Enseignante agressée à Tourcoing : "L’école ne cédera jamais sur la laïcité", affirme la ministre de l'Éducation, Anne Genetet

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Une lycéenne a frappé une enseignante qui lui demandait de retirer son voile, à Tourcoing.

La ministre de l’Éducation nationale, Anne Genetet, a appelé, mardi, la professeure du lycée Sévigné de Tourcoing (Nord), agressée, la veille, par une élève à qui elle venait de demander d’enlever son voile. Dans un message publié sur le réseau social X, la ministre a également adressé son soutien "à l’ensemble de la communauté éducative".

Cette enseignante "a été agressée alors qu’elle entendait faire respecter la loi de la République et le principe de laïcité à l’école. C’est inacceptable. Et je ne l’accepterai pas", a martelé la ministre. "Une mesure conservatoire a d’ores et déjà été prise à l’encontre de l’élève en cause pour lui interdire l’accès à l’établissement jusqu’à réunion de son conseil de discipline, a annoncé Anne Genetet. J’ai demandé à ce que des sanctions disciplinaires très fermes soient prononcées", a-t-elle précisé.

Devant l’Assemblée nationale, j’ai rappelé mon engagement, ainsi que celui du Gouvernement, à soutenir nos professeurs et à défendre les valeurs de la République.

Nous sommes à leurs côtés.

Menacer un professeur, c’est menacer la République.
Frapper un professeur, c’est frapper… pic.twitter.com/NjwY2ABdg9

— Anne GENETET (@AGenetet) October 8, 2024

Une plainte a également été déposée et une équipe mobile de sécurité déployée, mardi, dans l’établissement. Selon une source policière citée par Le Figaro, cette enseignante en sciences techniques médico-sociales aurait demandé, lundi, à la lycéenne de retirer son voile alors qu’elle se trouvait dans la cour de l’établissement.

L’élève, majeure et inconnue des services de police, aurait d’abord ignoré l’injonction, avant de se retourner pour la bousculer et la gifler. La professeure aurait alors répliqué, donnant elle aussi une gifle à la jeune fille, avant de subir un déchaînement de violence. La lycéenne a finalement été interpellée à son domicile et placée en garde à vue lundi soir.

Des mesures prévues

Une autre élève de l’établissement, interrogée par BFMTV, a expliqué qu’elle remettait, elle aussi, son voile avant de sortir du lycée, bravant l’interdiction. Face aux provocations, "l’école de la République ne laissera passer aucune atteinte à ses principes et à ses valeurs", a insisté, la ministre, dans la droite ligne de la ligne de fermeté affichée sur le sujet par Gabriel Attal contre l’abaya, quand il était installé rue de Grenelle.

"Tout le monde doit soutenir nos enseignants et condamner cette violence contre la République", a martelé, mardi, à l’Assemblée nationale, Gérald Darmanin, ancien ministre de l’Intérieur et député de la circonscription, où a eu lieu l’agression. "L’école de la République ne cédera jamais sur la laïcité", lui a répondu la ministre.

Depuis 2004, la loi française interdit "dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse".

Des nouvelles mesures ont été actées pour la faire respecter, notamment la mise en place d’un conseil des jeunes de la laïcité cette année. À partir de 2025, "l’épreuve d’orale du concours interne et du 3e concours des personnels de direction sera enrichie par l’évaluation de la capacité du candidat à incarner et garantir, dans son établissement, le respect des valeurs de la République, en particulier la laïcité", précise le ministère de l’Éducation.

Le nombre d’atteintes à la laïcité a augmenté en début d’année (336 cas en février, contre 280 en janvier, mais 590 en décembre 2023). "Les suspicions de prosélytisme constituent la première catégorie de signalements d’atteintes à la laïcité (20 %) suivie des contestations d’enseignement (16 %) puis des ports de signes et tenues (15 %)", précise le ministère, sur la base des faits relevés en février. Des élèves avaient également refusé de participer aux temps de recueillement en mémoire des professeurs Samuel Paty et Dominique Bernard, à qui un hommage doit être rendu un an après sa disparition, dimanche, à Arras, place des Héros.