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Bilan, réformes, Alstom : ce qu’il faut retenir de l’interview de Hollande

+ VIDEOS - Deux ans de présidence, réforme territoriale, chômage, 2017... tour d’horizon des principales déclarations de François Hollande ce mardi matin sur BFMTV et RMC.

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Par Valérie Mazuir

Publié le 6 mai 2014 à 09:36

Plus impopulaire que jamais deux ans après son élection, François Hollande a répondu ce mardi matin, sur BFMTV et RMC, aux questions du journaliste Jean-Jacques Bourdin, puis à celles des auditeurs et téléspectateurs.

Tour d’horizon de ces principales déclarations :

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Bilan. « Je savais quelle était la situation du pays. Mon objectif c’était de remettre la France en marche. En 2012 si j’ai gagné c’est parce que mon prédécesseur avait échoué. Je demande à être jugé à la fin du quinquennat. Je me bats pour que l’inversion de la courbe du chômage, cette promesse, qui est la seule qui compte, soit tenue.

« Est-ce que j’ai dissimulé la gravité de la crise ? Non, je l’avais évoquée pendant la campagne présidentielle. Est-ce que je n’ai pas suffisamment dit au lendemain de l’élection que la situation que j’avais trouvée était grave ? Oui, je ne l’ai pas suffisamment dit. Je n’ai pas suffisamment dit que la situation était grave. Je n’ai pas suffisamment souligné la dégradation de compétitivité française. Le rapport Gallois a très bien situé le mal français. Je n’ai alors pas tergiversé. »

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Nouvelle anaphore. Le chef de l’Etat a ajouté une nouvelle anaphore à son répertoire, pour dénoncer les critiques en « amateurisme ». « Amateurisme quand il s’est agi de sortir de la crise de la zone euro ? Amateurisme quand il s’est agi d’intervenir au Mali quand personne ne le faisait et que le terrorisme était en train de gagner la partie ? Amateurisme quand il s’est agi d’aller en Centrafrique pour éviter un génocide ? Amateurisme sur la crise syrienne quand j’ai été le seul chef d’Etat occidental à dire « Attention, ce qu’on est en train de laisser faire, c’est un massacre » ? » Et de conclure : « Je préfère prendre mes responsabilités et être jugé sur mes résultats. »

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Réforme territoriale. François Hollande a évoqué « 12 ou 11 régions », sur les 22 que compte actuellement le France métropolitaine. « La moitié, donc, pourrait être la bonne carte de notre territoire et pour les départements, je pense que les conseils généraux ont vécu ». « Toutes ces structures ne sont plus lisibles. Il faut de la proximité et de la lisibilité. Je vais procéder à une consultation des principaux chefs de parti. François Hollande a envisagé un report des élections cantonales et régionales de 2015 en 2016, estimant qu’il « serait intelligent » de les tenir « avec le nouveau découpage » territorial que doit mettre en oeuvre le gouvernement. « Si c’est 2016, ça permettrait d’avoir le temps ». « Une réforme majeure doit être portée. Il n’y a plus de temps à perdre. On verra alors qui sont les conservateurs et qui sont les réformateurs ».

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Alstom. L’offre de General Electric « pas suffisante aujourd’hui ». « Aujourd’hui, nous avons suffisamment de moyens de pression pour faire en sorte que, à la fin du processus, ce soit bon pour Alstom, bon pour l’industrie française et bon pour la diversification énergétique » Il faut « faire en sorte que les offres soient enrichies en termes d’emplois ». « Le rôle de l’Etat c’est d’obtenir des réponses à toutes les questions et faire en sorte que l’intérêt national puisse être préservé ».

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Aller plus vite. « Lorsque les Français disent qu’ils veulent que cela aille plus vite et plus fort, alors j’en tiens compte. On va aller plus vite sur la réforme territoriale, on va aller plus vite sur la simplification, on va aller plus vite sur l’allègement du coût du travail, on va même aller plus vite sur les impôts qui doivent baisser puisque dès cette année 2014, nous allons prendre une mesure supplémentaire pour les salariés modestes ».

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Chômage. « Je me suis fixé comme objectif, comme obligation - ça sera la preuve que le pays a pu sortir de la situation dans laquelle je l’avais trouvé - la baisse du chômage. C’est mon obsession, mon combat ». « Comment voulez-vous qu’à la fin du mandat, si j’ai échoué sur la croissance, échoué sur le chômage, échoué sur le redressement du pays, je puisse dire « j’ai la solution pour la suite » ? », s’est interrogé François Hollande, répondant à une question sur une éventuelle candidature en 2017. Le chef de l’Etat a également affirmé ne pas s’être posé la question d’une éventuelle participation de sa part à une primaire à gauche en vue de la présidentielle, comme l’avait suggéré le responsable PS Julien Dray. « Je suis dans un combat, ce n’est pas mon élection ou ma réélection qui me préoccupe, c’est l’avenir de la France ».

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Remaniement. « Jean-Marc Ayrault a fait du bon travail. Je salue ce qu’il a fait, c’était important pour le pays. Mais j’ai entendu la sanction des municipales. J’entends les colères, je vois les insatisfactions. Manuel Valls, avec une équipe resserrée, doit donner l’impulsion nécessaire et nous allons y parvenir. Tant mieux s’il est populaire. Je n’allais pas prendre un homme qui était jugé comme impopulaire ou comme incompétent ».

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Réforme des rythmes scolaires. « Qu’il y ait eu des difficultés d’adaptation, j’en conviens volontiers, et c’est la raison pour laquelle j’ai demandé à Benoît Hamon d’adapter, de simplifier et d’assouplir » la réforme. « Faisons en sorte que dans la plupart des communes, ça se passe bien et nous en ferons l’évaluation. Je ne suis pas dogmatique. Si dans deux ou trois ans il y a des retours qui ne sont pas ceux que l’on a espérés, nous en ferons le bilan ».

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Droit de vote des étrangers aux élections locales. « Je n’ai pas voulu introduire ce texte avant les élections municipales, parce qu’on nous en aurait fait le reproche. Il n’y a pas de majorité aujourd’hui pour voter ce texte. Il faut une majorité des trois cinquièmes parce qu’il faut changer la Constitution. Ce texte sera de nouveau proposé après les scrutins pour que dans la préparation (des élections) qui viendront dans six ans, il puisse y avoir cette réforme ».

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Vie privée. « La vie privée relève de la vie privée. Il y a toujours à avoir une relation simple avec les Français. Qu’ils me jugent sur ce que je fais, qu’ils me regardent pour ce que je suis, et je n’ai pas ici à confondre vie privée et vie publique. Mon comportement a toujours été digne. Jamais je n’ai été dans une forme de vulgarité ou de grossièreté. »

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L’affaire Leonarda. « Il y avait un débat, y compris au sein du gouvernement. Cette famille avait été expulsée, à raison, le droit et la justice l’ont confirmé. Il y avait un doute, nous avons cherché une solution. La famille ne pouvait pas revenir, cette jeune fille avait été arrêtée là où elle n’aurait pas dû l’être. Elle avait sa soeur qui était en France, elle pouvait y venir. Elle ne l’a pas voulu, cette question est réglée ».

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Salaire de Pierre Gattaz. François Hollande a appelé le président du Medef, Pierre Gattaz, à la « responsabilité », alors que « Le Canard enchaîné » révèle que le patron des patrons a augmenté sa rémunération de 29% dans son entreprise l’an dernier. « Il y a un moment où chacun doit être responsable : on ne peut pas demander la baisse du SMIC, voire sa suppression, et en même temps considérer qu’il n’y a pas de salaire maximum ». « Que tout est possible pour ceux qui sont en haut et que rien ne serait possible pour ceux qui sont en bas! ». C’est « un principe contraire aux principes de la République ».

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Ukraine. L’enjeu majeur actuellement en Ukraine est la tenue de la présidentielle du 25 mai, a estimé le chef de l’Etat. Il faut « permettre que le président qui sortira vainqueur de ce scrutin puisse être légitime aux yeux de tous », ce que ne veulent pas « les Russes, Vladimir Poutine ». Si la présidentielle « ne se tenait pas, ce serait le chaos et le risque de guerre civile. » « La pression (sur la Russie) doit être exercée par l’Europe toute entière, par les Etats-Unis à travers les sanctions. Et c’est l’intérêt aussi de la Russie parce qu’elle ne peut pas être regardée comme le pays qui veut empêcher un autre pays, en l’occurrence l’Ukraine, de voter ». « J’ai d’ailleurs eu par des voix indirectes un rapport avec Vladimir Poutine pour lui signifier combien cette élection était pour la France majeure. Pour l’instant, je pense qu’il doit être sous la pression ». « Nous avons le devoir, les Européens, d’être cohérents. Est-ce que l’Europe est capable de porter un message simple, unique et avec les moyens de pression suffisants, les sanctions. La France et l’Allemagne sont sur cette position et c’est ce qui peut nous permettre d’avoir l’élection du 25 mai ».

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Les réponses aux questions des auditeurs et téléspectateurs. Pendant 30 minutes, François Hollande a répondu aux critiques de Français en direct. Un genre télévisuel, réceptacle de toutes les complaintes individuelles.

Nicole Aubineau, 61 ans et 5 enfants : « Je me retrouve avec une retraite de 662 euros par mois. Pensez-vous que vous pourriez vivre avec cette retraite là ? » Réponse : « Bien sûr que c’est très difficile. Il faut permettre à celles et ceux qui ont travaillé longtemps de pouvoir partir à 60 ans, ça a été l’une des premières mesures que j’ai prises ». Le président a évoqué les mesures spécifiques pour les carrières interrompues et la prochaine loi sur l’égalité femme-homme qui « vous permettra de récupérer ces droits ».

Gaëlle, licenciée économique qui touche 490 euros d’ASS (Allocation de solidarité spécifique) par mois. « Je voudrais savoir ce que vous comptez faire pour moi, monsieur le président. » Réponse : « Ne pas vous laisser dans cette situation. (...) Vous dire que vous avez un avenir. Vous pouvez apprendre un nouveau métier... ». « Non, parce que Pôle Emploi n’a pas d’argent pour les formations! », l’interrompt la trentenaire. « Je veillerai à ce qu’il y en ait », a répliqué le président, tout en indiquant qu’il ne pouvait pas promettre un emploi.

A Christine Cornil, fonctionnaire territoriale à Nanterre qui lui demandait si lui, « président normal » trouvait « normal » qu’un couple de cadres ait « la corde au cou toutes les fins de mois », François Hollande a promis qu’il n’y aurait « pas pour les années qui viennent d’augmentation de prélèvements ». « Prenez cinq minutes pour me recontacter et je vous expliquerai la vie de deux cadres avec deux enfants ». « Je vous recontacterai », a promis le président.

Confronté à Laurence Anselmet, membre des « gilets jaunes » réfractaires à la réforme des rythmes scolaires, il a défendu la semaine de 4 jours à l’école, admettant qu’il y avait des difficultés d’application.

Sophie Nicolas, 47 ans, chef d’entreprise dans la communication : « Nos entreprises, nos TPE représentent un peu plus de 90% des entreprises, on explose de charges. » « Si je gérais ma boite comme le pays est géré, je crois que je dépose le bilan, clairement. » Réponse : « Vous savez, la France a failli déposer son bilan. Quand je suis arrivé, elle avait fait 600 milliards de dettes supplémentaires, donc je prends le pays comme il est. Et j’essaye de faire en sorte que des entreprises comme les vôtres puissent aller mieux ».

Rachida Benahmed, 57 ans, employée de bureau à Meaux : « Les extrémistes s’activent à radicaliser nos quartiers sensibles et envoyer nos jeunes au Jihad, que comptez-vous faire sachant que les petites filles sont voilées et que la polygamie est de rigueur dans un pays qui est quand même les droits de l’Homme (sic) ?. « La polygamie n’a pas sa place en France », a notamment répondu François Hollande. D’après LeMonde.fr, Rachida Benhamed figurait sur la liste de Jean-François Copé, président de l’UMP, lors des élections municipales.

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Conclusion. « Je n’ai rien à perdre », a lancé le chef de l’Etat en conclusion de son émission. « Ce qui compte, c’est que le pays ait tout à gagner ». Interrogé sur des regrets qu’il pourrait nourrir, il a admis que des réformes auraient pu être menées « plus vite », plus « promptement », plus « rapidement », comme sur la loi ouvrant le mariage homosexuel. « Mais je ne suis pas un président qui doit être dans le regret ». Il se veut « dans le rebond, dans la réplique, dans la réponse, dans la réaction et donc dans la réussite ». « Je veux que ce quinquennat puisse être un quinquennat de réforme et de changement ».

« Moi, je n’ai rien à perdre ». « J’ai été élu par les Français, c’est un honneur considérable qui m’a été fait, une chance formidable qui m’a été donnée ». « Je ne suis pas né comme ça en me disant : je vais être président et puis j’essaierai de l’être encore davantage ». « Je veux qu’on se dise : ce passage, ce moment, ces cinq ans - nous verrons s’il y a lieu d’en faire davantage - ça a été pour le pays le moment où il a fait ses réformes, ses choix, permis que nous nous redressions ». « Je veux, qu’à la fin, les Français se disent : on a eu raison d’avoir confiance en nous, parce qu’on est un grand pays ». « Je veux que la France se dise qu’elle a eu toutes ses chances pendant ces cinq ans ».

« Moi j’aime les Français, j’aime les gens, j’aime ceux qui sont dans une difficulté et qui gardent espoir, j’aime ceux qui sont fiers de leurs pays ». « Moi j’aime la France ». « Je me désole que ce soit en France qu’on dise parfois le plus de mal de nous-mêmes, alors que partout dans le monde, on nous regarde comme un pays qui a des valeurs, un mode de vie, une conception même de la liberté qui devrait faire notre fierté ».

Il a lancé à l’adresse des Français : « Parlez de la France, aimez la France, faites vivre la France, vous êtes la France ! »

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POUR EN SAVOIR PLUS :

VIDEO L'intégralité de l'interview

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