Un troisième influenceur algérien interpellé à Montpellier
Il pourrait s’agir de « Doualemn », un influenceur qui habiterait à Montpellier, visé par des signalements du maire de la ville et du préfet de l’Hérault.

Après Zazou Youcef à Brest et Imad Tintin à Échirolles, un troisième influenceur algérien a été interpellé dimanche, a annoncé le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau.
« Merci aux services de l’État, aux magistrats et aux forces de l’ordre qui ont permis la localisation et l’arrestation ce soir de cet individu », indique-t-il sur son compte X, relayant un tweet du journal Valeurs Actuelles.
Merci aux services de l’Etat, aux magistrats et aux forces de l’ordre qui ont permis la localisation et l’arrestation ce soir de cet individu.
— Bruno Retailleau (@BrunoRetailleau) January 5, 2025
Ne rien laisser passer. https://t.co/FL3fXBrruD
Le maire de Montpellier et le préfet de l’Hérault avaient signalé samedi à la justice la publication sur le réseau social TikTok d’une vidéo de cet influenceur résidant à Montpellier, dans laquelle il appelait à la violence contre un manifestant algérien anti-régime.
C’est un internaute qui se présente comme un activiste politique algérien réfugié en France, Chawki Benzehra, qui a alerté sur les propos de cet influenceur, « Doualemn », suivi par plus de 138 000 personnes sur TikTok, dénonçant « appel au meurtre, apologie de la torture, propos antisémites ». Une source policière indique qu’il est connu de la justice mais pas du renseignement territorial.
« Les Algériens, attrapez cet individu et tuez-le »
Selon lui, cet homme, qui habiterait à Montpellier et serait « célèbre au sein de la communauté algérienne du sud de la France », s’est adressé dans une vidéo à des personnes qui avaient voulu manifester contre le régime algérien le 1er janvier dernier.
Toujours selon cet activiste, l’influenceur s’en prend alors à un « jeune militant », dont une vidéo aurait été partagée par « une personne du nom de Cohen ». « Les Algériens, attrapez cet individu et tuez-le. Car Cohen a partagé sa vidéo », lance en arabe « Ami Boualem » dans un extrait vidéo sous-titré en français. « On ne peut plus attendre mes frères. (…) Vous les Algériens, qui êtes en Algérie, vous devriez vous occuper de lui. C’est notre pays », poursuit-il, visiblement en colère, face à la caméra.
Dans un second extrait, l’influenceur affirme que « les policiers ont reçu des pinces » : « Quand ils attrapent quelqu’un, il n’ira pas en prison, ils lui arracheront tous ses ongles et appelleront les hôpitaux si quelqu’un se présente avec les ongles arrachés. Ne le soignez pas, laissez-le souffrir », enjoint-il.
Pour Chawki Benzehra, qui a expliqué à l’AFP être un opposant algérien réfugié en France après avoir pris part aux manifestations prodémocratiques contre le pouvoir en 2019, la vidéo se fait l’écho d’un « antisémitisme galopant » qui monte en puissance selon lui actuellement en Algérie. « Dîtes-vous que cet individu qui tient ces propos et se délecte dans la description d’actes de torture enregistre ses vidéos dans le centre-ville de Montpellier », poursuit-il.
Un troisième influenceur interpellé en trois jours
Ce nouveau signalement s’inscrit dans la lignée de démêlés judiciaires de deux autres influenceurs algériens. Vendredi, Youcef A., alias « Zazou Youcef » sur les réseaux sociaux, a été interpellé à Brest et placé en garde à vue pour apologie d’acte de terrorisme et provocation à la haine et à la violence, après avoir appelé « sa communauté à commettre des attentats en France », selon le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau.
Un autre influenceur qui lui a apporté son soutien, Imad Tintin, alias « Bledar de luxe » en ligne et quant à lui résident à Grenoble, a lui aussi été placé en garde à vue samedi, pour « menaces de mort matérialisées par écrit, image ou autre objet, commises en raison de la race, l’ethnie, la nation ou la religion ». Il devait être présenté à un juge dimanche en vue d’une comparution immédiate lundi pour « provocation directe à un acte de terrorisme », a indiqué le parquet.
Des propos « insupportables », d’une « violence absolue »
« On ne peut pas admettre que sur notre territoire, quelle que soit la nationalité des influenceurs, on ait des propos de haine et d’appel au meurtre sur notre territoire, ce n’est pas possible », a réagi sur LCI lundi matin la porte-parole du gouvernement Sophie Primas.
🗣️ "On ne peut pas admettre que sur notre territoire, quelque soit la nationalité des influenceurs, on ait des propos de haine et d'appel au meurtre, ce n'est pas possible" : @sophieprimas pic.twitter.com/I7zH47m1ZZ
— LCI (@LCI) January 6, 2025
Interrogée sur l’incarcération de l’écrivain Franco-Algérien Boualem Sansal en Algérie pour atteinte à la sûreté de l’État, sur fond de tensions entre Paris et Alger, elle a estimé qu’on « ne peut pas comparer » ces arrestations, distinguant nettement les propos de l’auteur, critique du pouvoir algérien, et de ces trois influenceurs, qui ont eu un discours d’une « violence absolue ».
Elle a fustigé à nouveau des « appels au meurtre sur notre territoire, ce qui, dans la bouche de n’importe quel influenceur, qu’il soit Algérien, d’une autre nationalité ou Français, est juste insupportable et doit faire l’objet d’arrestations ». « Je veux le dire à nos compatriotes algériens qui vivent en France : il n’y a pas de commune comparaison » avec le cas de Boualem Sansal, a-t-elle encore appuyé.