Sa mère alcoolique, son père violent, l’enfant est placé par la justice chez un voisin condamné pour viol sur mineur

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  • L’enfant de neuf ans a été placé chez son voisin, qui a été condamné pour viol sur mineur de moins de 15 ans en 2008.
    L’enfant de neuf ans a été placé chez son voisin, qui a été condamné pour viol sur mineur de moins de 15 ans en 2008. DDM - MAX LAGARRIGUE
Publié le , mis à jour

l'essentiel Nos confrères de Mediapart ont révélé une affaire invraisemblable, dimanche 27 octobre 2024. Un enfant de 9 ans a été placé par un juge des enfants du palais de justice de Montauban, en Tarn-et-Garonne, chez le voisin de sa mère. L’homme a été condamné par le passé à dix ans de prison pour viol sur mineur. Le passé du sexagénaire a été mis au jour par une incroyable coïncidence.

L’affaire, révélée par Mediapart, est invraisemblable. Un enfant résidant dans le Tarn-et-Garonne a, pendant environ un an et sur décision de justice, été placé chez un voisin sexagénaire, lequel a été condamné en 2008 à dix ans de prison pour viol sur mineur de moins de 15 ans.

Pour comprendre tous les tenants de cette affaire, il convient de brosser la situation du jeune garçon, Kévin*. Ses parents sont séparés. Kévin est donc logiquement gardé par sa mère. Laquelle connaît des problèmes d’addiction à l’alcool après avoir été victime de violences intrafamiliales.

L’homme est désigné "tiers de confiance"

Toujours selon nos confrères, elle ne paie plus son loyer, ni l’électricité et ne travaille pas. En 2022, un signalement est donc fait aux services sociaux. À ce moment-là, le procureur est saisi. Il faut alors tenter de trouver un point de chute pour que le jeune garçon puisse continuer sa croissance dans les meilleures conditions possible.

Finalement, lors d’un premier jugement, Kévin reste chez sa mère mais doit bénéficier d’une surveillance d’une association. Sans succès. Kévin trouve refuge chez le voisin, Serge. Finalement, lors d’une audience en octobre 2023, une juge des enfants ordonne le placement de Kévin chez Serge en tant que "tiers de confiance", plutôt que de l’envoyer en foyer ou en famille d’accueil. Le casier judiciaire de Serge n’est pas vérifié, puisque la loi dite Taquet sur la protection des mineurs, ne l’oblige pas, contrairement par exemple à des membres de la famille.

Le casier judiciaire pas vérifié

Ce dernier détail est décisif dans cette affaire. La décision est acceptée par les parents, présents à l’audience, qui ne se doutent alors de rien. Car Serge reste muet sur son passé.

L’association chargée de suivre le placement de Kévin chez Serge n’assure qu’une première visite de suivi six mois après la décision de justice, par manque de moyens. Entretemps, le sexagénaire et l’enfant cohabitent dans un appartement de 50 m2 qui ne compte qu’une seule chambre. L’homme dort apparemment sur le canapé.

L’ancienne avocate du violeur lance l’alerte

Finalement, cet hébergement prend fin près d’un an après la décision de justice, par le plus grand des hasards. Soucieuse de bénéficier d’un droit de visite pour son fils, la mère de Kévin sollicite une avocate montalbanaise. Laquelle fait rapidement le lien entre Serge le "tiers de confiance" et l’homme qu’elle a défendu en 2008 devant la cour d’assises pour viol sur mineur de moins de quinze ans.

À partir de là, tout s’enchaîne. L’avocate se rend au palais de justice, à quelques centaines de mètres de son cabinet, pour dénoncer la situation. Kévin est alors récupéré à la sortie de l’école, le 4 octobre. Il ne rentrera plus chez Serge. "Mon inquiétude, c’est qu’il ait fait des choses à mon fils", s’inquiète la mère de Kévin auprès de nos confrères. Pour le moment, cette crainte reste sans réponse. L’avocate montalbanaise et le parquet de Montauban, sollicités, n’ont pas répondu à nos questions.

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Les commentaires (67)
jean-daniel Il y a 4 mois Le 03/11/2024 à 16:24

Il n'y a plus rien qui tourne rond dans ce pays... Une affaire sur 100 ou plutôt 1000 est médiatisée et c'est comme ça que l'on continue à pédaler consciencieusement la tête dans le guidon.

Nightroad Il y a 5 mois Le 31/10/2024 à 07:59

Incroyable exemple du dysfonctionnement de cet organisme de placement.
Et non, tout ne se résume pas au manque d'effectifs !
Pauvre gosse qui commence mal sa jeunesse......

bou Il y a 4 mois Le 02/11/2024 à 21:27

Pas assez de suivi,et les enfants ne devraient pas être placé chez n importe qui ,il doit avoir de la famille non?pauvre gamin et il vallait mieux qu il soit en foyer , souvent c est mieux.

Steph.01 Il y a 5 mois Le 30/10/2024 à 22:23

L'homme dors sur le canapé...mais oui bien sûr , ils ont oublié de signaler, après avoir abusé de cette enfant , c'est un prédateur sexuel déjà condamné.