Terrorisme Pour Mickaëlle Paty, « il n'y a eu ni réveil, ni sursaut » depuis la mort de son frère

La sœur de Samuel Paty, tué et décapité par un terroriste le 16 octobre 2020, publie un livre dans lequel elle retrace les événements ayant conduit à l'assassinat de son frère.

La rédaction avec AFP - 16 oct. 2024 à 10:35 | mis à jour le 16 oct. 2024 à 15:03 - Temps de lecture : 2 min
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Mickaëlle, la sœur du professeur d'histoire-géographie assassiné Samuel Paty. Photo Sipa/Servgi

Mickaëlle, la sœur du professeur d'histoire-géographie assassiné Samuel Paty. Photo Sipa/Servgi

La sœur de Samuel Paty témoigne. Dans un livre publié ce mercredi, quatre ans jour pour jour après l'assassinat du professeur d'histoire-géographie, Mickaëlle Paty estime qu'« il n'y a eu ni réveil, ni sursaut ». « Une grande colère m'habite. Celle d'avoir perdu du temps, faute d'avoir été entendue. Il n'y a eu ni réveil, ni sursaut, et nos ennemis ont encore gagné du terrain », affirme Mickaëlle Paty dans son livre Le cours de monsieur Paty (Albin Michel), co-écrit avec l'autrice Emilie Frèche. Elle y retrace les événements ayant conduit à l'assassinat de son frère le 16 octobre 2020 près du collège où il enseignait, à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), 11 jours après avoir donné un cours sur la liberté d'expression.

« Désormais, l'alibi des caricatures ou du voile ne leur sont même plus nécessaires pour attaquer l'école, nous en avons eu la triste preuve avec Dominique Bernard. Être prof suffit à vous mettre dans le viseur de ces intégristes », ajoute-t-elle, appelant à la mise en place d'« une réelle politique publique pour la promotion de nos valeurs, et non pas uniquement pour leur défense ». Pour elle, Samuel Paty « est mort parce que face à l'offensive islamiste, nous n'avons produit depuis des années qu'une série de renoncements qu'on croyait sans importance, mais qui, mis bout à bout, ont construit un système ».

« Nous réarmer idéologiquement »

Alors que la cour d'assises spéciale de Paris va juger à partir du 4 novembre huit personnes impliquées dans l'assassinat de Samuel Paty, Mickaëlle Paty dit « attendre de ce moment judiciaire le rétablissement de la vérité sur le cours de [s]on frère, mais également la mise à nu de l'islamisme comme projet politique contre lequel nous devons nous battre ». « La situation est devenue si critique que nous ne pouvons plus nous contenter de réagir aux attaques. Il nous faut désormais nous réarmer idéologiquement », estime-t-elle.

Mickaëlle Paty a saisi en juillet la justice administrative pour faire reconnaître la responsabilité de l'Etat dans l'assassinat de son frère. Une minute de silence a été organisée lundi dans les collèges et lycées de France en mémoire de Samuel Paty et de Dominique Bernard, un autre professeur tué par un islamiste radicalisé. Un total de 78 « perturbations et contestations » a été recensé par le ministère de l'Éducation nationale pendant ces temps d'hommage, selon un bilan provisoire, contre 230 « l'an dernier, au même moment ».