29,8 %. C’est le nombre de femmes de 18-69 ans qui déclarent avoir subi un rapport forcé ou une tentative en 2023, selon une enquête de l'Inserm et l'ANRS Maladies infectieuses. En 2006, le chiffre était de 15,9 %. Publiée ce mercredi 13 novembre, l'enquête, qui porte sur le « contexte des sexualités en France 2023 », et a été réalisée auprès de quelque 31 000 personnes, établit que « les déclarations de violences sexuelles ont sensiblement augmenté au fil du temps ».
Ainsi en 2023, 36,8 % des jeunes femmes âgées de 18 à 29 ans, contre 12,4 % des hommes de cette tranche d'âge, ont déclaré « avoir subi un rapport forcé ou une tentative de rapport forcé au cours de leur vie », contre 16,5 % et 4,7 % en 2006. Et « nombre de ces violences sont survenues alors que la personne était mineure au moment des faits ».
Ces chiffres traduisent « à la fois une augmentation de la capacité à qualifier les faits de violence et une augmentation de la fréquence de tels événements, mais aussi une plus grande facilité à les évoquer dans le cadre d'une recherche », estiment les auteurs de l'enquête. Ils reflètent aussi « les évolutions et la définition même d'une violence sexuelle » qui « s'est modifiée au fil du temps », alors que la notion de consentement a refait surface dans les années 2010 avec l'onde de choc #MeToo.
Alors que le viol conjugal n'est reconnu dans la loi que depuis 1992 en France, des « actes autrefois considérés comme ‘‘normaux’’ peuvent ainsi désormais être qualifiés, à juste titre, de rapports forcés », souligne l'enquête.
Une femme sur trois a vécu « une expérience préjudiciable » en ligne
L'enquête publiée ce mercredi tente aussi de cerner l'ampleur des « différentes formes de harcèlement sexuel : réception de messages ou d'images intimes ou sexuelles non sollicités, diffusion à son insu d'images intimes », subies en particulier par les jeunes.
Alors que les « activités sexuelles en ligne » – connexion sur un site de rencontre, rencontre de partenaire sexuel·le en ligne, échange d'images ou vidéos intimes – ont connu un développement massif depuis vingt ans, une femme sur trois âgée de moins de 30 ans et un homme sur quatre ont déclaré en 2023 avoir « vécu une expérience préjudiciable en ligne » (contre 13,1 % des femmes et 12,8 % des hommes âgés de 18 à 89 ans).
Ce harcèlement sexuel prend différentes formes : « réception de messages ou d'images intimes ou sexuelles non sollicités, diffusion à son insu d'images intimes », précise l'enquête. Face à cette évolution préoccupante, il convient de « développer des politiques d'éducation tout au long de la vie sur ces nouvelles formes d'échanges intimes », et de « prise en charge des personnes confrontées aux violences sexuelles numériques ».