Hérault Commando à la fac de Montpellier : un professeur proche de l'extrême droite révoqué
Le Conseil d'État a rendu sa décision, définitive, après six ans de procédures : Jean-Luc Coronel de Boissezon, un enseignant agrégé de l'histoire du droit et proche de l'extrême droite, a été révoqué pour avoir participé à une violente opération commando dans son université.
Le Conseil d'État a révoqué un professeur de Montpellier (Hérault) ayant participé à l'évacuation violente d'un amphithéâtre en 2018, au terme de six ans de procédure, eu égard à la « gravité » de ses actes.
Des membres du commando encagoulés et armés
Professeur agrégé d'histoire du droit, Jean-Luc Coronel de Boissezon a fait partie du commando proche de l'extrême droite qui avait violemment délogé fin mars 2018 des étudiants qui occupaient le site dans le cadre d'un mouvement de contestation dans les facs. Certains membres de ce groupe étaient encagoulés et armés de planches et d'un pistolet à impulsions électriques. L'ex-doyen de l'université Philippe Pétel avait lui aussi participé à ce coup de force, qui avait suscité stupeur et indignation.
Dans une décision du 27 septembre et publiée depuis, le Conseil d'État a jugé que « de tels agissements » ne « sauraient, ainsi qu'il est allégué, avoir été commis en situation de légitime défense ou, en tout état de cause, être justifiés par la protection de l'ordre public ». Ils constituent « des manquements aux devoirs de son état » et « en particulier à l'exigence de dignité, et, en outre, portent atteinte à la réputation du service public de l'enseignement supérieur », a-t-il ajouté. Pour la plus haute juridiction administrative, « il y a lieu, eu égard à leur gravité, de prononcer [...] la sanction de la révocation », la plus lourde possible.
Au pénal, en juillet 2021, sept personnes avaient été condamnées en première instance, dont Philippe Pétel à 18 mois de prison avec sursis. La cour d'appel de Montpellier avait réduit en février 2023 les peines de quatre personnes, dont Jean-Luc Coronel de Boissezon, condamné à un an d'emprisonnement avec sursis.
Les premières sanctions jugées « trop faibles »
Au niveau administratif, ce professeur avait d'abord été frappé en janvier 2019 d'une révocation et d'une interdiction définitive d'exercer dans un établissement public. Cette sanction avait été allégée en appel par la formation disciplinaire du Cneser (Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche) et ramenée à une exclusion de quatre années de toute fonction d'enseignement public avec privation de son traitement, conduisant le ministère à saisir le Conseil d'État. En décembre 2022, le Conseil d'État avait annulé cette sanction, l'estimant trop faible au regard des « fautes commises », et renvoyé l'affaire devant le Cneser.
En septembre 2023, celui-ci avait à nouveau infligé une sanction d'interdiction d'exercer pendant quatre ans. Le président de l'université de Montpellier et le ministère avaient saisi une nouvelle fois le Conseil d'État - qui a donc finalement révoqué l'enseignant.
Sur X (ex-Twitter), Jean-Luc Coronel de Boissezon, qui enseigne actuellement à l'Issep, l'école de sciences politiques cofondée par Marion Maréchal, a dénoncé « un acharnement inouï ».