emplois fictifs", s’alarme un eurodéputé. "Je crois bien que Marine sait tout cela", lui répond le trésorier. Lui qui face aux pertes financières du parti avait prévenu la présidente, toujours par mail : "Nous ne nous en sortirons que si nous faisons des économies importantes grâce au Parlement européen." Le Parlement européen estime son préjudice à plus de six millions d’euros, et s’est constitué partie civile pour ce procès.

Quel impact politique ?

Marine Le Pen sera présente dès lundi après-midi. Dans son agenda, le procès s'est imposé. Hormis gros évènements à l'Assemblée nationale, comme mardi avec la déclaration de politique générale, elle se rendra aux audiences. Une question d’'image, celle de la "cheffe au milieu de ses troupes malmenées" décrit l'un de ses lieutenants à France Inter. Une cheffe qui compte plaider la liberté pour un eurodéputé de se servir de son assistant comme il l'entend.

Cette défense est commune à tous les prévenus, comme l’ancien élu

Bruno Gollnisch. Il assume ainsi avoir mis parfois son collaborateur de l'époque au service de Jean-Marie Le Pen. "La politique est un sport collectif. Nous avions un secrétariat parlementaire au château de Montretout [fief des Le Pen, NDLR], et nous mettions en pool nos moyens. Il n’y a pas d’argent du Parlement européen ; il y a un argent de l’Europe, qui a été prélevé sur les citoyens européens à commencer par ceux qui votent pour le rassemblement national. Cet argent nous en avons fait une utilisation parfaitement conforme à sa destination."

Le parti devrait marteler un argument : il n'y a pas eu d'enrichissement personnel. Un argument adressé tout autant aux juges qu'à leurs électeurs.

Quels sont les peines encourues ?

Si l’on regarde le Code pénal, la peine encourue pour la patronne du Rassemblement national est de dix ans de prison et un million d’euros d’amende. Mais ce qu’elle craint le plus, c’est la peine complémentaire d'inéligibilité, jusqu’à cinq ans.

Elle peut être prononcée par les juges avec sursis, ferme ou plus sévère encore, avec exécution provisoire. C’est-à-dire qu’elle est alors effective immédiatement. Soit avant l’élection présidentielle de 2027. Mais au sein du parti, personne ne semble croire qu'un juge endosse la responsabilité d’une condamner Marine Le Pen à peine d’inéligibilité.

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