Scandale des « Duchy Files » : chez les Windsor, l’argent est roi
Une enquête a fait le décompte des sommes mirifiques perçues par la « Firme » qui loue au gouvernement (et au prix fort) des terrains et bâtiments dans deux duchés royaux. Sans payer d’impôt par la grâce de lois… féodales.

C’était l’un des secrets les mieux gardés du royaume. Même le Parlement britannique n’est jamais parvenu à percer le fonctionnement des duchés de Lancaster et de Cornouailles, ces propriétés (terres et biens immobiliers) aux mains de la monarchie depuis sept cents ans, et à l’opacité légendaire. Il aura fallu trois médias, le Sunday Times, le Daily Mirror et l’émission d’investigation « Dispatches » (Channel 4), pour mener cinq mois d’enquête et comprendre pourquoi les Windsor verrouillent les livres de comptes de ses fameuses holdings.
Tout commence au XVIIIe siècle par une dette. Celle du règne de George III, empêtré dans les guerres et dépenses personnelles. Les cordons de la bourse monarchique passent alors sous le contrôle du Domaine de la couronne, une entité qui va financer le budget des souverains grâce à la « rente royale », une somme versée au monarque et à sa famille chaque année. En 2025, la dotation s’élèvera à 32 millions de livres (39 millions d’euros). Mais, bizarrerie de l’histoire, deux seigneuries ont échappé à cette réforme. Les duchés de Lancaster et de Cornouailles n’avaient guère de valeur lucrative à l’époque.