Manifestation à Lima contre l'impunité de la présidence Fujimori, après la stérilisation de 325 000 autochtones entre 1996 et 2001 (photo du 28/12/2017) ©Getty - Photo by Fotoholica Press/LightRocket via Getty Images
Manifestation à Lima contre l'impunité de la présidence Fujimori, après la stérilisation de 325 000 autochtones entre 1996 et 2001 (photo du 28/12/2017) ©Getty - Photo by Fotoholica Press/LightRocket via Getty Images
Manifestation à Lima contre l'impunité de la présidence Fujimori, après la stérilisation de 325 000 autochtones entre 1996 et 2001 (photo du 28/12/2017) ©Getty - Photo by Fotoholica Press/LightRocket via Getty Images
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Les stérilisations forcées menées sur 325 000 autochtones au Pérou entre 1996 et 2001, à la fin de la présidence Fujimori, pourrait constituer un "crime contre l'humanité", affirme un comité de l'ONU qui défend les femmes. Il exige des compensations financières et soutien psychologique.

La stérilisation forcée de 300 000 femmes autochtones et de 25 000 hommes, entre 1996 et 2001, pan tragique et méconnu de l'histoire du Pérou : 325 000 autochtones ont été stérilisé.e.s de force à la fin de la présidence d'Alberto Fujimori, entre 1996 et 2001. "Cela pourrait constituer un crime contre l'humanité", selon les Nations Unies, explique le quotidien péruvien La República. Cette décision onusienne est qualifiée d'historique, par Infobae Perú et El País America. L'ONU dénonce, dans son rapport, des "faits généralisés et systématiques", "des violences sexuelles et une discrimination intersectionnelle", rapporte le journal péruvien El Comercio. En effet, si l'Etat disait vouloir combattre la pauvreté, rappellent El País America et la Deutsche Welle Español (la radio internationale allemande dans sa version hispanophone), ce sont avant tout des femmes autochtones, venant de milieux ruraux, défavorisés, mais aussi de la capitale Lima, qui ont été ciblées, estime le Comité des Nations Unies pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes. 25 000 hommes autochtones ont aussi été stérilisés contre leur gré, indique le Guardian, au Rouyaume-Uni.

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"Schéma constant de coercition, de pression ou de tromperie pour soumettre à des stérilisations, dans des cliniques sans infrastructure adéquate ni personnel formé", souligne encore l'ONU, citée par le journal péruvien La República. María Elena Carbajal fait partie des 325 000 victimes autochtones. En 1996, elle n'avait que 26 ans quand, après avoir accouché de son quatrième enfant dans un hôpital de Lima, les infirmières ont caché son bébé : pour le revoir, pas d'autre choix que de se faire ligaturer les trompes, racontent El País America et la Deutsche Welle Español. "J'étais là, seule, abasourdie. On m'a mis la pression pour ne plus avoir d'enfants, en m'obligeant à faire ligaturer", confie María Elena à la Deutsche Welle Español. "Je n'étais qu'un cobaye, pour eux." La péruvienne explique ressentir encore, aujourd'hui, les séquelles de cette stérilisation forcée, avec "des douleurs, comme une personne de 80 ans". Mais grâce à la décision de l'ONU qui reconnaît la souffrance de ces femmes, accusées, par leurs détracteurs, de mentir, Maria Elena se sent légitimée et dit à El País America avoir "l'impression de revivre".

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L'ONU exhorte l'Etat péruvien à procéder à des réparations au plus vite des victimes du Fujimorisme : Compensation financière et soutien psychologique, au plus vite, note La República. Jusqu'à présent, les gouvernements de droite comme de gauche ont refusé ces réparations, déplore, dans les pages El País America, l'Association des femmes péruviennes touchées par les stérilisations forcées. Cet été, rappelle El Comercio, l'État péruvien a promulgué une loi qui empêche la poursuite des crimes contre l'humanité commis avant le 1er juin 2002, soit une manière de préserver l'ancien président Alberto Fujimori. La Cour interaméricaine des droits de l'homme a, depuis, demandé l'annulation de cette loi. Si Alberto Fujimori est mort le mois dernier, ses ex-ministres de la santé sont encore là, note El País America. Cinq procédures judiciaires sont en cours au Pérou et au niveau international (devant la Cour interaméricaine des droits de l'homme et à l'ONU). Pour les autochtones, cités par El País, il est temps que l'Etat péruvien paye sa dette.

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Réparations demandées dans d'autres pays par les victimes de stérilisation forcée : Au Canada, le dernier cas remonte à 2019, alertent le journal québécois Le Devoir et Radio Canada, si bien que le Collège des médecins a dû se doter d’un plan, en juin dernier, pour regagner la confiance des Autochtones, ajoute Le Devoir. Aux Etats-Unis, dans les années 70, "au moins un quart des femmes amérindiennes en âge de procréer ont subi une stérilisation forcée", explique également le Time Magazine.** Même type de pratique en Australie contre les Aborigènes, indique The Conversation. Au Groenland, dès les années 1960, la moitié des femmes, dans un territoire à majorité Inuit, ont été victimes de contraception et stérilisation forcées. Parfois, dès l'âge de 12 ans. L'Etat danois voulait faire baisser la natalité sur l'île. Là encore, les traumatismes sont toujours présents, souligne DR, la radio-télévision publique du Danemark.

D'autres violences contre les femmes à la Une

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L'ONU s'inquiète d'un "monde en guerre contre les femmes" : Ces civiles représentent désormais 4 morts sur 10 dans les conflits armés soit deux fois plus que l'an dernier, relèvent le Guardian et El País. La guerre de Gaza contribue largement à cette augmentation, mais aussi les conflits, toujours en cours en République démocratique du Congo et au Soudan. Le viol est encore utilisé comme arme de guerre, rappelle El País (sujet déjà évoqué dans la chronique de lundi). La BBC alerte, désormais, sur l'augmentation des suicides dans l'Etat agricole d'Al-Jazira, au centre du Soudan, où les paramilitaires sont accusé de commettre massacres et exactions en série. L'Afghanistan des talibans a également déclaré la guerre contre les femmes, ajoute El País, avec une nouvelle interdiction faite aux femmes de parler ou de prier ensemble, explique le magazine britannique The Week.

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Inquiétude, aux Etats-Unis sur le droit à l'avortement : c'est l'un des angles d'attaque du camp démocrate contre Donald Trump, note CNN. Le candidat républicain a dit vouloir protéger les femmes, que cela leur plaise ou non". Fox News, affirme qu'il ne s'agissait pas de revenir, notamment, sur le droit à l'avortement ; c'était une défense contre "les immigrés qui envahissent les Etats-Unis pour commettre des crimes et des viols", explique Fox News. Pour la chanteuse Beyoncé, qui soutient Kamala Harris (elle était d'ailleurs à Houston cette semaine, dans son Texas natal, pour assister à un meeting de la démocrate), "il est temps de changer de refrain". La chanson de Beyoncé "Freedom" sert de BO à la campagne de Kamala Harris depuis cet été, comme le rappelle le magazine Rolling Stone. La candidate démocrate Kamala Harris multiplie, elle, les messages sur le terrain, en meeting et sur les réseaux sociaux ces derniers jours pour rappeler que la liberté des femmes est en jeu dans cette élection présidentielle, mais aussi dans les élections locales qui se tiennent aussi ce 5 novembre prochain, en Floride par exemple, ou au Texas, scrutins dont on parle moins.

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