Le président du Medef n’aime pas les déclarations intempestives de sa prédecesseure, Laurence Parisot. Et il a décidé de lui faire savoir très officiellement. Le Monde s’est procuré une lettre que Pierre Gattaz lui a envoyé lundi 5 mai pour lui demander de respecter « une obligation de réserve ». « J’ai été choqué (...) de certaines de vos prises de positions récentes sur des sujets que je portais au titre de notre institution », écrit-il à Mme Parisot, en lui demandant « à tout le moins » de veiller à ce que la mention « ancienne présidente du Medef » n’apparaisse pas lors de ses interventions médiatiques.
Depuis quelques semaines, l’ancienne patronne des patrons a multiplié les critiques sur les prises de positions de Pierre Gattaz. La dernière en date, s’est faite par Twitter, le 15 avril, quand Mme Parisot a dénonce « la logique esclavagiste » de ceux qui proposent « un salaire en dessous du Smic », comme l’avait fait M. Gattaz quelques heures plus tôt. Une déclaration qui avait été reprise par tous les médias. En février, elle avait déjà défendu le maintien du régime des intermittents du spectacle dans une tribune aux Echos, alors que le Medef demandait officiellement sa suppression.
>> Lire : Smic : Parisot dénonce la « logique esclavagiste » de Gattaz
Jusqu’ici M. Gattaz avait plutôt choisi de ne pas commenter directement ces déclarations, laissant ses lieutenants le faire pour lui. Mais il a visiblement décidé de changer de stratégie. « Votre statut d’ancienne présidente du Medef et de présidente d’honneur, vous impose, plus qu’à quiconque et comme à vos prédecesseurs, une obligation de réserve dans votre commentaire de l’action de notre institution », estime -t-il, avant de conclure qu’il est « toujours disposé à écouter [ses] remarques et conseils sur tous nos sujets, mais qu’il nous semblerait préférable que ces remarques se formulent en bilatéral plutôt que sur les ondes ».
Pas sûr que Mme Parisot, qui n’aime rien moins que concentrer l’attention des médias sur elle, accepte de respecter les demandes de son successeur. La patronne de l’Ifop, qui avait tenté en février 2013 de changer les statuts du Medef pour faire un troisième mandat, n'a en effet jamais caché en privé son aversion pour M. Gattaz. Elle critique notamment régulièrement son opposition supposée aux vertus du dialogue social. Dans les milieux patronaux, on la soupçonne de plus en plus de vouloir entrer en politique. « Elle a toujours été fascinée par la politique. Taper sur Pierre est pour elle une façon d’exister. Cette lettre est une bonne idée, mais à mon avis elle n’en tiendra pas compte », lâche d’ailleurs, désabusé, un cadre du Medef.
Voir les contributions
Réutiliser ce contenu