CARTES - Le nombre de médecins repart légèrement à la hausse, mais les inégalités territoriales se creusent encore
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Après des années de baisse, le nombre de médecins en France a légèrement augmenté en 2024, avec 1.672 praticiens supplémentaires, selon l'Atlas de la démographie médicale publié ce mercredi par l'Ordre des médecins. Mais dans le même temps, les inégalités territoriales se creusent.
Selon les chiffres de l'édition 2024 de l'Atlas de la démographie médicale publié ce mercredi par l'Ordre des médecins, le nombre de médecins généralistes et spécialistes en activité régulière (hors remplaçants et retraités actifs) en France a augmenté de 0,8% au 1er janvier 2024, portant le total à 199.089 praticiens. Cela représente 1.672 médecins en plus. Cet effectif baissait depuis 2010, à l'exception de timides rebonds en 2018 et 2020, et revient aujourd'hui à un niveau comparable à celui observé en 2014.
La démographie médicale souffre depuis plusieurs années des effets du numerus clausus, une politique d'encadrement du nombre d'étudiants en médecine commencée dans les années 1970 et qui a connu son pic dans les années 1990, avec seulement 3.500 étudiants formés chaque année. Le quota a été desserré une première fois à partir de la fin des années 1990 (atteignant 7.000 au tournant de la décennie 2010), puis supprimé sous le président Emmanuel Macron. Le nombre d'étudiants formés atteint aujourd'hui 11.000 (nombre d'étudiants en deuxième année de médecine), et doit atteindre 12.000 en 2025.
Des médecins qui rajeunissent
"Il y a un frémissement de la démographie médicale", a commenté le docteur Jean-Marcel Mourgues, vice-président du conseil national de l'Ordre des médecins. "Les médecins en activité régulière augmentent enfin. Pas beaucoup, mais ils augmentent", a-t-il ajouté. Pour lui, leur effectif est désormais "sur un plateau en légère ascension". "Cette tendance devrait se poursuivre et même s'amplifier dans les années à venir", a-t-il indiqué.
Autre signal plutôt encourageant sur le plan démographique, l'âge moyen des médecins (généralistes et spécialistes) continue de baisser, à 48,1 ans contre 48,6 l'an dernier pour les médecins en activité régulière.
La carte ci-dessous représente l'âge moyen des médecins en activité (y compris remplaçants et retraités actifs) dans chaque département métropolitain. Les départements de couleur claire ont les moyennes d'âge les plus faibles, ceux de couleur foncée ont les moyennes les plus élevées.
La densité médicale - le nombre de médecins pour 100.000 habitants - augmente très légèrement, à 296,4 médecins pour 100.000 habitants, contre 294,7 l'an dernier. Mais cette densité brute est à prendre avec des pincettes, car la population vieillit et son besoin de soins augmente, rappelle le docteur Mourgues.
"Les inégalités territoriales se creusent"
En revanche, d'autres signaux ne sont pas de nature à rassurer les habitants des déserts médicaux. "Les inégalités territoriales se creusent toujours davantage", relève le docteur Mourgues.
"Les départements qui ont des hôpitaux universitaires, à de rares exceptions près, ont tendance à augmenter et rajeunir leur population médicale", précise-t-il. En revanche, "il y a des départements plutôt en périphérie de région, avec souvent un profil rural et une population âgée - un facteur aggravant pour l'offre de soins - qui a une population médicale qui continue à vieillir et qui ne se rajeunit pas assez", ajoute-t-il.
La densité de médecins généralistes est ainsi très différente selon les départements, avec des départements autour du bassin parisien peu dotés, comme l'Eure (79 médecins généralistes pour 100.000 habitants), l'Eure-et-Loir (71,2 pour 100.000 habitants) ou encore le Loiret (79,4 pour 100.000 habitants). À l'inverse, les départements abritant les grandes villes de France, ainsi que ceux situés sur les littoraux ou aux frontières, présentent les plus fortes densités : Paris (169,7), les Hautes-Alpes (242,5) ou encore le Rhône (143,2).
Sur notre carte, les départements les moins bien dotés en médecins en activité régulière apparaissent en couleur claire, les mieux dotés en couleur foncée.
En ce qui concerne les spécialistes, il y a également d'importantes disparités. Par exemple, on compte en moyenne en France 5,9 ophtalmologistes pour 100.000 habitants. Le Lot et la Creuse sont les départements les moins bien dotés, avec respectivement 0,6 et 0,9 ophtalmologistes pour 100.000 habitants. Là aussi, c'est sur le littoral et dans les départements possédant une grande métropole qu'on trouve les densités d'ophtalmologistes les plus élevés : 23 pour 100.000 habitants à Paris et 12 dans les Alpes-Maritimes.
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