L'été risque d'être particulièrement agité pour le club de la capitale. L'UEFA, association qui chapeaute les compétitions européennes de football, a décidé de sanctionner le PSG dans le cadre du fair-play financier, nouveau dispositif règlementaire qui vise à garantir l'équité financière... et donc rétablir une certaine équité sportive. Des sanctions que le club parisien a d'ores et déjà acceptées révèle mardi le quotidien L'Equipe.

C'est quoi le problème?

Les clubs européens, structurellement déficitaires depuis plusieurs années (1,7 milliard de pertes cumulées en 2013), devront présenter des comptes équilibrés d'ici 2016. "On ne dépense pas l'argent que l'on ne gagne pas", intime ainsi l'UEFA. Problème, cela a été longtemps le cadet des soucis des "nouveaux riches" de l'Europe du football, comme Chelsea, Manchester City ou... le PSG, dont les propriétaires sont capables de boucher les trous à volonté. Depuis le rachat du club parisien, les dirigeants qataris ont ainsi dépensé sans compter pour monter rapidement une équipe compétitive sur la scène européenne.

D'un côté, des transferts records (Pastore, 42 millions d'euros, Cavani, 64 millions d'euros, Marquinhos, 32 millions d'euros) et des salaires mirobolants (Ibrahimovic, 18 millions d'euros bruts annuels, Thiago Silva, 15 millions d'euros, Cavani, 10 millions d'euros). De l'autre, un contrat de sponsoring d'un nouveau type, baptisé "contrat d'image", et dont le montant - 200 millions d'euros par an! -, permet d'équilibrer la balance comme par magie. Problème, ce montant ne peut pas être facilement justifié car ce type de contrat est sans précédent dans le monde du football. De plus, le sponsor à l'origine de cette manne miraculeuse n'est autre que le Qatar Tourism Authority, autrement dit une institution cousine du propriétaire du PSG. Des relations incestueuses qui ne rentrent pas non plus dans les critères du fair-play financier établi par l'UEFA.

Quelles sanctions?

Elles visent à obliger le PSG à réduire son train de vie mais ne veulent pas le tuer. Le président de l'UEFA, Michel Platini avait d'ailleurs préparé le terrain ces dernières semaines. Il se disait "pas sûr du tout que le PSG respecte le fair-play financier".. "Si vous attendez du sang et des larmes, vous serez déçus. Il y aura des choses dures mais pas d'exclusions des compétitions européennes", avait prévenu Michel Platini fin avril.

Signe de la relative bienveillance de l'UEFA, selon L'Equipe publié mardi 6 mai, la liste des sanctions fait l'objet d'un compromis avec le PSG. Celui-ci permet d'éviter que le dossier ne fasse l'objet d'un jugement par l'instance de contrôle financier des clubs. L'UEFA impose au PSG de ne plus augmenter sa masse salariale, actuellement la plus élevée d'Europe (240 millions d'euros par an) sous peine de représailles. Les transferts sont également encadrés tant en montant (60 millions maximum pour un joueur cet été) qu'en nombre si les recrutements doivent avoir pour conséquence d'augmenter la masse salariale. Sachant que tout achat devra être précédé d'une vente. L'UEFA réclame également un retour à l'équilibre des comptes d'ici à deux ans, assorti de l'obligation de ramener le déficit à hauteur de 30 millions d'euros dès 2015. Enfin, le club devra s'acquitter d'une amende de 60 millions d'euros sur trois ans.

A cela s'ajoute des sanctions sportives. L'UEFA demande en effet au PSG de ne qualifier que 21 joueurs (au lieu de 25 normalement) pour participer à la Ligue des Champions. Une contrainte qui limitera de fait l'apport des remplaçants dans les rencontres importantes. Un vrai casse-tête pour Laurent Blanc.

Quelles solutions?

A court terme, le PSG peut déjà se satisfaire de voir validé une partie du fameux contrat mirifique de 200 millions d'euros de QTA. Certes, l'UEFA demande qu'il soit valorisé moitié moins, à 100 millions d'euros, mais c'est évidemment bien mieux que zéro (ça aurait pu arriver). Il faudra donc soit trouver des recettes de remplacement, soit dépenser moins.

Côté recettes, l'UEFA voit d'un bon oeil la récente renégociation des droits TV et la surenchère entre Canal+ et beIN sports. Les clubs perçoivent une partie de cette enveloppe en fonction du nombre des rediffusions. Et ça tombe bien puisque les chaînes s'arrachent le PSG, en France comme à l'étranger.

De plus, le PSG s'active depuis plusieurs mois afin de signer des nouveaux contrats de sponsoring. Huawei, Nivea, Microsoft, McDonald's, PMU, Moneygram... autant de marques qui s'affichent désormais sur ou à côté des joueurs. Chez les partenaires "historiques" comme Nike ou Emirates, les renégociations ont fait exploser les compteurs: 30 millions d'euros annuels pour l'Américain (contre 6,5 millions auparavant), 25 millions pour la compagnie aérienne (contre 4 millions).

Lundi 28 avril, la division marketing du club organisait une petite présentation au magasin Colette, temple de la tendance parisienne, pour dévoiler une nouvelle gamme de produits de luxe. A terme, le club vise 40 millions d'euros annuel sur l'achat des produits dérivés.

Enfin, les recettes de billetterie vont devoir augmenter... au risque de transformer un match de foot en spectacle de luxe. Après avoir apaisé les tribunes, les nouveaux dirigeants du PSG accentuent la politique VIP. Sur une saison pleine, la billetterie rapporterait environ 40 millions d'euros au club mais ce sera bien davantage dans les années à venir. En moyenne les abonnements pour la saison prochaine devraient augmenter de 20%. Les hospitalités (espace VIP privatisés par des marques, environ 5 000 euros la place pour une saison complète) vont passer de 2 000 places aujourd'hui à 4 500 d'ici l'Euro 2016. C'est mieux, mais c'est encore loin des nouveaux standards européens (6 000 places environ à l'Allianz Arena de Munich).

Quelles conséquences sur le recrutement?

L'encadrement des transferts et l'obligation de vendre avant d'acheter vont singulièrement limiter les possibilités du PSG. Exit, donc, l'idée qui germait cet hiver de faire venir Messi (100 millions au bas mot) ou Pogba (70 millions) dans la capitale. A l'inverse, Manchester United lorgnerait fortement sur l'Uruguayen Cavani pour renforcer son secteur offensif en panne cette saison. Un montant de 70 millions d'euros est avancé dans la presse britannique, ce qui pourrait financer, en partie, le futur mercato parisien. Le Barcelonais Dani Alves ou le Romain Miralem Pjanic seraient d'ailleurs ciblés par le PSG. Des noms moins clinquants sur le papier. Ce qui serait vraiment le signe que les règles ont vraiment (un peu) changé le PSG.