«Les prédateurs sexuels vous disent merci» : la campagne choc d’une association pour protéger les enfants de la cyberpédocriminalité

Publier des photos de ses enfants sur les réseaux sociaux est devenu une pratique ordinaire, mais qui n’est pas sans risque : 40% des personnes ayant consulté des contenus pédocriminels en ligne ont par la suite cherché à contacter un enfant.
Passer la publicité Passer la publicité«Merci d'exposer votre enfant sur les réseaux. Maintenant, je sais où le trouver. Des millions de prédateurs sexuels font comme moi». L’association Caméléon a entamé une nouvelle campagne de prévention pour inciter les parents à arrêter de publier des photos de leurs enfants sur les réseaux sociaux. Cette pratique est pourtant courante puisque en France, 53% des parents ont déjà posté des images de leurs enfants en ligne. Ils sont 43% à avoir commencé à le faire dès la naissance de leur progéniture. De sorte qu’avant l'âge de 13 ans, un enfant apparaît en moyenne sur 1300 photos diffusées par son entourage proche en ligne (Observatoire de la Parentalité et de l’Éducation Numérique, 2023).
La campagne de l’association Caméléon, engagée depuis 27 ans contre les violences faites aux enfants en France et aux Philippines, comprend plusieurs affiches et un film revendiqué «coup de poing». En caméra cachée, une femme se promène dans les rues en proposant des photos imprimées de sa fille à des inconnus dans la rue.
«Elle a 6 ans, bien sûr qu'elle est d'accord !»
Elle joint au «cadeau» des renseignements sur les habitudes de son enfant, comme les lieux qu’elle fréquente, les horaires de ses activités, son âge, ses passions… À une interrogation sur le consentement de «sa fille» à distribuer ces photos, l’actrice répond : «elle a 6 ans, bien sûr qu'elle est d'accord !» Choquante, la vidéo se termine sur la séquence d’un homme qui met dans sa poche plusieurs photos, suivi de ce message : «Sans le savoir, c'est ce que vous faites en exposant vos enfants sur les réseaux. Les prédateurs sexuels vous disent merci».
Ce film a pour but d’exposer la banalité du partage sur les réseaux, tout en alertant sur les risques et conséquences d’une telle action. «Est-ce qu'il nous viendrait à l'idée de distribuer (ces informations) à de simples inconnus dans la rue ? Non. Personne ne fait ça», explique Antoine Colin, directeur de la création, dans un communiqué. «Alors pourquoi le faire sur les réseaux ?» En transposant le partage réalisé en quelques clics à des interactions avec des inconnus dans la vraie vie, l’association utilise une méthode simple de sensibilisation à un nouveau problème de société. Rappelons que 50% des photographies qui s’échangent sur des forums pédopornographiques avaient initialement été publiées par des parents sur leurs réseaux sociaux.
«Monsieur tout le monde»
La campagne est également accompagnée de quatre affiches saisissantes générées par intelligence artificielle illustrant des prédateurs. Dans ces différentes déclinaisons sont représentés des hommes, téléphone à la main, au milieu de lieux fréquentés par des enfants (sortie d'école, terrain de jeux ou de sport, arrêt de bus). Ces visuels mettent en scène des «messieurs tout le monde» qui se fondent dans la masse, dans les lieux que fréquentent quotidiennement des enfants.
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C’est «un papa parmi d'autres à la sortie de l'école, un jeune qui a l'air sympa, un papy sur le bord d’un terrain de sport»… Le message est clair : les prédateurs sexuels existent partout, dans tous les milieux. «Merci d'exposer votre enfant sur les réseaux. Maintenant, je sais où le trouver. Des millions de prédateurs sexuels font comme moi», est-il inscrit froidement sur l’affiche.

Une pratique risquée
Partager des images de ses enfants «est une pratique risquée qui peut mettre en péril leur sécurité», explique Caméléon, qui fait appel à une vigilance collective. En effet, une fois postés, ces contenus échappent au contrôle de ceux qui les publient, devenant accessibles à des millions de personnes tout en partageant des informations que l’on n’imaginait pas divulguer (nom de leur école, de leur club sportif ou du parc qu’ils fréquentent…).
Apparemment anodines, ces informations sont en fait recherchées par des prédateurs «pour être échangées sur des forums pédocriminels ou utilisées pour approcher des enfants à des fins sexuelles», rapporte l’association. «Chaque publication augmente le risque que les enfants deviennent leurs cibles». La frontière entre le monde numérique et le monde réel n'est pas imperméable, puisque 40% des personnes ayant consulté des contenus pédocriminels en ligne ont par la suite cherché à contacter un enfant, selon l’ONG finlandaise Protect Children.
Le 6 février 2024, l’Assemblée nationale avait adopté à l’unanimité une loi pour protéger le droit à l'image des enfants sur internet. En obligeant les parents à prendre en compte le droit à l'image et la vie privée de l'enfant, ce texte était une réponse aux dérives de certaines familles qui exposent leur intimité sur les réseaux sociaux. Il ne reste plus qu’à voir si ces diverses initiatives parviendront à endiguer le phénomène.
ricccco
le
très bonne campagne !!
figminou
le
Sur le fond ils ont raison mais le message est trop alambiqué et la métaphore trop complexe, d'autant que le public visé est déjà un peu dyscomprenant. C'est voué à l'échec...
anonyme 29142
le
Pour se faire entendre cette association exagère le phénomène par exemple "des millions de prédateurs etc ..."?
D'où sortent ces chiffres ou es-ce un moyen de faire paniquer les parents ?