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Économie

Croissance et chômage en France : les prévisions peu joyeuses de l'OCDE

L'OCDE vient de publier la dernière version de ses "Perspectives économiques mondiales". Analyse.
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Assurance chômage
D'après le Medef, cette réforme "devrait permettre de réduire d'un quart à un tiers le nombre de demandeurs d'emploi touchés par la fin des droits et basculant dans le RSA", soit "plusieurs centaines de milliers de personnes".
Philippe Hugen / AFP

L'OCDE a publié, mardi 6 mai, la dernière version de ses "Perspectives économiques mondiales. Voici les principales conclusions.

>> France

  • Chômage :

Le chômage en France métropolitaine ne devrait baisser "faiblement" que "vers la fin 2015", à 9,8%, après une stabilisation à 9,9% en 2014, selon l'OCDE.

"Le taux de chômage ne devrait baisser que faiblement vers la fin 2015", juge l'Organisation de coopération et de développement économiques. "Les baisses d'imposition des entreprises et de cotisations sociales annoncées, qui s'ajoutent au crédit d'impôt sur les sociétés (CICE) récemment mis en oeuvre, devraient favoriser l'emploi et l'investissement, et améliorer la compétitivité des entreprises françaises, soutenant ainsi l'activité à court et long termes."

L'OCDE met toutefois en garde contre les difficultés que pourrait rencontrer le gouvernement pour "mettre en oeuvre les réformes envisagées", mais pondère ce "risque" par les effets positifs que pourraient avoir "une confiance et une croissance plus fortes" contre le chômage.

L'OCDE note "une baisse du chômage des jeunes due aux emplois aidés" et une amélioration dans "l'intérim", mais observe "des tensions persistantes sur les créations d'emploi dans le secteur privé à cause de faibles bénéfices".

Outre-mer inclus, l'OCDE prévoit en France une stabilisation du chômage à 10,3% en 2014 et 2015, le même taux qu'en 2013. Sur la France entière également, la Commission européenne, qui a publié ses prévisions lundi, table de son côté sur une légère hausse du chômage à 10,4% en 2014, avant une baisse à 10,2% en 2015.

Pôle emploi, qui ne mesure pas un taux de chômage mais le nombre d'inscrits sur ses listes, a comptabilisé en mars 3,349 millions de demandeurs d'emplois sans activité, un nouveau record.

Malgré les chiffres, le président François Hollande parie sur un "retournement économique" d'ici la fin de son mandat. Il a réaffirmé mardi qu'il n'aurait pas la crédibilité nécessaire pour se représenter à la présidentielle de 2017 si le chômage ne baissait pas d'ici là.

  • Croissance :

L'OCDE a revu en légère baisse ses prévisions de croissance pour la France, inférieures à celles du gouvernement, à +0,9% en 2014 et +1,5% l'an prochain.

Dans la précédente édition de ses "Perspectives économiques mondiales", en novembre, l'Organisation de coopération et de développement économiques attendait 1% cette année, et 1,6% l'an prochain.

Le gouvernement espère lui 1% cette année puis 1,7% l'an prochain, scénario jugé trop optimiste par l'OCDE mais aussi par la Commission européenne qui n'attend que 1,5% l'an prochain.

Dans son rapport, l'organisation juge que la France "profite d'une modeste expansion économique, soutenue par des conditions extérieures qui s'améliorent".

L'OCDE, soulignant que les baisses de cotisations patronales et d'impôts pour les entreprises devraient "soutenir la capacité des entreprises à répondre" à la meilleure demande extérieure, juge aussi "approprié" de la part du gouvernement de faire porter désormais l'effort de réduction des déficits sur des économies, et non plus sur des hausses de fiscalité.

Rappelant que la France occupe la deuxième place parmi les pays de l'OCDE pour le ratio dépense publique/produit intérieur brut, l'organisation souligne toutefois que la croissance de cette dépense s'est stabilisée et que les taux d'emprunt de la France sont "restés stables".

"Dans le contexte d'une reprise toujours fragile, les pouvoirs publics ont de la marge pour laisser jouer les stabilisateurs automatiques", en d'autres termes pour laisser les déficits jouer un rôle d'amortisseur via notamment les prestations sociales, sans pousser la rigueur trop loin, estime l'OCDE.

L'OCDE comme le FMI, longtemps chantres de la plus grande rigueur budgétaire, ont depuis quelques mois atténué leur discours et mettent en garde contre les dangers d'une trop grande austérité.

>> Monde

  • Croissance :

L'OCDE a abaissé sa prévision de croissance mondiale pour 2014, à 3,4% contre 3,6% attendus en novembre dernier, mais a maintenu son pronostic de 3,9% pour l'an prochain.

L'Organisation de coopération et de développement économiques souligne que la reprise "a gagné en dynamisme" dans les pays développés et que les risques sur l'économie mondiale sont "plus équilibrés". Elle prévient néanmoins que l'accompagnement de la décélération de certains pays émergents, en particulier de la Chine, est "un défi majeur".

L'OCDE souligne le rôle du moteur américain parmi les économies avancées: la reprise aux Etats-Unis devrait "accélérer", tandis qu'un "redressement de l'activité devrait être moins marqué dans la zone euro". Au Japon, "le renforcement de l'assainissement budgétaire bridera la dynamique de la croissance".

Si dans l'ensemble l'organisation juge que la priorité des actions gouvernementales n'est désormais plus d'éviter un "désastre" mais de "promouvoir une reprise plus forte et résiliente", elle énumère néanmoins des risques pesant sur l'économie mondiale.

L'OCDE estime que, "pour une part, la décélération (dans les pays émergents) n'est pas alarmante et reflète simplement un ralentissement conjoncturel après une période de surchauffe" et que "les taux de croissance désormais observés en Chine sont incontestablement plus soutenables."

"Cela étant, gérer le ralentissement du crédit et les risques qui se sont accumulés pendant la période d'abondance de liquidités à l'échelle mondiale pourrait constituer un défi majeur", selon elle.

De manière générale, pour l'OCDE, "les tensions financières dans les marchés émergents pourraient bien faire dérailler la reprise mondiale."

Par ailleurs, "le recul de l'inflation dans la zone euro pourrait conduire à la déflation", ce phénomène nuisible pour l'activité qui voit les prix et les salaires baisser durablement.

"De plus, les risques géopolitiques se sont avivés depuis le début de l'année", autour notamment de la crise ukrainienne, selon l'Organisation.

  • Inflation :

L'OCDE a appelé la Banque centrale européenne à "prendre de nouvelles mesures pour ramener plus fermement l'inflation vers son objectif", soit un peu moins de 2%, et à "se tenir prête à prendre d'autres mesures d'expansion non conventionnelles".

De manière générale, l'Organisation de coopération et de développement économiques juge dans ses "Perspectives économiques mondiales" que "les politiques monétaires doivent rester accommodantes", sauf aux Etats-Unis, où elle invite la Réserve fédérale à mettre fin à ses achats d'actifs en 2014 ainsi qu'à relever ses taux en 2015.

Pour l'OCDE, en zone euro, "une nouvelle baisse des taux d'intérêt est justifiée compte tenu de la faiblesse de l'inflation". Cette dernière s'est établie à 0,7% en avril, rebondissant légèrement après 0,5% en février, mais restant loin de l'objectif d'un peu moins de 2% de la BCE.

Lors d'un point presse, Christian Kastrop, économiste à l'OCDE, a précisé que l'organisation plaidait avant tout pour "une baisse à 0%" du principal taux directeur, aujourd'hui fixé à 0,25%, et "pouvait imaginer que le taux de facilité de dépôt passe en territoire négatif".

Ce dernier taux est celui auquel les banques placent leurs surplus de liquidités auprès de la BCE pour 24 heures. Le baisser serait une manière d'inciter les banques à faire circuler l'argent entre elles.

Christian Kastorp a toutefois précisé que pour le moment, il ne "voyait pas de spirale déflationniste" s'installer en zone euro et donc "pas de besoin immédiat de recourir à des mesures non-conventionnelles", même s'il a "salué" le fait que la BCE se dise prête à en utiliser.

Les économistes estiment que l'institution de Francfort (ouest de l'Allemagne) ne devrait prendre aucune décision lors de la réunion jeudi de son conseil des gouverneurs, laissant sur leur faim l'OCDE mais aussi le gouvernement français, qui veut la voir agir pour faire baisser l'euro.

L'OCDE se fend aussi d'une recommandation monétaire pour le Japon où, selon elle, "les achats d'actifs devraient se poursuivre comme prévu", tandis qu'en Chine, "la politique monétaire devra être assouplie en cas de fléchissement prononcé de la croissance".

Si l'Organisation de 34 pays industrialisés, issue de la Guerre froide, invite à actionner le levier monétaire, elle invite aussi les gouvernements à ne pas exagérer leurs efforts de rigueur budgétaire.

"Ayant accompli des progrès considérables en matière de stabilisation de leurs finances publiques, la plupart des pays de l'OCDE peuvent (...) se permettre de commencer comme prévu à ralentir l'amélioration structurelle de leur budget", c'est-à-dire à être plus souples face aux déficits, juge-t-elle.

L'OCDE fait pourtant une exception pour le Japon, où "un assainissement budgétaire rigoureux devrait se poursuivre sans interruption" pour tenter de résorber une dette extrêmement importante (230% du Produit intérieur brut).

(Avec AFP)

 

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