Le nombre de jeunes sous antidépresseurs a grimpé de 60 % en 10 ans en Belgique
La proportion de jeunes prenant des antidépresseurs a augmenté de 60 % sur les dix dernières années. C'est ce qu'a révélé lundi une grande enquête réalisée par les Mutualités Libres.

- Publié le 30-09-2024 à 08h43
- Mis à jour le 30-09-2024 à 08h44

Nulle part en Europe, à l'exception de la Croatie, les jeunes ne prennent autant de médicaments qu'en Belgique, d'après Eurostat. C'est pourquoi les Mutualités Libres – qui chapeautent Helan en Flandre et Partenamut en Wallonie – ont enquêté sur la consommation de médicaments de tous leurs affiliés âgés de 12 à 18 ans. Au total, cela concerne 22 % de tous les jeunes Belges de cette tranche d'âge.
Les résultats montrent que de plus en plus de jeunes prennent des antidépresseurs. Cela représente une augmentation de 60 % en 2022 par rapport à 2013. Cette augmentation est presque entièrement due à un doublement de la part des filles (+ 90 %). La consommation chez les garçons reste stable.
"Plus de la moitié de l'augmentation a eu lieu entre 2020 et 2021 : lors de la pandémie de coronavirus. Nous n'avons pas cherché à savoir comment cela s'est produit. Les causes sont probablement multiples, mais l'impact de la pandémie sur le bien-être mental des jeunes semble être une explication possible. Mais nous ne savons pas exactement pourquoi les filles sont plus susceptibles de se voir prescrire des antidépresseurs", déclare Evelyn Macken, experte en médicaments, auprès des Mutualités Libres. Evelyn Macken souligne que le nombre total de jeunes qui prennent des antidépresseurs reste toutefois faible : seulement 1,6 %.
Les filles sont les plus touchées par cette augmentation
La mutuelle socialiste Solidaris constate également que de plus en plus de jeunes prennent des antidépresseurs depuis l'année 2021, toujours marquée par le Covid. Et chez Solidaris aussi, c'est chez les filles en particulier que cela a grimpé de manière significative : une augmentation de 80 % en 2022-2023 par rapport à 10 ans plus tôt. Chez les garçons, l'augmentation est de 22 % sur la même période. Il convient toutefois de noter que l'utilisation diminue à nouveau légèrement en 2023. La pandémie qui est de plus en plus derrière nous pourrait peut-être jouer un rôle à cet égard.
"La différence entre les sexes ne me surprend pas", explique Marina Danckaerts (KU Leuven), professeur en psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent. "C'est un cliché, mais c'est vrai : lorsque les filles se sentent mal, elles se concentrent davantage sur elles-mêmes et développent des problèmes d'humeur ou d'anxiété plus rapidement que les garçons. Les filles commencent à chercher la cause en elles-mêmes et se demandent ce qu'elles font de mal. Lorsque les garçons se sentent mal dans leur peau, ils sont plus enclins à se comporter de manière provocante et développent parfois des problèmes de comportement. "La cause principale de cette augmentation est clairement l'isolement social pendant la période Covid. Et là aussi, nous constatons que cela touche davantage les filles, car les contacts sociaux sont très importants pour l'image qu'elles ont d'elles-mêmes", a ajouté Mme Danckaerts. "En outre, nous savons également que les effets négatifs des réseaux sociaux sont plus prononcés chez les filles".
Par ailleurs, la proportion d'adultes prenant des antidépresseurs reste également nettement plus élevée que celle des jeunes, mais elle est restée stable sur une décennie. Selon les Mutualités Libres, en 2013, 9,2 % de la population adulte prenait des antidépresseurs et en 2022, cette proportion était de 9,4 %.