Maladie « inconnue » et dizaines de morts  : quatre questions sur une « alerte maximale » en RDC

Le gouvernement de République démocratique du Congo, en « alerte maximale », émet plusieurs hypothèses d’explication tandis que l’OMS a envoyé sur place une équipe pour faire analyser des prélèvements.

    Cinq ans après l’apparition du Covid, un nouveau « virus inconnu » pourrait semer le trouble en République démocratique du Congo (RDC). Des centaines de personnes sont tombées malades, des dizaines d’entre elles sont mortes.

    La situation est néanmoins très différente et elle n’inspire pas du tout la même inquiétude à l’échelle mondiale, bien qu’elle intrigue les scientifiques. « Nous sommes en alerte maximale », a souligné ce jeudi le ministre de la Santé publique de RDC, Samuel Roger Kamba Mulamba, lors d’une conférence de presse. On fait le point.

    1. Que s’est-il passé ?

    Fin novembre, le gouvernement du pays d’Afrique centrale est averti que de nombreuses personnes souffrent de symptômes ressemblant à un syndrome grippal sévère (forte fièvre, maux de tête, nez qui coule, anémie, etc.) dans une zone reculée du pays, appelée Panzi. Celle-ci regroupe « 71% d’enfants en malnutrition, l’un des taux les plus élevés du pays », a indiqué le ministre de la Santé. 40% des malades sont d’ailleurs des enfants.

    2. Quel est le bilan précis de morts ?

    Il est encore incertain, mais il s’élève à plusieurs dizaines de décès minimum. « Un événement de santé publique inconnu » détecté depuis le 24 octobre a « déjà causé la mort de 27 personnes sur un total de 382 personnes touchées », selon l’Institut national de Santé publique, hygiène et prévention sociale, dans un bilan datant de mardi soir.

    Mais dans un communiqué de presse paru dans la nuit de mardi à mercredi sur sa page Facebook, le ministère de la Santé publique de RDC évoquait un nombre beaucoup plus lourd, à savoir 79 décès parmi 376 malades. Et la veille, mardi, les autorités locales avaient indiqué à l’agence Reuters que le bilan s’élevait à… 143 morts !

    Le ministre Samuel Roger Kamba Mulamba a donné des précisions ce jeudi. 27 personnes sont mortes de ce même trouble à l’hôpital, dont 10 à cause d’un manque de transfusion, et 44 ont succombé dans d’autres endroits. Soit 71 au total, sous réserve que le décès soit vraiment toujours lié à cette maladie.

    3. Quelles sont les hypothèses possibles ?

    Elles sont nombreuses. Il pourrait s’agir d’un cluster d’une maladie déjà connue, type Ebola, fièvre hémorragique ou grippe virulente. L’hypothèse d’une maladie moins sévère, comme le Covid, paraît peu probable en raison du taux de mortalité très important. Mais elle n’est pas écartée pour autant, la population étant globalement en mauvaise santé et donc plus à risque de forme grave. La piste d’un nouveau virus n’est pas exclue non plus. Quoi qu’il en soit, « on peut parler de maladie respiratoire, car les gens décèdent d’une détresse respiratoire sévère », avance le ministre Samuel Roger Kamba Mulamba.

    Le mystère est d’autant plus difficile à percer que « la RDC est l’un des plus pauvres pays de la planète mais aussi l’un des spots les plus chauds d’émergence épidémique », indique l’épidémiologiste Antoine Flahault. Il est celui le plus touché par le mpox (ex-variole du singe) depuis un an, par exemple. Faute de moyens (dépistage, prévention, etc.) et sans un système de santé développé, il est compliqué voire impossible d’identifier rapidement le pathogène en cause.

    4. Que font les autorités de santé ?

    Un médecin, trois épidémiologistes, un responsable de laboratoire et plusieurs experts ont été dépêchés sur place aussitôt l’alerte reçue fin novembre, a indiqué Samuel Roger Kamba Mulamba. L’accès étant difficile, ils ont mis deux jours à arriver. Un premier bilan consolidé a donc été annoncé mardi 3 décembre.

    L’Organisation mondiale de la santé nous indique ce jeudi avoir dépêché sur place une équipe « pour recueillir des échantillons en vue d’une analyse en laboratoire ». Relancée pour savoir quand les résultats pourraient être connus, l’agence n’était pas en mesure de nous répondre. Le gouvernement de RDC les espère d’ici à la fin de la semaine.