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Education nationale : le grand écart des rémunérations entre enseignants

Le ministère de l'Education vient de publier sa première étude sur l’écart réel de rémunérations entre enseignants. Les différences de salaires sont notables entre les corps d’enseignants et à l’intérieur de ceux-ci.

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Une étude révèle de grands écarts de rémunération entre enseignants.

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 6 mai 2014 à 19:05

C’est « une première », souligne Catherine Moisan, en charge de la direction des études au ministère de l’Education. Le « bilan social » qu’elle vient de publier, une vaste étude qui se penche sur tous les personnels, a calculé cette année les rémunérations des enseignants à partir des feuilles de paie. « Les années précédentes, le calcul se faisait sur des carrières-types et des individus fictifs, alors que cette fois, on a travaillé sur des données réelles », explique Catherine Moisan.

« Les différences sont énormes »

L’étude révèle de grands écarts de rémunération entre enseignants. Elle souligne d’abord les différences entre hommes et femmes. Chez les enseignants du secteur public de France métropolitaine, l’écart de salaire net est de 13 %, soit 4.000 euros par an (sur-représentation dans le premier degré, carrières plus courtes, moins d’heures supplémentaires, etc.).

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L’étude montre ensuite, dans le détail, que tous les enseignants ne sont pas logés à la même enseigne. « Entre un professeur de chaire supérieure dont le salaire moyen avoisine les 70.000 euros nets par an et un enseignant du premier degré à 26.000 euros, les différences sont énormes, souligne Bruno Suchaut, spécialiste reconnu de ces questions. Mais ce qui frappe, c’est qu’en moyenne les enseignants français ne sont pas très bien payés par rapport aux autres pays de l’OCDE. »

Heures supplémentaires

D’autres différences sont frappantes. Les professeurs des écoles gagnent environ 5.000 euros de moins que les certifiés, alors qu’ils partagent les mêmes indices. « Les primes expliquent la majorité de l’écart entre les professeurs des écoles et les certifiés », souligne l’étude. « Les certifiés font des heures supplémentaires, pas les professeurs des écoles », complète Catherine Moisan. Ces écarts se creusent avec l’âge, notamment chez les plus de 50 ans : la différence entre les salaires bruts hors primes atteint alors 2.000 euros par mois. Une différence due à l’évolution de carrière et aux différentes promotions, selon le ministère, qui explique aussi que certains enseignants du premier degré peuvent encore partir en retraite cinq ans avant leurs collègues du second degré. Ces derniers « atteignent donc des échelons plus élevés ».

Une autre raison tient au fait que les certifiés « passent plus fréquemment à la hors classe », un grade financièrement très avantageux. Le déséquilibre avait d’ailleurs conduit l’an dernier l’ex-ministre de l’Education Vincent Peillon à annoncer une ouverture plus large de ce grade aux enseignants du premier degré. Mais l’annonce, promise en même temps qu’une prime de 400 euros destinée à réduire l’écart entre premier et second degré, n’a pas suffi à faire taire les revendications des enseignants du premier degré qui s’estiment lésés, alors qu’ils font autant d’années d’étude que leurs collègues du second degré.

Grilles salariales

L’hétérogénéité entre enseignants se lit aussi à l’intérieur des degrés et des corps. Entre les 10 % d’enseignants du premier degré les mieux payés et les 10 % les moins rémunérés, l’écart net annuel est de 10.000 euros. Dans le second degré, cet écart se monte à 18.000 euros par an. « Les primes contribuent peu à ces écarts », note le ministère. Qui avance l’argument des grilles salariales : les 50 ans et plus ont un salaire brut hors primes supérieur de 40 % à celui des moins de 30 ans dans le premier degré, et de 60 % dans le second degré. Qu’ils soient dans le premier ou dans le second degré, les enseignants de France métropolitaine partagent ensemble un écart avec leurs collègues des départements d’outre-mer (DOM). Où le salaire brut y est environ 40 % plus élevé, du fait des bonifications de salaires dont bénéficient les fonctionnaires.

Reste à savoir ce que le ministère fera de cet état des lieux. En mai 2013, la Cour des comptes avait suggéré de mieux payer les professeurs en répartissant différemment les 50 milliards d’euros de masse salariale. Vincent Peillon, qui avait tenté l’an dernier de prendre un peu aux professeurs de classes prépa pour donner plus aux enseignants des zones sensibles, avait vite fait marche arrière.

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